L’interprétation en thérapie

Après une définition de ce qu’est l’interprétation en psychothérapie, nous allons voir si elle est propre à la psychologie, comment et sur quoi s’appuie une interprétation fiable et pertinente et surtout a-t-elle une valeur thérapeutique pour les patients ?

Tout au long de ce questionnement, je vais illustrer chaque point grâce au film Watchmen de Zack Snider car vous allez voir comment nous allons y rencontrer différentes interprétations, différentes ré-interprétations et les conséquences que cela va avoir pour les protagonistes. 

Qu’est-ce que l’interprétation ?

Pour le Larousse, « Interpréter » c’est expliquer, ou donner un sens à un discours ou un récit.Pour ma part, j’avance dès à présent une première subtilité à cette définition pour qu’elle s’applique davantage à la définition psychologique de l’interprétation : Il ne s’agit pas tant de « donner » un sens, mais de « prêter » un sens.Cette précision est fondamentale et nous en reparlerons plus tard, mais je veux dès à présent casser le caractère définitif que pourrai revêtir l’interprétation en rappelant qu’elle n’est toujours qu’hypothèse.

Si l’on se réfère au « Vocabulaire de la psychanalyse » de Laplanche et Pontalis on trouve la définition suivante :

Dégagement, par l’investigation analytique, du sens latent dans le dire et les conduites d’un sujet. L’interprétation met à jour les modalités du conflit défensif et vise en dernier ressort le désir qui se formule dans toute production de l’inconscient.

Dans la cure, communication faite au sujet et visant à le faire accéder à ce sens latent selon les règles commandées par la direction et l’évolution de la cure. 

Cela pose plusieurs bases importantes de l’interprétation :

l’interprétation ne doit pas sortir de nul part, mais bien d’une investigation précise et fondée, par l’analyse des manifestations concrètes du conflit psychique

Son moyen est de traduire un fait que le sujet n’a pu traduire par lui-même sur ses motivations, fantasmes et désirs propres

Son but est d’ouvrir un nouveau champ des possibles pour faire progresser la cureOn constate donc que l’interprétation à plusieurs valeurs, dont celle de respecter une méthodologie stricte et d’avoir une vertu thérapeutique.
On verra ça un peu plus loin en détail mais si une interprétation n’a pas ces deux valeurs minimum, autant se taire.
Par conséquent, Cela m’amène à deux idées reçues sur l’interprétation en psychanalyse :Un, elle ne peut être fréquente, car elle répond à une technique précise et qui ne se produit pas toutes les trois phrases de nos patients… Donc non, le psychologue et le psychanalyste n’interprètent pas à tout bout de champDeuxièmement, nous avons bien plus souvent affaire aux interprétations de nos patients qu’à celles du professionnel

 

Est-ce que l’interprétation est le propre de la psychologie ?

Bien sûr que non, elle est le fait de formuler une hypothèse et en aucun cas une vérité donc elle est appliquée et applicable à toute pratique et rapport humain.Dans le film Watchmen, on peut voir que toute la logique du film tourne autour de l’interprétation. Tout le monde se pose des questions et interprète ce qu’il se passe à la lumière des rares éléments en leur possession- Que ce soit les américains et les russes sur leurs motivations nucléaires
– Les Watchmens sur les motivations du Dr Manhattan
– La population sur le moment de l’apocalypse
– Rorschach sur les motivations du tueur de Watchmen
– Les Watchmen de façon générale interprètent la place qui devrait être la leur dans une société qui les pousse à se cacher et cesser toute activité

Dans une simple discussion, notre cerveau et notre sensibilité se conjuguent sans cesse pour interpréter notre environnement et ce qui nous est adressé. Nous sommes des êtres qui passent leur vie entière à interpréter le monde qui nous entoure pour lui donner un sens et il est constant que face à de nouvelles informations objectives ou subjectives nous ré-interprétions sans cesse ce que nous avions interprété au préalable.

Lorsqu’on se forme à un domaine particulier nous passons d’une interprétation non plus instinctive mais disons professionnelle. Que ce soit un médecin, un architecte, un boulanger, un maçon ou autre, le professionnel part toujours de l’analyse d’un certain nombre de données pertinentes de son domaine pour interpréter et s’adapter à la marche futur à suivre. L’expertise et l’expérience du professionnel vont donc l’amener à échafauder des interprétations de son milieu ou du problème de plus en plus précises mais sans jamais garantir que la première interprétation soit la bonne.

Il devra parfois ré-interpréter la situation pour une solution adéquat.

On voit donc très simplement que interprétations et ré-interprétations sont un outils personnels et professionnels que tout le monde utilise afin de s’adapter positivement à une situation.

Dernier exemple, le plus probant, l’analyse d’oeuvres artistiques. Quelle que soit l’oeuvre, nous savons pertinemment que son analyse et ses interprétations sont le fruit de notre connaissance de ce domaine, de son rapport aux autres productions, de son contexte, des émotions qu’elle suscite en nous et bien d’autres facteurs.

Mais une chose est certaine, je ne peux décemment pas avoir une analyse et une interprétation aussi précise et fondée qu’un critique d’art sur un tableau x ou y. Face à son interprétation de la jeune fille à la perle de Vermeer, je ferai certainement mieux de me taire. Mais disons que face à une interprétation que je porterai à un de mes patients, le critique d’art n’aurait certainement pas son mot à dire.

 

Est-ce que l’interprétation n’est utilisée qu’en psychanalyse ?

Ici encore, la réponse est non.Dans le film Watchmen, même si le personnage de Rorshcach est analysé au moyen de tests projectifs ce qui est à la fois un clin d’oeil et un stéréotype, ce n’est pas l’interprétation du psychiatre qui est la plus intéressante dans le film.Des interprétations plus importantes sont mises en avant et n’ont rien à voir avec de la psychanalyse.

Nous avons affaire à des interprétations
– politiques,
– médicales
– éthiques
– scientifiques et j’en passe

Cependant j’attire votre attention sur deux interprétations personnelles qui sont faites dans le film aussi bien par deux personnages que laissés en suspend pour le spectateur :

Il s’agit de la recherche liée à la filiation du spectre soyeux ET des raisons pour lesquelles Rorschach s’est tant ancré dans un fonctionnement obsessionnel pathologique.

Le psychologue, quelle que soit son orientation théorique, se base chaque jour, à chaque séance, sur son interprétation du matériel clinique à sa disposition. Tout d’abord pour ce qui concerne le diagnostic clinique.
Croire qu’en séance les patients nous énumèrent les signes cliniques du DSM est bien loin de la réalité.

Nos patients montrent quelques défenses, telle ou telle angoisse, tel ou tel rapport d’objet et c’est avec tous ces éléments parfois contradictoires que l’on doit interpréter la question diagnostique. Vous voyez que comme je le disais plus tôt, l’interprétation est davantage de l’ordre d’une hypothèse à valider ou infirmer que d’une vérité définitive.

Après, prenons pour exemple un psychologue cognitivo-comportementaliste, durant son suivi.

Il est dans l’obligation d’interpréter quels sont les liens positifs, neutres ou pathologiques entre pensées, émotions et comportement. Il le fait depuis son interprétation du discours de son patient qui lui même interprète son fonctionnement.

Comme tout psychologue clinicien qui se respecte, le psychologue TCC va donc devoir interpréter, proposer, calibrer, ré-interpréter et réajuster son intervention. En tout cas, quand il fait bien le job…

Parce que là je peux pas m’empêcher de penser aux psys qui disent à l’avance combien de séances il va y avoir à leurs patients, ce qui est la meilleure preuve que le psy en question ne compte certainement pas les écouter mais administrer son protocole de but en blanc quoi qu’il arrive…

Enfin, j’insiste sur ce qui me semble être le point le plus important à prendre en considération : L’interprétation est le plus souvent, l’interprétation du patient.

En tant que psychologue, psychothérapeute ou psychanalyste, nous devons régulièrement remettre en question si ce n’est stopper net certaines interprétations de nos patients qui leur sont délétères. Face à une interprétation complètement erronée qui témoigne seulement de mécanismes de défenses, d’enfermement dans des schémas ou de biais cognitifs flagrants, briser la première interprétation afin d’en faire émerger de nouvelles est primordial. 

 

Sur quelles données s’appuie  une interprétation ?

Dans Watchmen, l’intrigue est similaire à une enquête. L’enquête de Rorschach. En ce sens, elle nous est présentée par son point de vue, or, c’est la 35ème fois que je le dis : « Toutes les vérités auxquelles nous tenons…

À l’instar d’une enquête policière, Rorschach recherche les pistes, les signes et preuves qui vont le mener petit à petit à interpréter des faits, des actes et de façon plus générale, son environnement. Même si a plusieurs moments ses interprétations vont reposer sur quelques biais cognitifs, il finira malgré tout à remanier et ré-interpréter les choses pour parvenir à son coupable…

Son interprétation nous indique donc qu’elle ne se fait pas de façon aléatoire, mais suis une méthodologie, ce qui lui permet de ne pas en faire une certitude, mais un objet mouvant et sensible aux variations des données en sa possession.


Avant de parler de la méthodologie propre à la formulation d’une interprétation solide et pertinente en psychothérapie, il est nécessaire d’aborder le concept de « psychanalyse sauvage ».

Cela renvoi au texte « De la psychanalyse sauvage » de Freud qui en 1910 écrit un court texte riche d’enseignements sur l’interprétation. Dans ce texte, il prend l’exemple d’un médecin ayant donné une interprétation à sa patiente, laquelle s’est tout de suite braquée contre l’interprétation en elle-même et contre son médecin.

Celui-ci aurait selon Freud bafoué les deux règles inhérentes à une bonne interprétation :
– Un, Ne pas attendre que le patient parvienne lui-même à proximité de ce qu’il a refoulé
  Deuxièmement, qu’il n’y ai pas un transfert positif suffisant du patient envers son médecin, ce que l’on peut traduire par le fait que le patient n’a pas eu le temps d’accorder un savoir suffisant à son médecin.

Une interprétation sauvage est donc une interprétation hâtive, qui ne s’appuie sur rien ou pas grand chose et que le patient ne peut sous tendre et lier à des faits objectifs.

Piera Aulagnier, psychiatre et psychanalyste française, parle par exemple de « violence de l’interprétation » et Ester Bick, psychanalyste britannique nous encourage à ne surtout pas « sauter dans des interprétations ».

Vers la fin du texte de Freud sur la psychanalyse sauvage, celui-ci nous rappelle encore « Sans compter du reste que, parfois, on devine faux et qu’on n’est jamais à même de tout deviner ».

Tout cela pour souligner qu’une interprétation est le fruit d’un travail sérieux et méthodique qui se prépare avant d’être prêté à un patient.

L’interprétation en psychologie et en psychanalyse se doit de s’appuyer sur un faisceau de signes cliniques significatifs et objectivants ; d’éléments du langage verbal et non verbal ; d’actes et comportements ; sur des manifestations que le patient perçoit ou tend à percevoir

Sans cela, nous ne sommes pas dans une interprétation mais plutôt une « analyse sauvage »

La méthodologie de l’interprétation est de collecter un certain nombre de données dans le discours, les actes ou projections d’un sujet pour sous-tendre un sens plus profond, moins facile à s’avouer, que l’on rejetterai de prime abord alors que tout dans notre discours et nos actes le clame « haut et fort ». Pour rappel, le patient lui aussi nous donne souvent des interprétations que, pour des raisons éthiques et thérapeutiques, nous devons parfois réfuter.

Collecter les éléments de discours, les manifestations, tous les éléments qui justifient une interprétation et ne la proposer que lorsque le transfert est établi avec un patient proche d’une conclusion similaire, voilà ce qui sous tend une interprétation en séance.

 

Est-ce que l’interprétation est thérapeutique ?

Quand on se pose la question de l’effet thérapeutique de l’interprétation, ça pose la question « quoi d’autre serait thérapeutique » ? Quelles que soient les thérapies le but est toujours le même, notre patient vient avec une représentation du monde qui le fait souffrir, cela impacte ses cognitions, émotions ou comportements c’est à dire un symptôme qui vient pour tenter de rendre la chose plus supportable.Quelle que soit la thérapie, prêter une autre interprétation, qu’elle soit analytique, cognitive, systémique ou comportementale permet au patient de faire ce premier pas de côté vers SA ré-interprétation et SON repositionnement en tant que sujet.

En ce sens, on ne peut pas dire que l’interprétation émanant du psychologue ne soit thérapeutique. Aussi précise et juste soit-elle l’interprétation n’est pas thérapeutique car elle peut s’évaporer ou n’avoir aucune consistance pour le patient. Ce qui est thérapeutique c’est la ré-interprétation du sujet. Lorsque celui-ci prête une valeur à une interprétation, qu’il la laisse venir faire son travail de bousculer la certitude symptomatique.

Là où le film nous éclaire le plus, c’est sur cet aspect purement subjectif de l’interprétation et comment celle-ci peut à la fois être inacceptable, voire, pathologique ou alors, être thérapeutique car elle vient résoudre une problématique interne. Watchmen est fantastique pour illustrer ces deux possibles :

– Lorsque le sens final est dévoilé, Rorschach n’accepte pas d’adhérer à l’interprétation que lui propose de faire OzzyMandias. Il ne peut accepter cette interprétation qui lui est prêtée. Il garde sa souffrance, il garde son symptôme. Rien ne va changer dans la vision qui est la sienne. Cette scène me mets d’ailleurs un énorme doute sur mon hypothèse structurelle de Rorschach, je ne sais pas si on a un obsessionnel de compétition ou un paranoïaque… Les éléments de la scène de fin viennent bousculer mon interprétation première…

– De l’autre côté, nous avons trois personnages différents qui étaient malades au préalable de l’acte d’OzzyMandias, et de l’interprétation qu’ils en avaient. Cette interprétation leur était tout bonnement intolérable… Puis OzzyMandias leur propose son interprétation. Aussi difficile que cela puisse l’être, le Spectre soyeux, le Docteur Manhattan et le hiboux finissent, non sans mal, à accepter cette nouvelle interprétation.

Cela leur fait ré-interpréter leur positionnement et leur vécu. Cela change surtout la façon qu’ils vont avoir de vivre.

On sent leur douleur, l’impossibilité de vivre avec un tel poids s’ils ne viennent pas à bout de ce grand méchant…

Pour finalement l’accepter et très bien vivre leur vie par la suite… Chose dont n’a pas pu être capable Rorschach.

Chaque patient entendra l’interprétation de son psy comme une hypothèse à laquelle il va nouer un sens. Son sens. L’interprétation doit faire RÉ-agir. Dans un agir autre. Voilà ce que fait l’interprétation.

Le patient opère un pas de côté, ré-interprète son symptôme dans un nouveau champ de possibles. Les barrières sont repoussées et c’est lui qui peut alors décider et trouver une nouvelle voie à son symptôme. Que cela nécessite un nouveau comportement, une nouvelle gestion d’émotion, un nouveau rapport à soi, un nouveau rapport à l’autre.

L’interprétation n’est pas thérapeutique, c’est la porte qu’elle ouvre au patient qui l’est.

Rappelez vous que l’être humain n’est cognitivement pas capable de se représenter le monde tel qu’il est dans le réel. Il n’y a donc pas pour lui nécessité à coller à une vérité universelle. Cela ne serait en rien thérapeutique. Ce sont les représentations que chacun se fait de son environnement et des événements qui alternent entre représentations supportables et représentations pathologiques. Pas les faits objectifs. Notre propre interprétation est la source de notre souffrance psychique.

La ré-interprétation est la clé d’une vie psychique apaisée.

 

Qui critique la pertinence de l’interprétation ?

Il est de bon ton aujourd’hui pour certains « experts » auto-proclamés de remettre en question la pertinence de l’interprétation psychanalytique.Ces personnes qui – la plupart du temps ne sont pas cliniciens, c’est à dire qu’ils n’ont pas de patients et n’assurent donc pas de suivi psychothérapeutique – cherchent à véhiculer l’idée que l’interprétation est le fait de chercher un sens à tout prix, là où, il n’y en aurait pas et quand bien même il y en aurait un, cela n’aurait pas de valeur.Ils se basent sur des croyances théoriques selon lesquelles des méthodes clefs en main, adaptées à tous et universelles, pourraient être administrées telle des traitements pharmaceutiques et venir en aide à toute la population. Travailler auprès de vrais patients et non de cohortes balaye instantanément ce genre de critiques et croyances intenables dès la première rencontre avec une vraie personne en souffrance.

C’est cocasse mais dans le film c’est la représentation même de l’interprétation de la projection et de l’interprétation qui est dans l’incapacité de faire preuve de souplesse psychique. En croyant à tout prix qu’il n’existe que LA vérité, une vérité pure et objective à laquelle se soumettre, Rorschach est aveuglé et ne souhaite pas voir le plus important.

L’être humain est tel que les faits objectifs n’ont que peu de valeur sur sa pensée. Il est davantage dominé par ses croyances et émotions que par la logique. Il oublie donc que ce n’est pas la logique de l’être humain qui le sauve mais sa spécificité sensible et subjective.

C’est ça qui sauve chaque sujet, rien d’autre.

Tout être humain en souffrance cherche un sens à ses actes, comportements et à sa vie en général. Lui ôter ça, ne pas l’accompagner dans cette recherche revient tout simplement à ne pas l’écouter et juger immédiatement de ce qui serait le mieux pour lui. Rien à voir donc avec le travail de psychologue quel que soit son référentiel théorique.

Nous avons encore affaire à des critiques projectives et non de professionnels de terrain.

Ils confondent l’interprétation sauvage avec l’interprétation comme outil psychothérapeutique par manque de connaissance et d’expérience. Cette critique faite à la cure psychanalytique est encore et toujours véhiculée par des personnes qui revendiquent un savoir et une expérience qu’ils n’ont tout simplement pas.

 

Pour conclure

Pour conclure, je rappellerai que l’interprétation est un outil universel qui nous permet de représenter notre monde interne et le monde externe. Parfois, l’interprétation nous sauve, parfois elle est douloureuse. Chaque personne doit donc se rappeler le caractère hypothétique de ses interprétations et être prêt à la ré-interprétation personnelle.

Comme évoqué, l’interprétation d’un tiers amène une ré-interprétation personnelle. C’est vraiment pour cette raison qu’une interprétation doit-être méthodique, bienveillante et justifiée dans le temps et la relation. 

C’est ce qui fait la différence entre une interprétation à visée thérapeutique et une interprétation sauvage qui peut parfois mener à des représentations liberticides et pathogènes.

Dr Manhatan dans Watchmen nous est présenté comme un demi dieu mais lui aussi pointe sa limite : « Je peux changer à peu près n’importe quoi, mais la nature humaine je ne peux la changer »

Pour voir la vidéo de ce concept d’interprétation, cliquez ici

Pour aller plus loin :

– B. Chervet (sous la direction de), L’interprétation – Puf (2012) : https://amzn.to/3ahUTqH

– P. Ricoeur, De l’interprétation – Essais(1995) : https://amzn.to/3nnHGAj

– S. Freud, De la psychanalyse sauvage – Editions In Press (1910) : https://amzn.to/2LtgeD9

– S.Freud, Du maniement de l’interprétation du rêve en psychanalyse – Editions In Press (1911) : https://amzn.to/3oS9zkq

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L’Hypnose thérapeutique

J’insiste d’ores et déjà sur le « thérapeutique » dans le titre de cet article puisque cela n’a strictement rien à voir avec l’hypnose de spectacle à la Mesmer… donc non, un thérapeute certifié ne vous fera jamais faire la poule pour vous ridiculiser en public.

Dans cet écrit, nous allons tout d’abord définir ce qu’est l’hypnose, sur quoi elle se base et quelques standards de la pratique, comment elle est revenue au goût du jour et surtout, la question importante à se poser, est-ce que ça fonctionne ?!?!

En seconde partie, comme toujours, nous allons illustrer ce qui a été dit dans la première partie à l’aide d’une vidéo et du film « Get Out« , film que je vous conseille de voir car il est sympa comme tout, bien que absolument faux en de nombreux points pour ce qui concerne la pratique thérapeutique réelle et contemporaine.

C’est quoi l’hypnose ?

L’hypnose est un état de conscience modifiée. C’est la définition la plus simple et certainement la plus répandue de l’hypnose. Malheureusement quand on a dit ça, on a rien dit… L’hypnose véhicule encore tout un tas de mythes et contre-vérités. Cela est aussi bien dû au cinéma comme nous le verrons par exemple en seconde partie, qu’à l’hypnose de cabaret qui s’appuie directement sur ce côté « magique » dont les thérapeutes veulent se démarquer mais à la fois qui fascine davantage le public.

L’hypnose thérapeutique est donc une méthode qui s’appuie notamment sur la modification de l’état de conscience d’une personne pour obtenir d’elle des processus imaginaire augmentés et des défenses psychiques en baisse pour parvenir à la résolution de problèmes spécifiques physiologiques et/ou psychologiques. L’hypnose sera utilisée selon différentes méthodes par le professionnel dans le but d’accompagner son patient vers un but précis qui aura été spécifié en commun par le soignant et le patient.

Enfin il me semble important de signaler deux choses fondamentales à propos de l’hypnose et la transe hypnotique :
– Tout être humain a déjà expérimenté un état d’hypnose, ça nous arrive vraiment très fréquemment. L’exemple le plus courant mais à la fois le plus parlant c’est quand on fait un trajet habituel en voiture et qu’à la fin on éteint le moteur en se demandant comment on était arrivé jusque là. Autre exemple, lorsque vous lisez un livre et qu’arrivé à la fin de la page vous vous rendez compte que vous lisiez mais pensiez à complètement autre chose…
– La deuxième chose importante c’est que nous sommes tous hypnotisables. Les personnes qui disent ne pas être hypnotisables sont en général des personnes qui n’ont jamais rencontré un hypnothérapeute qui, lui, va sélectionner et confectionner des inductions spécifiques et adaptées au sujet. Donc tout le monde peut être hypnotisé du moment que l’on adapte le temps et la méthode d’induction.

 

Est-ce que ça fonctionne ?

L’évaluation de l’hypnose en médecine soulève de nombreuses questions. Mais force est de constater que de plus en plus d’études sont engagées dans ce domaine, y compris en France, et que les résultats sont, suivant les domaines de recherche, très significatifs.

Je dis selon les domaines de recherche parce que sur le plan psychothérapeutique, il y a beaucoup d’écart selon les études pour rendre compte de l’efficacité de l’hypnose pour ce qui à trait à la psychopathologie.

En revanche, sur des domaines comme l’analgésie, la perte de poids, la réduction du stress, l’immunologie, (oui oui aussi étonnant que ça puisse paraitre je vous encourage à aller voir les sources en fin d’article) les données actuelles sont significatives quant à l’efficacité de l’hypnose.

Pour quelle utilisation ?

Il y a aujourd’hui 3 grands domaines d’utilisation de l’hypnose :

  • L’hypnosédation (utilisée principalement en anesthésie),
  • L’hypnoanalgésie (contre la douleur) et
  • L’hypnothérapie (à visée psychothérapeutique)

Suivant la formation initiale du professionnel et l’objectif recherché, il va utiliser différentes structures de séance et différentes méthodes d’inductions et de suggestions.

Les séances d’hypnoses contemporaines vont donc beaucoup s’adapter au patient et sont loin d’un discours plaqué d’un hypnotiseur tout puissant.

 

Mécanismes principaux de l’hypnose thérapeutique :

Grossièrement, lors d’une séance d’hypnose on va avoir une première phase dite d’induction hypnotique. Durant cette phase, le thérapeute va, par divers moyens, faire entrer la personne en transe hypnotique, le fameux « état de conscience modifié ». Que ce soit de façon très directive ou non, l’induction va faire appel à une anamnèse, c’est à dire l’histoire du patient, ainsi qu’à l’observation de tout un tas de canaux que l’on va relever comme spécifiques au patient en question. L’induction va donc sans cesse faire appel à ce que vie, ce que ressent et le rapport que l’individu à avec son environnement. C’est ce que l’on appelle la ratification, le « VAKOG » et autres termes que je ne vais pas aborder ici car ce n’est pas le but.

La deuxième phase importante sera la phase de suggestions.

Durant cette phase plus ou moins longue selon l’objectif de la séance, l’hypnothérapeute va, selon son référentiel, être encore une fois très directif (hypnose ericksonnienne par exemple) ou inviter davantage son patient à être actif de sa séance et ainsi faire de la communication hypnotique. Les deux méthodes fonctionnent mais vont devoir être privilégié selon la problématique et l’effet escompté. Malgré tout, plus la problématique va être complexe ou profonde, plus le thérapeute risque de choisir une communication hypnotique afin de rendre son patient le plus actif possible de son changement et de sa séance.

Une autre différence importante va être soit de focaliser l’attention sur un point très précis ou de justement tâcher de faire grandir l’état de conscience. Dans un cas le thérapeute oriente la concentration pour accéder, lui, à l’inconscient du sujet, dans l’autre cas, on est proche d’une pleine conscience qui permet au sujet d’avoir accès à une partie de son inconscient et ainsi augmenter ses capacités de résolution de problème.

Une fois les phases d’induction et de suggestions terminées, l’hypnothérapeute va ramener le sujet doucement et respectueusement à son état de conscience normal dans l’ici et maintenant.

 

Existe t-il des risques ou des effets secondaires ?

– Aux vues des données de la littérature, il n’a pas été rapporté d’effet secondaire grave de l’hypnose. Cela ne permet pas d’exclure leur existence, mais permet de dire que si de tels effets existent leur fréquence est relativement rare comme des céphalées, de la somnolence, des vertiges, de l’anxiété, et la création de faux souvenirs.

Le risque semble plutôt exister au niveau éthico-juridique (avec notamment le risque de manipulation psychologique et de création de faux souvenirs), et des chartes éthiques sont souvent proposées par les associations de professionnels, afin de garantir et de veiller à l’intérêt et au bien-être du patient.

Comme vous l’aurez compris, le problème ne vient pas tant de la méthode que du professionnel, de sa compétence et de son éthique.

Donc faites attention à la formation de votre hypnothérapeute car ce titre n’est actuellement pas protégé en France et n’importe qui peut s’auto-proclamer hypnothérapeute en ayant peu ou pas de formation de psychopathologie et ainsi faire dans le meilleur des cas, rien du tout, dans le pire, il peut aggraver un trouble.

Etude de cas

À présent, faisons un rapide tour d’horizon de ce que l’hypnose n’est pas en nous appuyant sur le film « Get Out » ou Chris se fait soit disant hypnotiser…

 

 

Comme vous avez pu le voir, ce scénario outrepasse les règles les plus fondamentales de la pratique hypnotique et nous sommes clairement dans une fiction où la magie et la manipulation se substituent à une hypnose véritable.

Donc si vous avez peur de l’hypnose, rassurez vous sur le fait que rien ne peut vous être fait de force et que vous restez toujours maître de votre pensé et de votre libre arbitre.

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Jérémie Gallen
Psychologue clinicien et psychothérapeute en ligne
sur www.survotredivan.fr

Sources et ressources :

– O.Lockert, Hypnose – Evolution humaine – Qualité de vie – Santé (2013) – IFHE Editions : https://amzn.to/3hfepod

– L. Chertok, Mémoires : Les résistances d’un psy (2006) – Odile Jacob : https://amzn.to/2ZzDwMe

– A. Andre : Hypnose: Comment apprendre l’hypnose et l’autohypnose étape par étape(2020) – (livre extrêmement court mais précis !) Amazon édition : https://amzn.to/39da8Pi

– C. Hammond, Métaphores et suggestions hypnotiques (2009) – Le Germe : https://amzn.to/3jcDjX4

– https://www.inserm.fr/sites/default/files/2017-11/Inserm_RapportThematique_EvaluationEfficaciteHypnose_2015.pdf

– https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0987705313001974

– https://www.tandfonline.com/doi/abs/10.1080/10253890290027877 comme méditation et pleine conscience.

– Hypnosis as an adjunct to cognitive-behavioral psychotherapy: A meta-analysis. By Kirsch, Irving,Montgomery, Guy,Sapirstein, Guy. Journal of Consulting and Clinical Psychology, Vol 63(2), Apr 1995, 214-220 – E. Lang et al., « Adjunctive non pharmacological analgesia for invasive medical procedures: A randomised trial », The Lancet, vol. CCCLV, 29 avril 2000.

– M.-C. Gay, P. Philippot et O. Luminet, « Differential effectiveness of psychological interventions for reducing osteoarthritis pain: A comparison of Erickson hypnosis and Jacobson relaxation », European Journal of Pain, 2002.

– P. Maquet, M.-É. Faymonville, C. Degueldre, G. Del Fiore, G. Franck, A. Luxen et M. Lamy, « Functional neuroanatomy of hypnotic state », Biological Psychiatry, vol. XLV, n° 3, février 1999.

– P. Rainville, G.H. Duncan, D.D. Price, B. Carrier et M.C. Bushnell, « Pain affect encoded in human anterior cingulate but not somatosensory cortex », Science, vol. CCLXXVII, n° 5328, 15 août 1997.

– S. Derbyshire, M.G. Whalley, V.A. Stenger et D.A. Oakley, « Cerebral activation during hypnotically induced and imagined pain », NeuroImage, vol. XXIII, n° 1, septembre 2004.

Conseils en temps de confinement

Photo : Daniel Tafjord

Je vais ici tâcher de répondre à ce qui relève de mon domaine de psychologue clinicien en ce qui concerne les mesures non explicites de confinement qui ont court aujourd’hui en France pour cause d’épidémie (si ce n’est de pandémie) du coronavirus ou COVID-19. Quelles sont les conséquences psychologiques d’un tel enfermement à court ou moyen terme et de quelle manière peut-on se faciliter la tâche afin de sortir grandit de cette épreuve commune…

Lorsque Lundi 16 Mars 2019, le Président Emanuel Macron a préféré répéter à plusieurs reprises, lors de sa dernière allocution, « nous sommes en guerre » plutôt qu’une seule fois employer le terme « confinement »,
la stratégie de communication politique était calculée et assumée.
Quand l’on lit la définition du Larousse pour le terme « confinement » on comprend peut-être mieux pourquoi : « Situation d’une population animale trop nombreuse dans un espace trop restreint et qui, de ce fait, manque d’oxygène, de nourriture ou d’espace. »

En dehors de cette définition plus qu’anxiogène, confinement nous vient de « confins » qui nous vient du latin confinium, => voisinage, c’est à dire la proximité.

Le confinement, c’est la proximité si ce n’est la promiscuité.

Parler de nous mettre en guerre c’est nous solliciter dans notre position active de citoyen, de prendre position face à la menace, nous pourrions (presque) en dégager une certaine fierté. Se confiner, c’est être passif, craintif… Rien de très valorisant.

En psychologie, c’est la même chose. Se laisser aller dans une position passive de sujet n’apporte jamais rien de bon. Quelle que soit la difficulté psychique que vous avez à traverser dans votre vie, c’est une position active de sujet qui va vous faire créer des solutions, modifier vos pensées et vos actes. C’est un préalable à toute évolution ou guérison.

Les personnes qui vont se laisser aller durant cette période de confinement risquent de s’effondrer psychologiquement comme nous pouvons parfois cliniquement le constater chez des détenus. Mais la clinique des détenus nous apporte aussi un éclairage sur celles et ceux qui ressortent d’une privation totale de liberté avec une belle évolution personnelle : la volonté de malgré tout rester aux commandes de sa vie.

 

Quels sont les risques psychologiques les plus courants dans la situation actuelle ?

1/ Anxiété, stress, angoisse

L’Être humain s’angoisse dès qu’il ne comprend pas quelque chose qui lui arrive. La diversité des informations nous empêche parfois d’avoir une donnée fiable sur laquelle nous positionner définitivement. Le flou global quant à ce que le virus pourrait faire en terme de symptôme pour soi ou les autres ainsi que son niveau de propagation ne sont à ce jour presque que des suppositions (dans le pire des cas) ou des estimations (dans le meilleur des cas).
En tant qu’êtres sociaux, ces incertitudes anxiogènes, nous nous les transmettons plus facilement et rapidement que le virus lui-même…
Sans parler du stress que donnent les perspectives économiques suite à cet événement.

Pistes et bonnes pratiques
– Sélectionner soigneusement ses sources d’information. Si l’on n’a pas de bagage scientifique, se référer aux données communiquées par le ministère de la santé et l’Organisation Mondiale de la Santé. Mais se renseigner pour quitter le flou vecteur d’angoisse est fondamental.
– Parler de ses craintes et des scénarios que l’on imagine afin de le confronter à la pensée d’autrui (d’un thérapeute serait judicieux)
– Ne pas se focaliser exclusivement sur le coronavirus et ses conséquences. Se rappeler que la vie continue et dépasse ce sujet. Rassurez-vous en voyant tout ce sur quoi vous avec encore une possibilité d’action.
– Se faire plaisir et se changer les idées. Se récréer au sens premier du terme.
– Faire de la méditation. Dans un premier temps utiliser des vidéos ou podcast en libre accès si l’on n’est pas habitué à cet exercice. Dans un second temps consulter un professionnel.
– Faire un travail d’introspection sur les pensées qui nous angoissent. Ce travail pourra éventuellement se poursuivre avec un professionnel.
– Si les manifestations anxieuses sont trop fortes : consulter un psychologue dès à présent par visioconsultation.

 

2/Isolement et Ennui

Nous sommes d’une, des êtres sociaux et de deux, des êtres complexes. Ce qui veut dire que nous avons besoin de stimulations. Nombreuses et différentes.
La plupart des êtres humains ont un besoin important de rentrer en communication avec autrui, de partager sentiments, pensées et émotions. Sans ça, nous nous sentons seul et isolé du monde.
De plus, suivant le temps que peut durer un confinement, le plaisir à regarder des séries, des films ou lire des livres peut fatalement perdre de sa valeur. C’est bel et bien parce que ce n’est pas notre quotidien qu’une activité peut s’avérer intéressante et motivante.

Pistes et bonnes pratiques
– L’important est de continuer de communiquer. Nous sommes des êtres sociaux !
Utilisation des moyens modernes de communication. Parlons nous par la fenêtre si nous sommes seul sans terrasse, sans balcon, sans famille.
– Diversifier au maximum ses activités afin de pouvoir les faire tenir dans la durée.
– Les études auprès de cosmonautes nous indiquent qu’il faut vivre « au jour le jour » (voir notamment vidéo en source sur l’étude « Mars 500 »). Se projeter dans le temps est très négatif. Il vaut mieux accomplir chaque jour dans une routine.
– Se préparer les repas. Éviter les plats préparer. Cela constitue aussi bien une activité qu’une règle d’hygiène de vie. Le goût et l’odorat sont des stimulations très positives pour tout un chacun et le temps du repas est une chance pour le nez et les papilles !
– Se forcer à faire de l’activité quotidienne. Cela apporte plaisir et satisfaction tout en (espérons-le) consolidant une bonne image de soi !
– Se donner un objectif journalier, hebdomadaire, mensuel et se récompenser une fois qu’on les atteints progressivement.
– Profiter de faire une chose que l’on a jamais osé ! Apprendre à jouer d’un instrument, une nouvelle langue, écrire un livre, etc.
– Ne surtout pas se dire qu’on a le choix mais suivre les règles que nous nous sommes fixés sans croire un instant que l’on puisse en déroger.

 

3/ Disputes, frustrations, aggravation de conflits en tout genre

Dans les derniers jours… Combien de fois n’avez vous pas pu faire ce que vous souhaitiez ? Combien de fois avez-vous dû dire non à vos enfants ?
C’est un vrai problème pour les accords de paix que nous tâchons de maintenir dans notre confinement !
La promiscuité catalyse les frustrations, les mésententes et incompréhensions en tout genre. Et malheureusement, au sein des familles, il est rarement question de faire preuve d’autant de retenu et de tact que nous le faisons avec les personnes extérieures.
Une personne agressive, violente, perverse ou manipulatrice aura donc ses attitudes et comportements exacerbés… Prenons garde à cela chacun pour nous-même, c’est la première étape.

Pistes et bonnes pratiques
– Terme utilisé et réutilisé depuis quelques années, il est pourtant aujourd’hui nécessaire de s’appliquer un maximum de bienveillance (envers soi, envers les autres). La situation est difficile pour tout le monde. Soyons bienveillants.
– L’altruisme est une bien meilleure piste que les réactions et comportements compulsifs. Nous devons tâcher d’être très conscients de nos faits et gestes afin qu’ils soient tourné vers l’autre et pas en réaction à l’autre. Comme j’ai déjà pu le dire par ailleurs : « C’est rarement l’attaque de l’autre, mais plutôt sa défense qui nous heurte »
– S’accorder -dans le mesure du possible- des temps de retrait, seul, à l’écart des autres pour ne se focaliser que sur soi.
– Éviter les excitants comme le café ou autre qui vont notamment impacter votre patience, voire, votre sang froid.
– Le pardon est une vertu que nous allons devoir remettre au goût du jour ! C’est encore mieux s’il est sincère et qu’on y croit !
– Face à des difficultés de gestion des émotions, de comportements agressifs qui vous dépassent ou autre, je ne peux que vous encourager à consulter un thérapeute. C’est le bon moment d’ailleurs, profitez-en vous avez le temps et pas d’excuse de trajet : les séances à distance sont formidablement efficientes comme elles le sont en présentiel.

 

4/ Épuisement et burnout des personnels soignants (au minimum)

Les personnels soignants français étaient déjà mal en point avant cette crise, tout le monde en a conscience. La situation actuelle est pour la plupart d’entre eux une rude épreuve supplémentaire. Sans parler de l’épuisement physique qui n’est pas de mon ressort, l’épuisement psychique et les craintes pour sa santé personnelle, l’angoisse de le transmettre à ses proches après avoir passé toute la journée auprès de personnes infectées et bien évidemment, la crainte d’être débordé dans sa capacité d’accueil ce qui amènerai inévitablement à de difficiles choix éthique… Tout cela forme un cocktail explosif.
À ne pas oublier : lorsqu’un être humain est en situation de stress et d’hyperactivité, en général, il tient. C’est après, lorsque la vie « normale » peut recommencer que des troubles ou, plus grave, des décompensations peuvent se manifester. Nous devrons tous à notre tour être attentifs à leur égard, surtout en tant que professionnels du soin psychique.

Pistes et bonnes pratiques
– À l’heure actuelle, la « bobologie » devra se passer de médecins généralistes et plus encore des services d’Urgence.
– Pour celles et ceux qui vivent avec un proche qui exerce actuellement dans le champ de la santé ou est réquisitionné, nous devrons accepter pas mal de choses, faire preuve de bienveillance et de soutien.
– Leur faciliter la tâche à domicile en leur offrant un espace et un temps de repos. On ne sait pas pour combien de temps et à quelle intensité ils vont devoir travailler de la sorte.
– Leur changer les idées, ce qui n’est pas facile dans la mesure où ils ne pensent, vivent, parlent que covid depuis plusieurs semaines ! Leur entourage aussi soit dit en passant.
– À nouveau, les consultation en soin psychique sont nécessaires et peuvent améliorer la prise de recul.
– Continuer de leur montrer notre gratitude. Vous pouvez me croire, cela les touche beaucoup. Quand à 20h la France applaudit à son balcon. Ils sont émus aux larmes.

 

5/ Comportements addictifs en hausse

Stress, psychose, isolement, ennui, dépression… Autant de facteurs qui peuvent pousser à trouver des échappatoires. Les sensations de manque sont plus fortes face à l’ennui. Les moments de conscience modifié rendent parfois la réalité plus facile à vivre et à accepter.
Une fois ce type de comportements installés, voire, renforcés par des expériences de plaisir, le cercle vicieux et l’accoutumance peuvent s’installer/se décupler.

Pistes et bonnes pratiques
– Se restreindre à des moments particuliers bien spécifiques.
– Tâcher de conserver les mêmes consommations qu’en temps normal.
– Profiter de ce changement extraordinaire dans notre vie quotidienne pour arrêter une consommation problématique.
– Suivre les recommandations de l’OMS comme repère si l’on en a pas.
– Contacter/Consulter un addictologue.
– Consulter un thérapeute spécialisé en addictologie par visioconsultation.
– Trouver une nouvelle activité, un nouveau comportement apaisant.

 

6/ Dépression

Nous sommes des êtres complexes et comme évoqué plus tôt, nous avons besoin de stimulations. Dans les cas extreme, ce manque de stimulation, d’imprévus et de rencontres sociales peuvent finir par nous faire se désinvestir de ce que nous avons pourtant l’habitude d’aimer faire ou vivre.
De même, nous nous retrouvons dans une situation inédite dans laquelle nous n’avons que très peu d’emprise sur ce qui nous arrive. Ne pas avoir le sentiment d’être aux commandes de ce qui nous arrive dans notre vie est un réel facteur de risque dépressif.

Pistes et bonnes pratiques
– Consulter un psy ! La dépression est ainsi faite que souvent les gens n’ont pas la motivation de se soigner. C’est le serpent qui se mord la queue. Vous devez consulter au plus tôt afin de vite vous sortir de là.
– Maintenir des liens sociaux. Lorsque les virus infectent nos ordinateurs, nous pouvons rencontrer l’autre dans le réel. Lorsque nous sommes infecté par un virus, nous pouvons rencontrer l’autre grâce à nos ordinateurs.
– Avoir – malgré le confinement – une hygiène de vie irréprochable et reprendre un rythme de vie. Cela surprend parfois mes patients, mais en cas de dépression, j’évalue d’abord et avant tout leur quotidien et leurs habitudes avant de chercher toute cause psychique ou environnementale.
– Reprendre les rênes de sa vie sur ce que l’on peut. Il faut à tout prix garder une position active de sujet. C’est depuis cette place que l’on peut s’en sortir. Certainement pas dans la passivité et le fait de s’éteindre à soi-même.
– Trouver du sens à ce que l’on fait, ce que l’on vie, ce qui nous entoure.
– Consulter un psy. Oui, j’insiste.

 

7/ Délires paranoïdes et conspirationnistes

Le problème des délires paranoïdes, c’est qu’ils s’appuient toujours sur une base réelle et que c’est dans un second temps que l’imaginaire fait des liens abusifs. Les personnalités paranoïaques peuvent n’avoir que peu de signes pendant des années et être à un moment donné face à une situation dans le réel qui fait flamber le délire.
Autant dire que là entre crise sanitaire, économique, décisions politiques inédites… Le cocktail est bien chargé.

Pistes et bonnes pratiques
– Consulter… Franchement dans ce cas de figure où l’individu ne va vouloir (sur)interpréter son environnement et les informations qui lui sont données, uniquement pour valider son délire et sa construction imaginaire… Il n’y a que l’aide d’un professionnel qui peut parvenir à quelque chose.
À moins que celui-ci ne soit lui aussi de mèche avec les puissants, les lobbys et autres sociétés secrètes ! Bien entendu.
– Si un de vos proche se retrouve dans ce genre de pensées et de discours, faire une coupure avec les médias et les réseaux sociaux est une (première) mesure intéressante. Il existe tout sur internet, donc quoi que puisse penser une personnalité paranoïaque, cette personne trouvera toujours des « sources » pour valider ses croyances et son délire.
– Ne pas chercher à raisonner ou démonter son argumentaire, cela le renforce. Si c’est plus fort que vous, vous pouvez davantage avoir un échange constructif en parlant de ce que cela lui fait ressentir plutôt que sur la logique.

 

 

Personnes à risques potentiellement plus élevé :

Bon nombre des éléments abordés ici peuvent être décuplés chez les enfants et les personnes ayant déjà des troubles psychiques. La vigilance et l’accompagnement de ces personnes est donc d’autant plus nécessaire.
[J’attire également votre attention sur un aspect qui n’est pas tant psychologique mais éducatif : Durant cette période d’enfermement avec nos enfants, il est plus que probable que certaines règles subissent des entorses… Le problème n’est pas dans le maintenant mais pour l’après. Faire comprendre à un enfant que ce qu’il pouvait faire à un moment X est à nouveau interdit à un instant Y n’est pas chose simple. Les enfants en bas âge ne peuvent pas effectuer ce genre d’abstraction. Cela leur est impossible.
Ne pas respecter les règles habituelles de la maison s’est s’exposer à ce que ce soit toujours le cas après le confinement.]

Autre facteur de risque, comme très souvent, la catégorie socio-professionnelle. En effet les personnes les plus modestes courent un risque plus grand dans la mesure où ils sont plus soumis à la promiscuité, le manque d’espace extérieur et la possibilité de diversifier leurs activités par manque de moyens.
Cette population doit particulièrement susciter la vigilance et le soutien des professionnels de la santé psychique.

En conclusion :

Comme le dit la conclusion d’une étude que je mets en source (The psychological impact of quarantine and how to reduce it: rapid review of the evidence) : « L’impact de la quarantaine est vaste et peut persister. Cela ne veut pas dire que la quarantaine ne doit pas être utilisé. Les effets psychologiques de ne pas utiliser la quarantaine et la propagation de la maladie pourraient être pire. »
En tout cas, c’est le consensus actuel.

Nous manquons malgré tout d’un recul fiable et nécessaire. De nouveaux travaux sur le long terme devront nous en apprendre davantage sur les effets psychologiques et sanitaires de telles mesures.
Dans un premier temps, ce sont les cliniciens qui devront rapporter le plus précisément possible ce qui se joue dans le discours et donc le psychisme de tout un chacun. Ce sera un matériel très important pour la recherche et la littérature à venir.

 

Bon confinement à toutes et tous, prenez soin de vous, de vos proches et cultivez votre altruisme !

 

Si le message passe plus facilement en vidéo, vous pouvez cliquer directement :

 

Sources :
– https://lookaside.fbsbx.com/file/The%20psychological%20impact%20of%20quarantine%20and%20how%20to%20reduce%20it.pdf?token=AWyKInydt6WruUxCtBpBSMp4FIm2Gol2ptjXDiE2HZBKtx-TBpq06FjtFGtV9MGmWZ0NIyaNbkn6E5mufAP1YdsfNew_4de8v72-YYAqlq_kpFo49gjHMeKRSp8LHRrPe0YhpuVn7JvtUoGD8P1vIL1028kenL60l-Oed1mxQttMlQ

– http://theconversation.com/covid-19-point-par-point-des-recommandations-dexperts-pour-reduire-les-effets-psychologiques-negatifs-lies-au-confinement-133811

– https://www.sciencesetavenir.fr/sante/cerveau-et-psy/les-effets-psychologiques-de-la-quarantaine_142244#

– https://www.cafe-sciences.org/covid-19-ressources/

– Vidéo : Mars 500 et au-delà | Romain Charles | TEDxPanthéonAssas = https://www.youtube.com/watch?v=kP0QUncxn9A

– https://www.3-6-9-12.org/confinement-nos-conseils-de-vie-quotidienne/?fbclid=IwAR3LL-NW2kU8AFTNi3oeG7Z_4bUDlvwAM9vid7WMKZEMNmLKHdttRx1fg7A

 

En quoi le concept de castration est pertinent ?

Pour ce qui est de comprendre ce qu’est le concept de castration dans les grandes lignes, de comprendre globalement ce qu’il signifie dans la pensée freudienne et lacanienne, je vous invite à regarder la vidéo que j’ai faite en collaboration avec Kevin de La Psychothèque autour du film « Edward aux mains d’argent » :

Maintenant que vous avez compris les bases de ce concept, posons nous la question de ce que cela peut apporter dans un suivi thérapeutique.

Le thérapeute lui va voir quel est le rapport de son patient avec le manque, avec la perte ou le fait de ne pas posséder une qualité ou un objet. Comment s’en débrouille t-il (t-elle) ? Est-ce que ça fait souffrance ? Est-ce que cette insatisfaction amène le sujet à se démener pour chercher à être comblé ?
Nous avons également des indications sur ce qui semble le plus important pour notre patient dans son positionnement : Est-ce l’Être ou l’Avoir qui prévaut ? Cela aura des répercussions sur sa vie psychique et son rapport à autrui.

Là où je trouve que c’est intéressant, c’est de voir comment est-ce que pour certaines personnes, ne pas avoir quelque chose où ne pas être quelqu’un qui aurait telle ou telle qualité va créer un manque et qui dit manque dit : besoin, demande, désir.

Cela va donc aiguiller sur les besoins fondamentaux de l’individu, sur cette demande qui n’a pas pu être entendu auparavant en dehors des séances, sur ce désir inconscient qui rate toujours aussi bien dans son expression que dans assouvissement.

Notre travail consiste également à cette prise de conscience. Qu’avant d’être du côté du manque d’objet ou de qualité personnelle, la castration s’opère d’emblée dans le langage… Notre langue nous permet d’exprimer des demandes mais pas NOTRE demande. La langue permet d’exprimer des besoins, pas ce dont NOUS avons véritablement besoin. Il y a toujours un manque, un hiatus. Pour couronner le tout, nous sommes nous même incapable de connaitre spontanément notre sujet du désir…

« Entre ce que je pense, ce que je veux dire, ce que je crois dire, ce que je dis, ce que vous voulez entendre, ce que vous entendez, ce que vous croyez en comprendre, ce que vous voulez comprendre, et ce que vous comprenez, il y a au moins neuf possibilités de ne pas se comprendre. » Bernard Werber

Nous devons le prendre en compte et l’accepter car cela fait partie de notre condition d’être humain.

 

Vous avez peut-être vu que nous avons fait un échange de conclusions dans nos vidéos avec la psychothèque, donc si vous voulez savoir pourquoi il en arrive à cette conclusion, voici son cheminement en vidéo et vous pourrez ainsi trouver ma conclusion en ce qui concerne la castration par Edward aux mains d’argent :

Sources :

 

Jérémie Gallen, psychologue et psychothérapeute en ligne.

Mon Psy ne me croit pas (ou le diagnostic différentiel)

Vous est-il déjà arrivé de penser que votre psy ne vous croyait pas ? Vous êtes-vous déjà demandé pourquoi votre psy pouvait montrer un désaccord avec vous ? Ou si vous n’avez encore jamais consulté, vous posez-vous la question : « Est-ce que ce psy ira bien dans mon sens ? »

Et bien sachez une chose, un bon psy doit être à votre écoute, prendre en compte votre « Réalité Psychique ». Mais cela ne veut pas dire qu’il doive acquiescer à tout ce que vous dites, pensez, imaginez ou faites. Le travail du psychologue (entre autres choses) va être de guider la pensée mais aussi de la stopper lorsqu’elle s’égare ou pire, va dans un sens négatif à votre avancée. Autant il peut être nécessaire parfois d’entendre l’intégralité d’une construction délirante, autant parfois, remettre immédiatement en question une conclusion paranoïde est nécessaire.

En dehors de quelques cas extrêmes, il m’arrive plus fréquemment en séances de devoir remettre en cause les certitudes de certains patients qui vont se donner une étiquette, s’auto-diagnostiquer. Ils le font pour de nombreuses raisons… Cela peut être pour moins réfléchir à leur propre fonctionnement ; pour des raisons identitaires ; pour des raisons de revendication de symptômes ; parce que quelqu’un de leur entourage les a ainsi étiqueté dans une interprétation sauvage ; parce qu’ils ont regardé sur internet (le plus gros problème à vrai dire et qui devient le plus fréquent).

 

Or, toutes ces personnes oublient une chose fondamentale : Le professionnel de santé a fait de nombreuses années d’études. Cela ne lui donne pas la science infuse, loin de là. Parfois même cela l’enferme dans des convictions contre productives, mais passons.

Le plus important selon moi en ce qui concerne le professionnel de santé, c’est qu’en dehors d’avoir un bagage théorique qui se trouve peu ou prou sur internet, il détient deux choses que ne peuvent pas avoir le quidam : l’expérience et la maîtrise du diagnostic différentiel.

L’expérience se passe de définition mais contribue chaque jour un peu plus à maîtriser et affiner son diagnostic différentiel. C’est donc encore plus essentiel.

Le diagnostic différentiel est un savoir, une connaissance et une méthode qui permet de différencier deux symptomatologies très proches mais qui diffèrent pourtant sur la pathologie en question, ses manifestations, ses conséquences et donc sa prise en charge. De même, nous confirmons moins souvent des diagnostics que nous en éliminons, c’est pour dire !

Vous comprenez donc qu’il est plutôt important que dans ce genre de situations votre psy n’ai pas à être en accord avec vous, voire, qu’il vous le fasse savoir.

Ce n’est donc pas que le professionnel ne vous croit pas, c’est qu’il est compétent et fait son métier !

N’hésitez pas à cliquer sur la petite vidéo que j’ai fait à ce sujet et qui apporte plus de précisions sur cette excellente question. Je me base sur un cas clinique que j’ai eu peu de temps avant de faire cette vidéo.

Jérémie Gallen, psychologue et psychothérapeute en ligne

La réalité psychique

Certainement LE concept le plus fondamental quand on est psychologue ou psychothérapeute !
Beaucoup l’oublie mais ce n’est pas dans les livres que se trouvent la réalité de nos patients mais bel et bien dans leur discours.

La vision que l’on a en tant que professionnel peut parfois nous faire oublier que nous avons tous un prisme ou un objectif différent à travers lequel nous observons et décryptons le monde. Comme on me le répétait souvent durant ma formation en hypnose ericksonienne : « La carte n’est pas le territoire« .

Or que se passe-t-il lorsqu’on discute avec une amie ou un proche ? L’autre se base sur son vécu, sur sa carte personnelle pour vous donner des conseils des clefs qui devraient vous aider, voire, vous donner la marche à suivre. Rares (mais elles existent) sont les personnes qui vont véritablement tâcher de se mettre dans la réalité de l’autre, de ne pas se pointer avec tous ses histoires et représentations personnelles.

Je ne pense pas que ce soit seulement une qualité innée, mais qu’elle s’acquiert si on fait le travail d’en prendre conscience… Et beaucoup de pratique.

La réalité psychique est fondamentale pour le professionnel de soin car elle rend compte de la subjectivité des individus. Si le professionnel passe à côté de cet aspect, nous pouvons dire qu’il passe à côté de l’essentiel de sa fonction : être centré sur le sujet. Il m’est arrivé dans ma pratique de constater qu’une personne avait été dévastée par la mort de son chien, un autre patient n’a montré que peu de réactions et d’empathie face à la mort d’un parent proche. Si, en tant que professionnel je ne fais que partir de mes représentations personnelles, je change de sujet avec la première pour insister avec le second. Cela aurait été une erreur grossière. L’une était véritablement en train de vivre un deuil, l’autre non.

J’illustre la réalité psychique et ses implications dans cette vidéo en m’appuyant notamment sur le film « Il faut sauver le soldat Ryan »

Se centrer sur le sujet et sur ses propres ressentis, émotions et cognitions est fondamental.

À l’inverse, parfois (assez fréquemment à vrai dire), notre travail nous amène à ce que les individus puissent prendre conscience de la réalité externe et l’intègrent davantage dans leur réalité psychique. Les réalités matérielles et biologiques constituent un environnement dans lequel nous devons nous adapter et évoluer car ces réalités là, elles, ne varieront pas (pu peu).
C’est aussi la différence entre principe de plaisir et principe de réalité introduits par Freud.

 

Dans cette courte vidéo en revanche, je fais la distinction entre ce que la réalité psychique – en tant que concept – sert pour le patient et le thérapeute.

Jérémie Gallen, psychologue et psychothérapeute en ligne

Sources :

Peut-on coucher avec son/sa psy ?

En voilà une question… importante.

Même si ce blog concerne des consultations à distance, je travaille également en présentiel dans mon cabinet et il est assez fréquent que dans les diverses curiosités que les gens ont envers notre métier de psychologue, le fantasme du psy qui couche avec ses patientes se manifeste.

Comme je le dis dans la vidéo ci-dessous : « Est-ce qu’on se poserai tant cette question s’il s’agissait de sa boulangère ou son contrôleur fiscal ? » Il doit donc bien se passer quelque chose de différent pour que l’on sache implicitement qu’il ne faut pas trop avec son psy.

Je vous propose ici de réfléchir à cette question en se questionnant sur ce que cela impliquerai pour le professionnel, puis pour le patient et enfin la place du sexuel dans une séance.

Il faut bien se rendre compte que la question du « fantasme » est loin de celle du « passage à l’acte« .
En couchant avec son/sa patiente, le psy quitte d’emblée sa place et sa fonction, il ne pourra plus l’occuper et c’est surtout en cela que cela coupe le travail.

 

En séance, qu’il s’agisse de pulsion sexuelle, agressive ou autre, c’est le temps et le lieu de la prise de conscience, de l’analyse de nos mouvements inconscients et de leurs liens, pas d’une mise en acte volontaire.

Rappelons enfin un aspect important qui est que ce qui se manifesterai là, est en lien avec l’amour de transfert et Freud nous rappelle à ce propos, trois choses fondamentales sur l’amour de transfert :
1- Il est provoqué par la situation analytique
2- Il est exacerbé par la résistance qui domine dans cette situation
3- Qu’il est privé à un haut degré de tout égard pour la réalité

 

Jérémie Gallen, psychologue et psychothérapeute en ligne