Les Pervers Narcissiques

Pour bien comprendre ce que sont les pervers narcissiques et leur fonctionnement, je vous conseille de vous rendre en premier lieu sur l’article précédent qui explique les bases de la structure perverse.

Dans cet article en trois parties, je vais vous expliquer quelles sont les spécificités cliniques et psychopathologiques du pervers Narcissique, nous étudierons un cas clinique par le biais de Fletcher, le chef d’orchestre pervers narcissique de l’extraordinaire film de Damien Chazelle : Whiplash, et enfin je vous donnerai les bases de la « self-défense psychique » pour vous défendre face aux pervers narcissiques !

Reprenons très rapidement les bases de la perversion :

  • Relation d’objet anaclitique
    Ce qui veut dire que le rapport à l’autre est du côté de la dépendance, du besoin impérieux de l’autre pour vivre ou se sentir exister ET que l’autre ne sera pas considéré comme une personne ou objet total mais un objet partiel qui a uniquement pour fonction d’être utile au sujet pervers.
  • Un mécanisme de défense principal qui est le Déni
    Nous avions donc vu à quel point le pervers ne voulait pas accepter une partie du réel, un manque qui lui est insupportable
  • Le clivage du moi
    Pour fonctionner face et avec l’autre, le pervers va cacher une part de lui en ayant une partie tout à fait adaptée voire, sociable ET une partie complètement séparée qui assouvie d’abord et avant tout ses pulsions et désirs sans se soucier d’autrui.

Et bien chez le PERVERS… NARCISSIQUE nous avons tous ces éléments de la perversion ET ceux plus spécifiques d’un trouble majeur de la personnalité narcissique !

Pour le psychiatre Alberto Eiguer, la perversion narcissique allie 2 éléments : la destructivité et la compromission d’une autre psyché, ce qu’il appelle l’ « extraterritorialité », le sujet cherche la « résolution externe de ses conflits internes« .

Vous voyez que c’est très anaclytique comme fonctionnement, il s’appuie clairement sur l’autre dans un rapport de dépendance / manipulation / voire harcèlement. Alberto Eiguer nous parle encore de forme de perversion morale là où pour d’autres perversions il va souvent s’agir de perversion sexuelle. Il ajoute que c’est « une extrême du narcissisme« .

Pour les pervers narcissique, on peut vraiment penser que l’objet dont il sont castrés, ce qui leur manque, ce qui leur est absolument insupportable, c’est l’estime véritable de soi.

Ils ont une très mauvaise image de soi, vraiment négative. Du coup, Si le pervers narcissique fonctionne sur du déni, du clivage du moi, une angoisse de castration et un rapport d’objet anaclitique… Qu’est-ce que ça peut impliquer comme comportement défensif ?

1 – Déni :
Il va nier sa mauvaise estime de lui, grâce au déni, il va justement montrer une grande confiance en lui, il confond son moi idéal avec l’image du moi, ce qui peut donner lieu à des pensées, des discours et des positionnements mégalomaniaques.

Il est dans le déni de ses propres difficultés, de sa culpabilité, de ses peurs et angoisses.

Comme nous le présentions dans l’article précédent, le pervers a un fonctionnement très infantil. Donc comme dans une cours de récréation, nous avons affaire à un enfant qui nous dit : « C’est pas moi, même pas peur et même pas vrai !« 

2 – Clivage du moi :

Comme déjà évoqué, le pervers déni une part du réel tout en en ayant conscience.

Donc pour tenir face à cette image de soi extrêmement blessée, le pervers narcissique a une partie qui pourrait accepter que oui, il a une blessure narcissique profonde mais « NON, je ne veux pas le voir et je vais agir comme si ce n’était pas le cas« .

Il va donc plutôt mettre en avant sa partie de l’idéal du moi, se poser en référence, en « être non castré » ou parfait et sans manque si vous préférez et rares seront celles et ceux qui auront accès à l’autre partie clivée du moi.

C’est un secret extrêmement bien gardé.

Ce clivage du moi va également jouer sur un aspect assez technique des défenses du moi : La projection.

La projection est une défense typiquement névrotique qui signifie le fait qu’une pensée, une émotion ou un acte que je ne tolère pas en moi, je le projette chez l’autre. C’est pourquoi avec le pervers narcissique tout ce que l’autre fait est volontaire et mal intentionné.

(c’est une déformation du réel)

« Si je suis en retard ce n’est absolument pas de ma faute mais parce que ce matin tu ne m’as pas préparé mon café, j’ai perdu du temps car tu es trop égoiste pour avoir pensé à moi !« 

La projection est la défense qui rend compte de ce qu’évoque le Docteur Eiguer quant à la résolution externe des conflits internes.

3 – Angoisse de perte d’objet :

Elle se situe vraiment autours du narcissisme. « J’ai une blessure narcissique très profonde mais je tente par tous les moyens de la restaurer« .

Ce qui est insupportable au pervers narcissique c’est de voir que l’autre ait une bonne image de soi, une joie de vivre, que ce soit une bonne et belle personne.

Et Ça, ça pointe très exactement ce qui lui manque. C’est lui montrer ce qu’il convoite, lui montrer quelque chose qu’il n’a pas et qu’il cherche pourtant coûte que coûte de tout son être. Il le cherche et en même temps fait croire qu’il l’a qu’il possède cette bonne image face à quiconque.

C’est là que se situe parfois le délire de grandeur, il s’invente une place supérieure pour ne pas voir à chaque fois que cette place est fausse ou perdue.

Symboliquement, on peut représenter comme « fétiche« , ce serait un peu le narcissisme des autres qu’il souhaite démolir pour l’en ôter lui aussi ou mieux, se le procurer. Ce qui nous amène très logiquement à la

4 – Relation analclitique :

Les pervers narcissiques vont obligatoirement avoir besoin d’un autre pour se sentir exister, tâcher de se faire idolâtrer, pour le mettre plus bas que terre et ainsi se sentir au dessus. L’autre est son objet par lequel il va obtenir jouissance.

Dans la littérature, il y a un terme qui revient beaucoup et qui est tout à fait significatif, c’est le fait de vampiriser. Comme un vampire, le pervers narcissique ne peut vivre sans un autre qui le nourrit. Si le vampire ne boit pas le sang de ses victimes, il meurt, pour les pervers narcissiques c’est pareil. Si l’autre n’est pas là pour lui fournir ses qualités, accepter la culpabilité, la faute ou être le mauvais objet à sa place, le pervers narcissique s’effondre et s’efforcera de trouver un nouveau complice.

Oui je parle de « complice » et non pas de victime tout comme l’évoque Alberto et vous comprendrez mieux pourquoi à la fin de cet article…

 

5 – Le respect des règles :

Pour le pervers narcissique comme pour le pervers, le rapport à la loi est problématique. Mais celui-ci va très souvent chercher à faire entendre que la loi est stupide, inutile voire, néfaste.

C’est très spécifique de ce fonctionnement. SA règle À LUI est mieux puisqu’elle est plus intelligente, plus logique. Mais ça ne prend en compte que son point de vue et ses bénéfices personnels.

Il va donc toujours dépasser des règles sociales ou judiciaires. Mais pas pour se faire prendre et punir non. Juste suffisamment pour que s’il se fasse prendre, il ait un simple rappel à l’ordre ou aucune possibilité de payer le prix fort de ses actes. C’est un don. Ces gens connaissent les lois par coeur ainsi que tous les vides juridiques dans lesquels évoluer.

Étude de cas

Essayons à présent de repérer ces 5 critères ainsi que d’autres manifestations significatives dans une étude de cas à travers le personnage de Fletcher dans le film Whiplash :

Comment Agir face à un pervers narcissique ? 

Comme évoqué plus tôt, vous avez vu que j’ai préféré employer le terme de « complice » du pervers narcissique plutôt que de « victime » car il faut savoir que certaines structures de personnalité sont plus propices à ce qu’un pervers narcissique se serve d’eux comme objet. Attention, cela ne veut pas dire que le ou la complice doive t-être culpabilisé et le pervers narcissique disculpé de ses actes. NON. Cela veut dire que plutôt que d’adopter une position passive de victime qui n’apporte rien de bon, analyser en quoi est-ce que l’on a pu être complice des abus de l’autre peut nous permettre d’être actif, moteur des changements que l’on va décider d’opérer, pour se sortir de cette emprise.

Donc qu’est-il possible d’analyser, de conscientiser, de mettre en place pour prendre le dessus sur une personnalité perverse narcissique ? Est-ce que ça m’appartient ou est-ce lui qui me le projette dessus ? C’est à dire est-ce que j’ai vraiment quelque chose à voir avec ce qu’il me reproche ou c’est de son problème dont il s’agit ?Le pervers narcissique ne reconnait rien de négatif en lui donc il le projette. En relevant ce qui n’a rien avoir avec moi, je conserve MA limite et pas la sienne.

  • Cela est particulièrement vrai au travail. Lorsqu’un supérieur hiérarchique fait le gentil, vous tutoies et demande à ce que vous le tutoyez également, rentre dans le domaine privé et personnel… Si c’est un pervers narcissique, il saura utiliser tout cela pour un bon retour de manivelle. En restant dans votre limite et pas celle du pervers narcissique, vous vous protégez de ce qu’il pourrait garder en mémoire pour vous mettre en situation délicate et plus tard, vous faire passer pour le mauvais objet.
  • Ne pas partager ses failles
    Comme avec Fletcher dans notre cas clinique, le pervers narcissique sait reconnaitre les failles chez les sujets, c’est un excellent observateur. Il trouvera vos failles pour les mettre au grand jour et ainsi se mettre en position de force. Ne lui facilitez pas la tâche, ne lui donnez pas le bâton pour vous faire battre, faites passer vos erreurs et failles sous silence.
  • Notez les actes et paroles qu’il fait ou dit pour le mettre face à lui même lorsqu’il s’en défend.
    En tant que bon objet, pur et parfait, le pervers narcissique à horreur qu’on le mette à défaut. En général, lui pointer quelques fois objectivement ses manipulations et erreurs peut le faire fuir,  car soulever ses défauts vient percuter son déni et son clivage du moi donc il est probable que ce soit lui qui décide de vous évincer de sa vie.
  • Couper la relation.
    L
    a relation anaclitique dont nous avons beaucoup parlé rend les pervers narcissiques et leur complice comme un toxicomane et son produit. Donc le manque, la perte de SON objet est insupportable. Et Là, le pervers narcissique va mettre « tapis » et va se montrer plus pervers que jamais avec beaucoup de chantage affectif, mais il faudra tenir bon.Il va bientôt déprimer très fort et angoisser. Jusqu’à trouver un nouveau complice avec qui se sentir à nouveau exister.
  • Faire appel à un tiers.
    La relation est duelle et c’est donc noir ou blanc, vrai ou faux, il n’y a pas de demi-mesure. C’est l’autre qui a tort. Point barre. En faisant appel à une tiers personne, ça donne l’opportunité que l’on rassure le complice ou la victime sur le fait qu’il ne soit pas le mauvais objet. Le discours du pervers est entaché de doute et cela est bon pour tout le monde.
  • Faire appel à un professionnel.
    Et bien oui, pour analyser une situation dans laquelle on s’est embourbé inconsciemment ou parce que l’autre à été très fino, il est intéressant de venir analyser se qui se passe.Repérer les répétitions, les enjeux d’une relation et enfin trouver des actions que l’on souhaite mettre en place pour créer de nouvelles conséquences.

Si vous souhaitez plus de conseils et méthodes pour faire face à cette personnalité pathologique, je vous laisse ci après des sources très utiles : 

– P.-C. Racamier, Les perversions narcissiques (2012) Payot : https://amzn.to/2ys1UEx
– H. Vecchiali, Mettre les pervers échec et mat (2014) Marabout : https://amzn.to/2wWzuSF
– H. Searles, L’Effort pour rendre l’autre fou (2003) Folio : https://amzn.to/3brV7tc
– J.-C. Bouchoux, Les pervers narcissiques: Qui sont-ils ? Comment fonctionnent-ils ? Comment leur échapper ? (2014) Pocket : https://amzn.to/2RRAIG4
– S.Freud, Névrose, psychose et perversion (2010) PUF : https://amzn.to/2KoXBww
– A. Eiguer, La perversion narcissique, un concept en évolution – Dans L’information psychiatrique 2008/3 (Volume 84), pages 193 à 199 : https://www.cairn.info/revue-l-inform…
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Thérapies à distance

La perversion

Sur cet article, vous allez trouver les bases qui vont être énoncées pour comprendre (dans un autre article) ce que sont les perversions narcissiques.

Je vais tâcher de vulgariser au maximum ce concept mais c’est un sujet vraiment très, très complexe…

Dans ce court article nous allons donc voir ce qu’est la perversion, quelles sont ses principales manifestations – pour le sujet pervers mais aussi pour son entourage, et nous illustrerons tout ça à l’aide de Jame Gumb aka « Buffalo Bill » le tueur pervers du silence des agneaux.

Qu’est-ce que c’est la perversion ?   

La perversion dans le Larousse est définit comme :

– L’action de corrompre une personne saine ou vulnérable,

  • La déviation des tendances normales (vous m’expliquerez ce qu’est la norme ça m’intéresse),
  • Et seulement en troisième définition : Pratique érotique d’un sujet dont les actes sont considérés comme immoraux ou antisociaux.

Vous constatez donc que, déjà dans le dictionnaire de la langue française, lorsqu’on parle de perversion on aborde 3 choses : La corruption d’un être, la déviation de la norme et le caractère sexuel.

En psychologie on va se décaler un petit peu de l’aspect normatif et de la bien-pensance pour donner à la perversion non plus un jugement de valeurs diabolisant comme cela à historiquement beaucoup été le cas, mais une lecture clinique et psychopathologique de cet agencement psychique.

On va donc avoir dans la perversion un rapport d’objet particulier, une angoisse et des défenses psychiques spécifiques.

La perversion fait partie des États-limites ou « Border-line » c’est à dire une astructuration entre la névrose et la psychose : Le sujet se situe DANS et À LA LIMITE des névroses et psychoses. Il peux puiser dans les défenses névrotiques comme psychotiques.

L’expression de la structure Borderline va se reconnaitre avec des manifestations majeures d’angoisse de perte d’objet, le symptôme principal en est la dépression et la relation d’objet est anaclitique, ce qui veut dire que le rapport à l’autre est du côté de la dépendance, de besoins impérieux d’un autre pour vivre ou se sentir exister.

Mais chez le pervers plus spécifiquement, Voici ce que nous allons principalement retrouver :

Un mécanisme de défense principal de Déni c’est à dire que le sujet refuse de reconnaître la réalité d’une perception traumatisante tout en la reconnaissant (d’une certaine manière).

Une relation d’objet anaclitique comme évoqué plus haut ce qui veut dire que l’autre ne sera pas considéré comme une personne ou objet total mais un objet partiel qui n’a pour fonction uniquement d’être utile au sujet pervers.

Pour bien comprendre, ouvrons une parenthèse :

(Freud parle pour le bébé de « pervers polymorphe » cela veut dire deux choses : le plaisir sexuel est auto-centré il est vers soi et pas vers un autre ET il passe par d’autres zones que les zones génitales pour accéder au plaisir. Les pieds, la bouche, l’anus, la peau, etc. C’est un objet partiel où se fixe la libido et cela peut aller se symboliser à travers un objet réel comme c’est le cas dans le cas du fétiche )

Partant de ce principe, vous comprenez que le pervers est soit en régression, soit en fixation sur ce rapport au plaisir infantile (ce qui est normal dans le développement psycho-affectif chez l’enfant mais plus à l’âge adulte).

Du coup, Le problème face à une personnalité perverse c’est sa propension à utiliser l’autre comme simple objet de jouissance et de satisfaction. Il ne se préoccupe pas de ce que cela lui fait vivre, de quel serait son plaisir.

Là où pour le névrosé, accéder à une sexualité génitale – ce qui très grossièrement suppose de se préoccuper du désir et du plaisir de l’autre – le névrosé donc, prend en compte l’autre, peut le respecter et peut être en empathie avec lui. Pour le pervers, c’est sa jouissance personnelle qui prime sur le reste. C’est très infantile comme fonctionnement, donc c’est problématique chez l’adulte.

Autre point fondamental à aborder : le clivage du moiLe clivage du moi est le résultat d’une grande détresse chez le sujet. Comme nous l’avons dit plus tôt, un aspect du réel lui est insoutenable, il va donc nier ce réel. Mais en même temps… une partie de lui le sait.

En l’occurence, je vais résumer et vous faciliter la chose en vous disant que le pervers sait qu’il manque quelque chose dans le réel, que l’objet qu’il avait au départ idéalisé comme complet, parfait, immaculé est en fait manquant, défaillant, ne détient pas la toute puissance qu’il avait imaginé…

Et ÇA ! ÇA LE REND MALADE ! Le clivage du moi permet d’être dans le déni de ce manque et de chercher ce qui va venir combler, cacher, remplir ce manque !
Si on parle de manque, on doit parler de castration, c’est à dire de ce qui vient couper le sujet de sa pleine jouissance, ce qui vient se mettre en travers de l’accès parfait et illimité au plaisir et à l’objet de désir.

Quoi de mieux que la loi pour symboliser cette castration ? Quoi de mieux que l’interdit pour empêcher un sujet de jouïr sans entrave ??? Et bien justement ! Le pervers, la limite il s’en joue constamment !
Sa loi, ses règles, prévalent toujours sur les interdits et lois du commun des mortels. C’est un peu comme s’il se disait que votre castration il vous la laisse, lui, il mérite mieux que ça !

Etude de cas

Nous avons énoncer de nombreux aspects théoriques donc je vous propose à présent de profiter du cas de Jame Gumb (Buffalo Bill dans le silence des agneaux) pour passer à la pratique et que vous sachiez mieux repérer une structure perverse. Illustrons tout ça en vidéo :

À présent je pense que vous avez une bonne idée de ce qui caractérise la perversion au sens psychologique du terme. Mais n’oubliez pas qu’il est tout à fait possible de travailler sur ce que nous font vivre les pervers afin de ne plus en être les victimes de prêt ou de loin.
Pour se faire n’hésitez pas à consulter un thérapeute diplômé ou un psychologue… Et pourquoi pas grâce aux consultations à distances ?!?! 😉

Jérémie Gallen,
Psychologue et psychothérapeute en ligne

Sources :

– P.-C. Racamier, Les perversions narcissiques (2012) Payot : https://amzn.to/2ys1UEx

– H. Vecchiali, Mettre les pervers échec et mat (2014) Marabout : https://amzn.to/2wWzuSF

– H. Searles, L’Effort pour rendre l’autre fou (2003) Folio : https://amzn.to/3brV7tc

– J.-C. Bouchoux, Les pervers narcissiques: Qui sont-ils ? Comment fonctionnent-ils ? Comment leur échapper ? (2014) Pocket : https://amzn.to/2RRAIG4

– S.Freud, Névrose, psychose et perversion (2010) PUF : https://amzn.to/2KoXBww

– A. Eiguer, La perversion narcissique, un concept en évolution – Dans L’information psychiatrique 2008/3 (Volume 84), pages 193 à 199 : https://www.cairn.info/revue-l-inform…

#troubledelapersonnalité #perversion #psychologie

 

L’attaque de panique (ou crise d’angoisse aiguë)

Une Attaque de Panique, c’est quoi ?

Crise de tétanie, crise d’angoisse, crise de spasmophilie…

Beaucoup de noms pour cette expérience qui ne peut clairement pas être traduite avec des mots et celles et ceux qui l’ont déjà vécu savent à quel point c’est vrai.

Le DSM 5 tente quand même d’en dire quelque chose avec comme à son habitude une liste de symptômes dont l’expression de au moins 4 symptômes de cette liste indiquent une attaque de panique :

  1. Palpitations, battements de cœur ou accélération du rythme cardiaque.
  2. Transpiration.
  3. Tremblements ou secousses.
  4. Sensations d’essoufflement ou d’étouffement.
  5. Sensation d’étranglement.
  6. Douleur ou gêne thoraciques.
  7. Nausées ou gêne abdominale.
  8. Sensation de vertige, d’instabilité, d’étourdissement, ou de faiblesse.
  9. Frissons ou sensations de chaleur.
  10. Paresthésie (c’est à dire des engourdissements ou picotements).
  11. Déréalisation (c’est à dire un sentiment d’irréalité) ou dépersonnalisation ( l’impression d’être détaché de soi).
  12. Peur de perdre le contrôle ou de « devenir fou ».
  13. Peur de mourir.

J’attire votre attention sur le fait que sur les 13 signes de l’attaque de panique, 10 sont des ressentis somatiques, qui passent par le corps…

Et seulement 3 qui traduisent d’une expérience émotionnelle ou psychologique.

C’est pourquoi quand certains patients ont un trouble panique (c’est à dire des attaques de panique récurrentes) leurs proches les pensent souvent hypochondriaques.

Ce qui est faux.

Les ressentis qui vous font si peur sont réels et vous n’êtes pas fou.

Il faut donc nommer l’expérience pour ce qu’elle est : c’est une crise de panique. Cela réduit, voire, élimine les autres pensées hypochondriaques.

C’est transitoire ! Donc acceptez-le ! Acceptez non pas que vous allez mourir ou devenir fou mais acceptez que vous vivez une manifestation anxieuse transitoire. C’est extrêmement désagréable, c’est une très forte peur, c’est douloureux, mais ça ne dure que quelques minutes.

C’est une vague, un tsunami plutôt, quand on a à le vivre mais c’est un vécu transitoire. Ça finit toujours par se retirer. Ça n’entraine ni décompensation psychiatrique, ni la mort.

Je le répète, on ne peut pas mourir d’une attaque de panique ! 

Ce qui pose ensuite problème ce ne sont pas les éventuelles récurrences de crises… C’est l’idée que cela recommence !

L’idée que cela puisse revenir créé une anxiété suffisante pour ressentir une tachycardie, un souffle court, ou une sensation d’étranglement…

Tout ce qui rappelle la crise d’angoisse ! Cela va donc nourrir la peur, ce qui nourrit les sensations anxieuses,  ce qui va aggraver le stress, ce qui va augmenter les sensations et donc… pourquoi pas, déclencher une nouvelle attaque de panique.

Vous comprenez donc que face à ce cercle vicieux, il est important que les pensées soient plus fortes que les émotions (ce qui s’apprend) mais il faut aussi aller chercher le sens de ce que votre inconscient souhaite vous communiquer.

Si vous ne comprenez pas quel est ce qui vous fait angoisse, vous pouvez très probablement généraliser l’angoisse à des stimulations et causes fausses et qui n’ont strictement rien à voir avec votre angoisse intime. Si ce n’est pas lié à une angoisse à proprement parlé, un conflit inconscient peut aussi en être à l’origine.

Car oui, une attaque de panique peut survenir à n’importe quelle occasion mais n’est pas exactement liée à ce qui se passe dans l’environnement direct. L’inconscient fait un lien particulier, symbolique, entre ce qui se passe dans le réel et une angoisse ou conflit que l’on parvient normalement à refouler, c’est à dire à garder en dehors du champ conscient.

Cela mérite une petite précision :

L’attaque de panique est différente de la phobie !

Rappelez-vous, une angoisse n’a pas d’objet, la peur, elle, est fixée sur un objet. La phobie est la peur d’un objet ou d’une situation, l’angoisse semble une peur diffuse sans objet.

Pour en savoir plus, je vous renvoie vers la vidéo faite en collaboration avec psychorama sur « Peur et Angoisse ».

Dans l’attaque de panique, nous ne sommes pas face à une peur liée à une situation ou un objet anxiogène, l’attaque de panique ou crise d’angoisse semble surgir de nul part.

Je dis bien semble, parce que lorsqu’on travaille en thérapie avec une personne qui a subit une attaque de panique, on fini dans la grande majorité des cas à percevoir l’angoisse inconsciente qui est à l’oeuvre chez le sujet, la peur qui est aussi inconsciemment liée à cette angoisse et généralement on parvient a faire un lien avec ce que la personne était en train d’effectuer. 

Étude de cas

Pour comprendre cela, je vous propose de voir en vidéo ce que peuvent être des attaques de panique grâce au personnage de Tony Soprano, qui lui, en est au stade du trouble panique :

 

Les Facteurs de risque de l’attaque de panique :

  • le stress
  • Un traumatisme
  • Des cas de trouble panique dans la famille
  • La consommation d’excitants, voire parfois de toxiques

Comment aller mieux ?

  • Nommer la crise, ne pas partir sur des pensée d’accès à la folie, crise cardiaque ou autre
  • Demander de l’Écoute et du soutien au moment de la crise,

Mais quoi qu’il arrive, le mieux c’es de tâcher de se rassurer soi-même ! Et pour apprendre à se rassurer soi-même, comprendre véritablement à quoi les angoisses et conflits sont liés il faut suivre une thérapie. Enfin, il est toujours possible d’avoir recours à des anxiolytiques mais ce n’est pas mon domaine.

  • Mettre du sens sur ce que vous ressentez physiquement , savoir que vous ne devenez pas fou, que vous ne faites pas une rupture d’anévrisme ou un cancer du colon, non, vous faites une attaque de panique qui vous fait vivre des sensations de peur panique et ça met le bazar dans vos ressentis corporels.

Mettre du sens sur ce qui vous fait réellement peur ou ne vous convient pas dans votre vie et pas dans ce que vous étiez en train de faire.

Il n’y a qu’un lien symbolique avec ce que vous faisiez lors de votre première attaque de panique, pas un lien réel.

– Il faut laisser transiter la crise, la laisser nous traverser en cherchant à analyser non pas les ressentis mais les pensées refoulées qui tentent de se manifester. Les décisions ou les actes que nous n’avons pas encore fait, ce que nous redoutons qu’il puisse se passer dans notre vie.

Analyser et faire un pas de côté permet de ne pas se dire que ça va rester que ça va être pire.

Rappelez-vous ! C’est une vague. Les vagues vont et viennent avec différentes fréquences, avec différentes intensités, mais repartent toujours.

– C’est une crise émotionnelle et non pas logique, donc dire à quelqu’un en pleine crise « c’est pas grave, ça va aller » ne fait rien face aux sensations et émotions extrêmement effrayantes et douloureuse.

Il vaut mieux lui dire quelque chose du style : « oui, je comprends, ça te fais peur, mais respire, écoute le son de ma voix et dans quelques minutes toutes ces sensations vont diminuer puis disparaitre ».

Une crise d’angoisse, ça fait clairement trauma pour la personne. Mais lorsque l’on vie un trauma qui est lié à une expérience externe, c’est très différent que lorsqu’on vie un trauma lié à une expérience interne.

– Faire un travail de conscientisation, de méditation de pleine conscience pour être dans l’ici et maintenant et non pas se laisser happer par le vécu émotionnel. Je conseille également l’auto-hypnose qui est une pratique qu’il faut apprendre à faire auprès d’un hypnothérapeute mais c’est vraiment un excellent outil pour diminuer l’information corporelle ou la circonscrire.

Car oui, une des méthodes que j’apprécie particulièrement en auto-hypnose face à une crise d’angoisse c’est celle qui permet de percevoir l’attaque de panique simplement comme un bouquet d’informations, informations dont on va baisser le volume comme on le fait pour le son d’une télévision à l’aide d’une télécommande.

Jérémie Gallen,
Psychologue clinicien et psychothérapeute en ligne

 

Sources :

  • C. André, Psychologie de la peur : Craintes, angoisses et phobies (2004) Odile Jacob : https://amzn.to/3bXnYW3
  • M.-F. et E. Barret de Coquereaumont, J’arrête d’avoir peur !: 21 jours pour changer (2014) Edition Eyrolles : https://amzn.to/2wjGIzM
  • R. Baker, Les crises d’angoisse : Les comprendre pour mieux les maîtriser (2001) Empreintes : https://amzn.to/2Xgpezl
  • G. Nardone et E. Bozzi, Vaincre les attaques de panique : Grâce à la thérapie brève stratégique (2019) Enrick Editions : https://amzn.to/2RnFA5I
  • https://www.youtube.com/redirect?q=https%3A%2F%2Fwww.cochrane.org%2Ffr%2FCD011004%2FDEPRESSN_psychotherapies-pour-le-traitement-du-trouble-panique-avec-ou-sans-agoraphobie&event=video_description&v=peYyDxqNYHM&redir_token=NyrS_c3BoaGof50GnB13_UG8PYR8MTU5Mzg1OTI3OUAxNTkzNzcyODc5