La notion de « folie » est complexe et peut être interprétée de différentes manières selon les cultures, les époques et les sociétés. En psychiatrie, on parle souvent de « troubles mentaux » plutôt que de folie. Mais la limite entre normal et pathologique est si floue que depuis les travaux de Georges Canguilhem, personne n’arrive à la déterminer d’une façon claire et définitive. La différence entre ce qui est normal et ce qui est pathologique en termes de comportement ou de symptômes dépend de plusieurs facteurs, tels que le contexte culturel, les normes sociales et les critères diagnostiques utilisés dans le domaine médical.
En général, le comportement ou les symptômes sont considérés comme normaux s’ils ne causent pas de détresse significative ou de handicap fonctionnel à la personne qui les présente, et s’ils sont cohérents avec les attentes culturelles et sociales. Par exemple, il est normal de ressentir de la tristesse ou de l’anxiété à certaines occasions, comme la perte d’un être cher ou l’anticipation d’un événement stressant.
En revanche, si ces émotions deviennent envahissantes, durent plus longtemps que prévu ou entraînent une détresse significative ou un handicap fonctionnel, elles peuvent être considérées comme pathologiques. De même, certains comportements, tels que la consommation modérée d’alcool, peuvent être considérés comme normaux dans certaines cultures ou contextes, mais peuvent être considérés comme pathologiques s’ils deviennent excessifs ou entraînent des conséquences négatives pour la santé ou le fonctionnement social.
Dans le domaine médical, la différence entre normal et pathologique est souvent déterminée par des critères diagnostiques tels que ceux établis dans le Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux (DSM) ou la Classification internationale des maladies (CIM). Ces critères peuvent varier selon les troubles et les contextes, mais ils sont souvent basés sur des symptômes spécifiques, leur durée et leur impact sur le fonctionnement social et professionnel de la personne.
En résumé, la différence entre normal et pathologique dépend du contexte culturel, des normes sociales et des critères diagnostiques utilisés. En général, les comportements ou symptômes sont considérés comme normaux s’ils sont cohérents avec les attentes culturelles et sociales, ne causent pas de détresse significative et ne nuisent pas au fonctionnement social et professionnel. En revanche, s’ils deviennent excessifs, envahissants ou entraînent une détresse significative ou un handicap fonctionnel, ils peuvent être considérés comme pathologiques.
Facteurs psychopathogènes
Les troubles mentaux peuvent être causés par une combinaison de facteurs biologiques, psychologiques et environnementaux. Voici donc quelques exemples de facteurs qui peuvent contribuer à l’apparition de troubles mentaux :
Les facteurs biologiques :
Des déséquilibres chimiques ou hormonaux, des prédispositions génétiques, des maladies ou des traumatismes cérébraux peuvent affecter le fonctionnement du cerveau et contribuer au développement de troubles mentaux. La prise de toxique est également un facteur qui vient déséquilibrer le psychisme.
Les facteurs psychologiques :
Des expériences traumatisantes, des conflits émotionnels non résolus, une faible estime de soi, des troubles de l’attachement ou des troubles de la personnalité peuvent tous contribuer à l’apparition de troubles mentaux. Des stress majeurs vont ainsi provoquer une décompensation de la structure psychique d’un individu qui jusqu’alors était en équilibre.
Facteurs environnementaux :
Le stress chronique, la pauvreté, la violence, la discrimination, la toxicomanie ou l’alcoolisme peuvent tous contribuer à l’apparition de troubles mentaux.
Il est important de souligner que les troubles mentaux sont des affections médicales qui peuvent être traitées et gérées avec une psychothérapie en présentiel ou à distance. Il est également important de noter que les personnes atteintes de troubles mentaux peuvent mener des vies productives et satisfaisantes avec un traitement et un soutien appropriés.
Sait-on lorsqu’on devient fou ?
Il n’y a pas de réponse simple à cette question car l’expérience de la « folie » ou des troubles mentaux peut varier considérablement d’une personne à l’autre, en fonction du type de trouble et de son intensité. Cependant, dans certains cas, il est possible pour une personne de percevoir les signes avant-coureurs de l’apparition de symptômes de troubles mentaux.
Les signes avant-coureurs peuvent varier selon les troubles mentaux, mais certains peuvent inclure :
Des changements dans les habitudes de sommeil ou d’alimentation
Des sentiments persistants de tristesse, d’anxiété ou d’irritabilité
Des difficultés à se concentrer ou à se souvenir des choses
Des pensées ou des comportements inhabituels ou impulsifs
Des changements dans la perception de la réalité, tels que des hallucinations ou des idées délirantes
Des difficultés à gérer les activités quotidiennes ou à maintenir des relations sociales.
Cependant, il est important de noter que les signes avant-coureurs ne sont pas toujours évidents et que certaines personnes peuvent ne pas reconnaître les changements dans leur comportement ou leur état mental. En outre, les troubles mentaux peuvent se développer lentement au fil du temps, ce qui peut rendre difficile la distinction entre ce qui est normal et ce qui ne l’est pas.
Si vous pensez que vous ou un proche présentez des signes avant-coureurs de troubles mentaux, il est important de chercher de l’aide auprès d’un psychologue ou un psychiatre dès que possible. Le traitement précoce peut aider à prévenir l’aggravation des symptômes et à améliorer les résultats à long terme.
Oui, vous pouvez vous dire que ce n’est pas un sujet de psychologie… Mais laissez-moi vous montrer comment Scarface, le film culte de DePalma nous apprends de grands fondamentaux de psychologie.
Il nous faut dès à présent poser le contexte pour que vous compreniez en quoi ce film est culte alors que le personnage de Tony Montana m’est particulièrement antipathique.
Scarface est un film sortie en 1983, de Brian de Palma, petit réalisateur qui, fun fact, découvrit robert de Niro dans « the wedding » party en 1963 même si le film sort au final en 1969.
D’après un scénario de Oliver Stone il faut bien se douter que l’on est pas seulement dans un simple film de gangster mais un film qui aura une valeur de critique ou tout du moins de regard politique et social puisqu’Oliver Stone est un artiste engagé avec des idées fortes et assumées. Nier cet aspect du film est selon moi une grave erreur si on veut en comprendre le véritable regard et ce qu’il souhaite dénoncer.
En bref, l’histoire de scarface prend appui sur un fait réel : l’exode de Mariel. Un événement de l’histoire cubaine durant lequel le régime de Fidel Castro expulse près de 125 000 Cubains considérés comme contrerévolutionnaires.Le choix de De Palma, dès le début du film, en nous montrant des images d’archives, indique son souhait de nous montrer une réalité. En l’occurence Oliver Stone, nous propose son idée autour du désir de passer du communisme au libéralisme, par la fuite de Cuba vers les Étas-Unis.
Toujours pas de psychologie mais patience, nous allons y venir…
Là où le plus souvent on entend parler de scarface comme l’ascension d’un homme partit de rien pour arriver au sommet – ce qui est la première strate de lecture – Tony Montana nous montre surtout l’ascension d’un homme qui est prêt à tout, qui ne respecte rien ni personne pour posséder et jouir toujours plus… Jusqu’à ce que ça le tue.
En gros, la problématique psychologique que nous illustre Scarface, c’est la problématique « limite ».
L’histoire de Tony Montana s’inscrit dans un passage du communisme où il se voit comme un mouton, vers la liberté et l’opulence, c’est à dire la promesse du rêve américain. Ce qui pour lui est synonyme d’avoir tout ce qu’il souhaite sans aucune limite.
Pour ma part, ce que je souhaite pointer c’est le symptôme de Tony Montana. Un symptôme de plus en plus répandu et qui n’est que rarement remis en question dans notre culture occidentale. Savoir se poser des limites. Limiter sa jouissance.
D’un point de vue psychopathologique, ce symptôme rend impossible le fait d’être heureux et d’être satisfait dans sa vie. Voyons ça directement avec Tony Montana,personnage qui selon moi-mérite beaucoup de choses mais pas d’être érigé au statut d’icône…
Attention la suite contient des spoilers.
Psychologie de Tony Montana
Dès le début du film, on voit que Tony parvient à s’extraire du camp de réfugié en tuant un homme. Ça annonce immédiatement la couleur. À aucun moment on peut nous faire croire que Tony respecte, les lois des hommes ou autres, il suit les opportunités qui mènent à ce qu’il convoite.Après une scène d’une rare violence dont Tony ressort plutôt vainqueur sur le plan business, il commence sa fameuse ascension dans laquelle il ne respecte pas son « boss » au point de lui piquer ouvertement sa femme et son réseau, il finit d’ailleurs par tuer son patron, manquer de respect à sa femme, tuer son meilleur ami et c’est au moment où on le voit pour la première fois avoir une position éthique : c’est en ne voulant pas tuer une femmes et des enfants innocents qu’il se retrouve enfin a avoir des ennuis qui causeront sa perte…
Bref, Tony Montana est un être horrible, certes, mais surtout il meure sans même avoir pu montrer de réels moments de bonheur. Et c’est ça qui nous intéresse sur le plan psychologique.
Le fonctionnement psychologique de ce self made man qui aura gravi tous les échelons peut-il au final mourir quasi seul et sans avoir pu profiter véritablement de sa richesses, de voitures de luxe, d’une maison luxueuse (mais de mauvais goût), d’une belle femme, d’un ami de confiance…
Et bien oui !
Le fait qu’il ne soit pas en mesure de limiter lui-même sa jouissance fait que cette limite ne puisse venir que d’un réel. C’est à dire de quelque chose qu’il ne peut se représenter ou imaginer.
Comment peut-il passer autant à côté de tout ce qui est sensé le rendre heureux puisque c’est ce qu’il a toujours convoité ?
Et bien la psychologie et la psychanalyse nous donnent plusieurs pistes précieuses pour répondre à cette question :
Pour les plus « neuros » d’entre vous, il est tout d’abord question de dopamine :
La dopamine entre en jeux lorsque l’on prévoit une récompense plus que lorsqu’on l’obtient véritablement.
Et point le plus important, l’espérance de la récompense, par la libération dedavantage de dopamine, va motiver le comportement, plus que le circuit de la récompense lui-même.
On peut retrouver des pistes similaires dans ce que Freud nomme dans ses premières théories du principe de plaisir. Pour le Freud du début du 20ème siècle, l’être humain acterai sa vie autour des plaisirs.
À partir de 1920, Freud parlera de l’au delà du principe de plaisir qui rend bien compte que ce qui motive le sujet va bien au de la de sa simple recherche de plaisir et que ça a à voir avec la pulsion de mort.
Ce qui nous amène très logiquement Chez Lacan et son concept de jouissance, où le plaisir est dépassé pour aller jusqu’au mortifère, à la souffrance. Et quand on voit Tony Montana, il est clairement plus du côté d’une jouissance que du plaisir. Ne parvenant pas à limiter sa jouissance, c’est le réel de la mort qui vient faire limite.Mais tout au long du film, on voit aussi combien il sera question de désir et Brian de Palma nous l’expose très pertinemmentgrâce au regard. Tony convoite certes, mais ce qu’il a de plus que les autres, c’est sa capacité à voir ce qui fait désir pour l’autre, ce que l’autre convoite. Et c’est ça qu’il cherche avant tout, qu’on le regarde, lui, avec convoitise.
Qu’il soit admiré pour son avoir et non pour son être. Une problématique narcissique classique mais que Tony Montana porte à son paroxysme.
« Convoitez ce que j’ai convoité car à présent je l’ai obtenu »
L’insatisfaction au service de la consommation
Malheureusement, la psychologie humaine nous montre constamment que l’être humain imagine des bénéfices certains face à un objet qu’il convoite pour finalement en être déçu une fois cette chose approchée, faite ou obtenue. La publicité fonctionne exactement sur ce processus : susciter l’envie et le désir en faisant miroiter au consommateur que c’est de telle ou telle chose dont il a besoin pour se sentir complet, sûr de lui ou encore heureux.
Rappelez-vous le nombre de fois ou vous avez désiré ardemment quelque chose pour qu’au final, au bout de quelques temps, vous n’en soyez plus satisfait et que vous commenciez naturellement à convoiter autre chose.
Et Tony il est complètement là dedans…
Cette phrase qui passe sur un zepplin : « the world is yours« , qu’il reprend sur une sculpture devant chez lui, nous dit clairement que le monde doit être à lui. Rien de moins.
Enfin, on peut aussi trouver une lecture similaire dans la bible lorsque Adam et Eve sont dans le jardin d’Eden et que la seule règle qui leur est donnée est qu’ils peuvent jouir de tout ce qui leur est offert, SAUF, de la pomme. Cette règle unique peut nous faire entendre que pour vivre au paradis et être heureux, il faut accepter de ne pas tout avoir, de savoir restreindre son désir pour qu’il y ai toujours du désir sans quoi, les difficultés arrivent…
Ce que j’observe très fréquemment dans mes séances, ce sont des hommes qui viennent consulter pour dépression et un manque flagrant de motivation pour toute chose une fois qu’ils ont 45-50 ans… Or, 45-50 ans, c’est souvent la période où les hommes ont fini par obtenir tout ce dont ils ont toujours rêvés. Ils ont enfin la situation professionnelle tant attendue, la femme, les enfants, le chien, l’écran plat, la belle voiture, et j’en passe. Passé ce moment, ils viennent en séance et ne savent plus du tout quel sens donner à leur vie. Ils sont comblés. Et ça les amis… L’être humain n’aime pas du tout. Mais alors pas du tout.
Le risque est alors d’aller chercher ailleurs ce qui sembleraifaire défaut. Ils souhaitent changer de vie, de travail, de femme… Mais le plus fréquemment, de voiture. 🙂
Pour conclure
Vous l’aurez compris, Tony Montana est un éternel insatisfait puisqu’il est obnubilé et ne pense toujours qu’à ce qui lui manque et non pas à ce qu’il a déjà. Il se démène sans cesse pour obtenir toujours plus et se focalise sur ce qui serait censé lui manquer.
Si vous aussi vous vous trouvez toujours être insatisfait, pensez un peu à Tony Montana, pensez à toutes les stars et personnalités réelles qui ont tout mais ne peuvent pour autant jamais se sentir heureux.
La combine n’est donc pas d’avoir toujours plus, mais de savoir limiter son désir.
Savourer ce que l’on a accompli, aimer ce qui nous entoure déjà et, en même temps, rêver de ce qui serait encore faisable ou de quelle expérience on peut facilement se nourrir.
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J.-P. Hiltenbrand, Insatisfaction dans le lien social (2005), Editions Humus : https://amzn.to/3dUDLHz
L. Aschner, Qu’est-ce qui m’empêche de me sentir bien ? – Pour en finir avec l’insatisfaction chronique (2005), Intereditions : https://amzn.to/31m4CHe
Commençons par une définition de la maladie d’Alzheimer :
La maladie d’Alzheimer est une maladie neuro-évolutive, qui se traduit principalement par des troubles de la mémoire et de l’orientation dans le temps et l’espace. À ce jour, il existe 1,2 millions de personnes malades en France dont 35 000 ont moins de 65 ans. C’est 225 000 nouveaux cas par an rien qu’en France alors que nous n’avons toujours pas de traitement curatif.
C’est le fait que notre mémoire et nos évolutions dans notre environnement constituent notre identité, notre personnalité et notre autonomie qui fait que cette maladie nous fait peur, nous avons tous conscience que ce soit pour nous ou nos proches que la maladie fait perdre ce que nous sommes pour nous, mais aussi pour les autres.
Quels sont les signes principaux de la maladie ?
Troubles de la mémoire :
Mémoire à court terme C’est ce qui assure le maintien de l’information pendant un temps limité. Avec la maladie, la capacité à garder une information quelques secondes ou à l’enregistrer est altérée et cela va forcément impacter les autres mémoires.
La mémoire épisodique Elle permet l’enregistrement d’informations nouvelles associées à un moment et un lieu. C’est la mémoire qui restaure le souvenir d’événements vécus personnellement est donc emprunt d’émotions. Au début de la maladie, la personne ne pourra plus faire entrer de nouveaux souvenirs mais pourra restituer ceux déjà mémorisés. Puis, elle perdra leur accès, des souvenirs les plus récents vers les plus anciens.
La mémoire sémantique Ces sont nos connaissances culturelles. La personne ne sait plus où et quand cette information a été apprise ce qui par conséquent rend difficile l’enregistrement de nouvelles connaissances et l’accès à sa culture générale.
Autres troubles cognitifs :
Les troubles du langage Il s’agit aussi bien de l’émission et de la réception du langage. Le vocabulaire s’amenuise et certains mots phonétiquement proches (bateau à la place de gâteau) sont substitués. Le langage peut finir par se réduire à des phrases automatiques.
Les fonctions exécutives Ce sont les aspects de la pensée de haut niveau indispensables à la vie : se concentrer, planifier, raisonner et s’adapter. Avec la progression de la maladie les fonctions exécutives diminuent en efficience, la personne aura tendance à abandonner progressivement les tâches liées à ces ressources.
Les gestes élaborés
Boutonner sa chemise par exemple devient difficile à réaliser. La motricité élémentaire quant à elle est longtemps préservée dans les formes habituelles de la maladie.
Les troubles de la reconnaissance Ils empêchent la reconnaissance visuelle, olfactive, auditive et même au toucher. On ne peut qu’imaginer à quel point cela aussi puisse être anxiogène.
Parallèlement aux troubles cognitifs vont apparaître des Troubles de l’humeur et du comportement :
Ils peuvent être la conséquence des lésions neurologiques mais aussi de la prise de conscience des troubles cognitifs. Tristesse, pessimisme, dévalorisation… La personne malade se décourage, pleure, pense qu’elle n’a pas d’avenir, qu’elle est un fardeau pour ses proches et évoque même parfois le désir de mourir.
De brusques changements d’humeur peuvent aussi survenir. La personne malade passe du chaud au froid et du froid au chaud en quelques instants et sans raison apparente. Cela se traduit par des crises de colère ou encore des difficultés à supporter des choses banales. Un simple retard à un rendez-vous peut provoquer une réaction de catastrophe.
Agressivité, déambulation, désinhibition, les troubles du comportement, eux, peuvent s’exprimer ou non durant la maladie. Ils sont la conséquence directe des lésions cérébrales mais leur expression et leur intensité peuvent être influencées par des facteurs environnementaux.
La Désorientation spatio-temporelle :
La personne malade peut aussi perdre progressivement ses repères dans le temps et dans l’espace. Même s’il existe des supports pour palier un temps à ces désorientations, ceux-ci ne peuvent aider la personne que jusqu’à un certain point de la maladie.
Il est important de comprendre que tous ses troubles ne se manifestent pas d’emblée. La maladie va se déclarer plus ou moins sur un plan ou un autre, et évoluer à différente vitesse selon les individus. Globalement, nous parlons de 3 stades d’évolution :
STADE LÉGER
Environ 25% de l’hippocampe diminue en volume et le lien entre mémoire à court terme et à long terme se fait plus difficilement. La personne a des oublis bénins de noms ou d’événements récents qui s’intensifient avec le temps.
STADE MODÉRÉ
D’autres zones du cerveau sont touchées, ce qui engendre des troubles des gestes, du langage et de la reconnaissance. La personne a besoin d’une aide pour certaines activités (se déplacer, gérer son budget, faire à manger, etc.).
STADE SÉVÈRE
Les lésions progressent et la récupération en mémoire des informations et événements passés est quasiment impossible. La personne a perdu son autonomie pour presque tous les actes de sa vie quotidienne.
Une question vient alors
QUELLES EN SONT LES CAUSES ET COMMENT LES PRÉVENIR ?
À ce jour, les chercheurs n’ont pas déterminé la ou les causes de l’installation de ces lésions. Le consensus se porte sur des causes pluri-factorielles.
Les facteurs biologiques peuvent être génétiques ou physiologiques, liés au développement de pathologies comme l’hypertension ou le diabète.
Les facteurs comportementaux concernent, eux, l’histoire de vie de chaque individu: son niveau d’étude, ses habitudes alimentaires, sa consommation de tabac et d’alcool.
Vous comprenez donc que face à une maladie sans traitement curatif et aussi impactante, la question de l’accompagnement est centrale.
C’est justement ce que France Alzheimer et maladies apparentées ont à coeur :
Proximité, accompagnement et inclusivité
Proximité :
Grâce à aux associations départementales et aux 2200 bénévoles, il existe une véritable proximité et un travail de terrain. L’ensemble des associations sont à l’écoute des familles et de leurs besoins en se trouvant à leur portée.
Cette proximité avec les personnes malades et les aidants permet de connaître les besoins et les attentes des familles, mais aussi de comprendre leur quotidien et leurs difficultés
Accompagnement :
Le travail de l’association montre tout le potentiel des activités stimulant les fonctions cognitives et sensorielles des personnes malades. Leurs familles, elles, doivent avoir un accompagnement sur-mesure qui leur permette de s’adapter aux différents stades de la maladie et de prendre de nécessaires temps de répit.
L’association accompagne les personnes malades, les aidants et les familles durant toutes les étapes de la maladie, en leur proposant des activités adaptées et une aide précieuse et diverse.
Inclusivité :
Tournée vers l’inclusivité, l’association France Alzheimer et maladies apparentées lutte contre toute forme de préjugés. La peur ou l’ignorance nous rend parfois impuissants ou mal à l’aise vis-à-vis de celles et ceux qui ne nous demandent qu’un peu de bienveillance.
Changer de regard sur la maladie, c’est aider les personnes concernées à poursuivre leurs activités sociales ou civiques. Changer de regard sur la maladie, c’est lutter contre les tabous qui empêchent des familles entières d’organiser leur parcours de soins, leur parcours de vie.
Face à une maladie terriblement anxiogène, l’association se bat contre les préjugés qui enferment et isolent, contre les peurs qui conduisent les personnes malades à retarder leur diagnostic, contre les tabous qui empêchent des familles entières de poursuivre leurs activités sociales ou civiques.
Les actions menées par les associations :
Sensibiliser l’opinion et les pouvoirs publics
L’association se mobilise et porte la voix des familles sur de nombreux sujets relatifs à la prise en soins des personnes malades et à l’accompagnement de leurs proches aidants.
Contribuer au progrès de la recherche
Cela passe par des projets de recherche innovants et prometteurs afin de faire avancer les connaissances scientifiques et médicales et ainsi mettre au point des traitements spécifiques et efficaces.
Former les professionnels de santé
Parce que lutter contre la maladie d’Alzheimer et les maladies apparentées, l’Institut France Alzheimer forme les professionnels qui accompagnent les personnes malades en perte d’autonomie.
Accompagner et soutenir les familles
Un malade, c’est toute une famille qui a besoin d’aide. Tout le réseau France Alzheimer et maladies apparentées, propose des solutions adaptées, à chaque étape de la maladie.
Jérémie Gallen,
psychologue clinicien,
psychothérapeute en ligne
Dans cet article nous allons découvrir les signes cliniques spécifiques aux borderlines,mais aussi et c’est pour le coup très important pour le traitement qui va s’ensuivre, les comorbidités fréquentes, c’est à dire les troubles fréquemment associés et le diagnostic différentiel le plus commun (Comme d’habitude, toutes les sources se trouvent en fin d’article). Nous illustrerons tout cela, comme toujours, avec un cas clinique tiré du cinéma et donc aujourd’hui, je vous conseille fortement d’avoir vu Mommy de Xavier Dolan avant de lire cet article car je vais devoir spoiler ce chef-d’oeuvre de bout en bout. Mais vraiment… je vais spoiler jusqu’à la dernière seconde du film…
Si l’on se réfère à la Classification International des Maladies (CIM-10), le trouble de la personnalité borderline fait partie des personnalités émotionnellement labiles.
Selon cette classification, cela veut dire, je cite : « une tendance nette à agir de façon impulsive et sans considération pour les conséquences possibles, une humeur imprévisible et capricieuse, une tendance aux explosions émotionnelles et une difficulté à contrôler les comportements impulsifs, une tendance à adopter un comportement querelleur et à entrer en conflit avec les autres, particulièrement lorsque les actes impulsifs sont contrariés ou empêchés. »
Si vous suivez bien les vidéos de la chaîne, ces caractéristiques devraient vous faire immédiatement penser aux « Va te faire suivre » numéros 27, 28, 29 et 30 DONC aux personnalités relevant d’une structure qui n’est ni névrotique, ni psychotique mais bien d’un état-limite.
Vous comprenez donc mieux pourquoi le diagnostic différentiel sera important.
La classification International des Maladies caractérise plus précisément le trouble de la personnalité borderline par :
des perturbations de l’image de soi,
des perturbations de l’établissement de projets et des préférences personnelles,
par un sentiment chronique de vide intérieur,
par des relations interpersonnelles intenses et instables et
par une tendance à adopter un comportement autodestructeur, comprenant des tentatives de suicide et des gestes suicidaires.
Avec tout le respect que j’ai pour cette classification, quand on reçoit en séance des personnalités borderline et quand on s’intéresse à une littérature plus large, on se rend vite compte qu’il manque ici une caractéristique majeure : l’Angoisse d’abandon.
Beaucoup d’auteurs se sont d’ailleurs servi des travaux de la psychologue et psychanalyste suisse Germaine Guex et de ses travaux depuis 1950 sur ce qu’elle appelait la névrose d’abandon pour rendre compte de la phénoménologie des états limites puis du Borderline.
Parler de la personnalité borderline sans aborder spécifiquement son rapport à l’abandon est une erreur qui justement va encore jouer en notre défaveur sur le plan diagnostic, donc aux caractéristiques précédemment cités.
Prenons la liberté de rajouter les manifestations d’angoisse d’abandon. Vous allez comprendre que cela est important pour le diagnostic différentiel.
Alors, concrètement, comment est-ce que tout cela va se manifester chez le sujet ?
Les perturbations de l’image de soi, C’est un aspect très important de la personnalité du borderline, la perturbation de l’image de soi fait que la personne n’a pas suffisamment d’assises sur ce qu’elle pense être en tant que personne, mais aussi, pour et par rapport aux autres.
Vous pouvez donc la voir tantôt un jour fonctionner d’une manière et un autre fois de façon complètement différente.Et nous touchons là à un point que je souhaite absolument que vous gardiez en mémoire concernant le borderline : les objets externes ont une importance bien plus grande que les objets internes ! Pour rappel selon le référentiel psychodynamique les objets sont à la fois des objets physiques, des personnes, des caractéristiques ou des qualités.Nous pouvons donc investir des objets, les projeter, les intégrer, les cliver etc. etc.Donc vous comprenez bien ce que cela veut dire pour les perturbations de l’image de soi : l’individu sera tributaire de ce que lui dit ou fait ressentir son environnement plutôt que de se référer à ce que lui-même pense de lui ou de ce qu’il ressent.
La personne ne peut pas s’appuyer sur son image de soi, sur ses émotions, sur ses pensées mais préfère plutôt porter du crédit et une importance faussée au caractère incertain et fluctuant que lui prête son environnement.
Perturbations de l’établissement de projets et des préférences personnelles, Dans la continuité de ce que l’on vient d’évoquer, cela joue particulièrement aussi sur ce que la personne borderline projette de son avenir.Les projets sont aussi soumis aux fluctuations du discours environnant, de l’image que cela renvoie de lui, des émotions que ça procure aux uns, aux autres et à lui-même…
C’est un peu comme si rien ne pouvait vraiment s’ancrer dans le sujet et qu’il était toujours balloté au grès des vents, des marais et de la houle…
Sentiment chronique de vide intérieur, Ici déjà nous pouvons faire un lien avec l’angoisse majeure d’abandon et ses conséquences.Comme évoqué, l’ancrage dans une identité forte fait défaut. Le sujet borderline va sans cesse chercher à l’extérieur ce qui devrait le constituer de l’intérieur. Mais vu que rien ne tient jamais, c’est le lourd sentiment de vide et souvent même de solitude qui domine.Ce qui fait normalement nos objets internes n’a pas de persistance suffisante et le borderline va sans cesse chercher à intégrer de nouveaux objets pour lui donner consistance, valeur et confiance.
Relations interpersonnelles intenses et instables Ici encore nous allons parler des objets précédemment cités.Pour le borderline, l’autre est un objet qui dit quelque chose de lui : « Si cette personne qui a tant de qualités est avec moi, c’est bien que j’ai des qualités et de la valeur ! »Les objets externes sont extrêmement polarisés, ils sont soit de très bons objets idéalisés et vus comme parfaits ; Soit de mauvais objets qu’il rejette, dont il ne voit, perçoit, rien de bon.Et oui, c’est bien la même chose pour les personnes. Elles vont souvent être complètement idéalisés tant que les émotions, les cognitions et autres expériences seront bonnes à ses côtés.
Une fois qu’un individu fait vivre une mauvaise expérience au borderline, il devient très facilement mauvais objet ou au moins cela va créer une déception extrêmement forte.
Comportements autodestructeurs (tentatives de suicide / gestes suicidaires).Imaginez que vos relations ne soient pas stables, que vous avez souvent le sentiment d’être vide de l’intérieur, que vos amis ou activité vous déçoivent, que vous ne savez pas exactement qui vous êtes et comment vous fonctionnez…Beaucoup vont donc choisir de vivre des expériences extrêmes et douloureuses pour maitriser un tant soit peu de leurs sensations et émotions. On va donc avoir des mises en danger, des scarification, de la toxicomanie qui sont également des sensations et émotions que l’on va pouvoir rejouer pour mieux les intégrer.Dans le pire des cas, les tentatives de suicides se présentent également comme la solution pour faire stopper toutes les souffrances et incompréhensions.Malheureusement ses actes ont plus quelque chose à voir avec l’impulsivité du borderline par rapport à ses ressenties et émotions qu’a un réel projet mûrit à long terme.
Angoisse d’abandonElle va se manifester aussi bien sur des interprétations réelles que fantasmatique, c’est à dire qu’un éloignement réel va être très difficile à vivre mais qu’un éloignement imaginaire va apporter les mêmes difficultés émotionnelles.Le borderline va presque modeler sa vie, agir en fonction de l’angoisse d’abandon. Tout va être fait pour ne pas être abandonné, le faux self aura notamment comme objectif de se faire accepter. On peut avoir des comportements de validations perpétuels sans jamais se positionner contre… Mais lorsque l’abandon sera plus où moins ressenti, le borderline aura toujours la même réaction impulsive : sa réaction infantile.Et ça c’est un vrai problème car lorsqu’il agit avec impulsivité sur un mode infantile, ça va rarement être la bonne réaction, le bon comportement, à la situation dans laquelle il se trouve.Du coup, on va avoir une auto-réalisation des prophéties avec bel et bien des abandons. Le borderline, va comme toujours accorder une importance démesurée aux éléments externes et valider sa croyance que l’autre l’abandonne alors que c’est dans la grande majorité des cas pour des causes internes qu’il subit un abandon.
C’est donc une flagrante erreur de locus de contrôle (c’est à dire placer la cause au mauvais endroit) mais c’est clairement consécutif et défensif pour sauver l’image du moi.
Vous voyez, chez le borderline, tout est lié et la boucle est bouclée.
Cas Clinique
Je vous propose à présent de nous intéresser à Steve O’connor Desprès, personnage de 15 ans dans le film Mommy de 2014 de Xavier Nolan.
Steve est immédiatement dépeint dans le film comme un garçon hyperactif qui vivait dans un centre de rééducation mais qui suite à des comportements dangereux et inappropriés envers autrui va devoir être récupéré par sa mère.
Je parle ici de son diagnostic qui est mis en avant car beaucoup de psychiatres et psychologues ont depuis repris cela dans plusieurs articles de blogs en disant que Steve était hyperactif avec un trouble oppositionnel…
Je vais vous expliquer en me basant exactement sur ses faits et gestes en quoi c’est insuffisant selon moi et dans un second temps, la partie diagnostic différentiel nous permettra d’être encore plus précis.
Ce qui est frappant chez Steve c’est qu’a aucun moment dans le film il n’est montré avec des amis ou en compagnie de personnes de son âge. Steve semble en difficulté pour lier des relations en revanche avec chaque personne qu’il rencontre. C’est justement ce qui est mis en scène avec la voisine Kyla qui est pourtant là pour l’aider. Il ne montre pas de gratitude envers elle, bien au contraire.
Irrespectueux envers Kyla, il devient finalement très respectueux et lui fait des déclarations régulières. Cette femme a réussi ce que beaucoup ne parviennent pas à faire avec Steve : gagner sa confiance et son respect – après si tout le monde doit le menacer jusqu’à ce qu’il se pisse dessus (littéralement dans le film) pour gagner son respect, on pourrait peut être travailler sur le rapport à l’autre et les enjeux relationnels.
Quoi qu’il en soit, il y a un aspect important dans la relation avec Kyla pour qu’elle finisse par devenir un bon objet : c’est qu’au départ, elle n’est pas un mauvais objet. Steve montre qu’il la trouve séduisante, elle ne lui fait pas d’ombre envers sa mère, elle a une faille visible, ou plutôt audible d’ailleurs. Pour Steve, Kyla est un objet ni bon, ni mauvais en soi, mais un objet qu’il pourrait convoiter et utiliser à ses fins. Ce n’est que plus tard qu’il va donc l’accepter comme femme digne de respect et qu’il va véritablement investir.
Ce n’est absolument pas le cas avec Paul, ce voisin qui pourrait professionnellement venir en aide à steve face à tous ses problèmes. Paul est vue par Steve seulement comme un mauvais objet. Sa mère tâche de lui expliquer à plusieurs reprises qu’ils ont besoin de lui pour l’aider dans son avenir, en faisant ça, on comprend que sa mère sait que Steve ne perçoit Paul que comme quelqu’un de néfaste, mais tente de lui faire entendre qu’il doit finir par le voir comme un sujet ambivalent. C’est à dire « oui, tu ne l’aime pas MAIS il n’est pas que mauvais, il y a aussi du bon ».
Steve ne parviendra pas à accéder à cette notion fondamentale et l’objet restera très polarisé négativement. Steve décidera d’abord de montrer encore plus d’amour à sa mère que ne peut lui en montrer ce concurrent qu’il minimise avant de péter les plombs et se laisser emporter par ses émotions. Il parvient ici à faire un coup double : évincer le concurrent et rester l’objet d’amour unique de sa mère. Enfin bon, ça se discute… Mais, on comprend bien que le bénéfice numéro 1 est de ne pas vivre un sentiment d’abandon.
Parlons à présent de la scène ou Steve embrasse sa mère sur la bouche… Est-ce qu’un enfant ayant un TDAH ferait ça ? Il ne faut pas confondre hyperactivité ET impulsivité, ce sont deux choses différentes. Ici, Steve témoigne de son manque de repères (sans mauvais jeu de mot) et c’est bien sur l’impulsion d’une tension libidinale (dira t-on pour rester prudent) qu’il se laisse aller à ce que ses ressentis lui dictent.
Last but not least, les comportements suicidaires de Steve : Pas besoin de faire un dessin, au détour d’une simple conversation dans un supermarché, il change de rayon pour trouver un couteau et se tailler les veines, ce qui en terme d’impulsivité est quand même difficile à battre… Et tant qu’à spoiler le film de A à Z et bien oui, il fait peu de doute que la fin du film se conclut sur une tentative de nouveau record de saut en longueur… Nous ne pouvons pas penser autre chose que le fait qu’il se défenestre.
Impulsivité, besoin d’amour, besoin d’être rassuré, clivage de l’objet, angoisse de perte d’objet, tentatives de suicides, tout dans le discours et le comportement de Steve nous montre une personnalité franchement borderline.
Alors ? Est-ce que mes confrères et consoeurs ont tort de dire que Steve a un Trouble du déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité ? Abordons à présent le diagnostic différentiel et les comorbidités du trouble de la personnalité borderline.
Diagnostic Différentiel
On ne va seulement aborder que 2 troubles qui méritent franchement d’être distingués du trouble borderline : le trouble bipolaire et le trouble anxieux.
Le trouble bipolaire
Il y a deux différences fondamentales entre le trouble bipolaire et le trouble borderline :
Les changements d’humeur du borderline sont rapides et sont surtout consécutifs de l’environnement. Le bipolaire, lui, va avoir des épisodes maniaques massifs, c’est à dire très forts en intensité et en durée, suivi d’épisodes dépressifs tout aussi massifs en intensité et en durée. Et là, ce sera clairement dû à des phénomènes internes du sujet.
Trouble anxieux
Vous pourrez toujours distinguer le borderline du trouble anxieux car la trame anxieuse du borderline tourne le plus souvent autour des questions relationnels, d’acceptation, de rejet, de confiance en soi et d’abandon. Le trouble anxieux lui, ne se cantonne pas seulement à ces dynamiques interpersonnelles.
Comorbidités
À présent voyons trois comorbidités extrêmement fréquentes pour le borderline : la dépression, le trouble anxieux et le TDAH !
Il est très simple de comprendre que face aux difficultés relationnelles récurrentes et persistantes du borderline, ainsi que son sentiment de vide intérieur chronique, celui-ci soit très souvent déprimé.
Nous allons également souvent retrouver un trouble anxieux en plus d’un trouble borderline car comme évoqué plusieurs fois, le borderline est extrêmement perméable à son environnement. Puisque les objets internes ne sont pas suffisamment étayants, suffisamment stable, trop d’importance est donnée à l’environnement et celui-ci est souvent assimilé comme persécuteur et anxiogène.
Enfin le trouble du déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité.
La comorbidité entre TDAH et trouble borderline est très forte. Un étude suédoise de 2018 ayant porté sur plus de 2,1 millions de personnes diagnostiqués entre 1997 et 2013 indique que les personnes présentant un TDAH ont 19,4 fois plus de chance que des non TDAH d’avoir un trouble de la personnalité borderline.
Dans une autre étude de 2011, des chercheurs ont quant à eux évalué que l’étiologie partagée (génétique – environnement) entre les symptômes du trouble borderline et du TDAH est une cause probable de la comorbidité des deux troubles.
Thérapie :
Les psychothérapies du trouble borderline sont aujourd’hui estimée comme efficaces. De nombreux articles en attestes. De même pour les traitements médicamenteux qui ont une efficacité prouvé lorsque la fenêtre optimale a été atteinte. Enfin, et bien évidemment, les meilleurs résultats à long termes se présentent lorsque l’on a un traitement médicamenteux additionnée à une psychothérapie.
Alors ? Est-ce que mes confrères et consoeurs ont tort lorsqu’ils disent que Steve est atteint d’un TDAH ? Où est-ce moi qui ai tort en maintenant qu’il a un trouble borderline ?
Et bien nous avons tous raison mais ce n’est pas du côté de diagnostic différentiel qu’il faut se positionner mais de la comorbidité. C’est à dire que oui, on peut avoir un bureau de tabac et la syphilis…
Steve a un trouble de la personnalité borderline ET un TDAH. Mais selon moi, la question de la personnalité est primordiale sur la question secondaire d’une manifestation de trouble de l’attention.
Tout le monde ne sera pas d’accord avec ce point de vue et tant mieux. Mais Cliniquement, je repère davantage de bénéfices thérapeutiques à soigner le trouble Borderline de Steve que son TDAH.
Dans la mesure où un psychologue travaillera mieux sur un trouble de la personnalité que sur un trouble plus neurodéveloppemental, je pars du principe que le bénéfice psychothérapeutique sera supérieur, et sur du plus long terme, en aidant Steve dans son rapport à l’autre, dans la construction d’une image de soi stable, en travaillant sur son angoisse d’abandon et en puisant des ressources internes et non soumises aux facteurs externes.
Dans cet article en trois parties, je vais vous expliquer quelles sont les spécificités cliniques et psychopathologiques du pervers Narcissique, nous étudierons un cas clinique par le biais de Fletcher, le chef d’orchestre pervers narcissique de l’extraordinaire film de Damien Chazelle : Whiplash, et enfin je vous donnerai les bases de la « self-défense psychique » pour vous défendre face aux pervers narcissiques !
Reprenons très rapidement les bases de la perversion :
Relation d’objet anaclitique
Ce qui veut dire que le rapport à l’autre est du côté de la dépendance, du besoin impérieux de l’autre pour vivre ou se sentir exister ET que l’autre ne sera pas considéré comme une personne ou objet total mais un objet partiel qui a uniquement pour fonction d’être utile au sujet pervers.
Un mécanisme de défense principal qui est le Déni
Nous avions donc vu à quel point le pervers ne voulait pas accepter une partie du réel, un manque qui lui est insupportable
Le clivage du moi
Pour fonctionner face et avec l’autre, le pervers va cacher une part de lui en ayant une partie tout à fait adaptée voire, sociable ET une partie complètement séparée qui assouvie d’abord et avant tout ses pulsions et désirs sans se soucier d’autrui.
Et bien chez le PERVERS… NARCISSIQUE nous avons tous ces éléments de la perversion ET ceux plus spécifiques d’un trouble majeur de la personnalité narcissique !
Pour le psychiatre Alberto Eiguer, la perversion narcissique allie 2 éléments : la destructivité et la compromission d’une autre psyché, ce qu’il appelle l’ « extraterritorialité », le sujet cherche la « résolution externe de ses conflits internes« .
Vous voyez que c’est très anaclytique comme fonctionnement, il s’appuie clairement sur l’autre dans un rapport de dépendance / manipulation / voire harcèlement. Alberto Eiguer nous parle encore de forme de perversion morale là où pour d’autres perversions il va souvent s’agir de perversion sexuelle. Il ajoute que c’est « une extrême du narcissisme« .
Pour les pervers narcissique, on peut vraiment penser que l’objet dont il sont castrés, ce qui leur manque, ce qui leur est absolument insupportable, c’est l’estime véritable de soi.
Ils ont une très mauvaise image de soi, vraiment négative. Du coup, Si le pervers narcissique fonctionne sur du déni, du clivage du moi, une angoisse de castration et un rapport d’objet anaclitique… Qu’est-ce que ça peut impliquer comme comportement défensif ?
1 – Déni :
Il va nier sa mauvaise estime de lui, grâce au déni, il va justement montrer une grande confiance en lui, il confond son moi idéal avec l’image du moi, ce qui peut donner lieu à des pensées, des discours et des positionnements mégalomaniaques.
Il est dans le déni de ses propres difficultés, de sa culpabilité, de ses peurs et angoisses.
Comme nous le présentions dans l’article précédent, le pervers a un fonctionnement très infantil. Donc comme dans une cours de récréation, nous avons affaire à un enfant qui nous dit : « C’est pas moi, même pas peur et même pas vrai !«
2 – Clivage du moi :
Comme déjà évoqué, le pervers déni une part du réel tout en en ayant conscience.
Donc pour tenir face à cette image de soi extrêmement blessée, le pervers narcissique a une partie qui pourrait accepter que oui, il a une blessure narcissique profonde mais « NON, je ne veux pas le voir et je vais agir comme si ce n’était pas le cas« .
Il va donc plutôt mettre en avant sa partie de l’idéal du moi, se poser en référence, en « être non castré » ou parfait et sans manque si vous préférez et rares seront celles et ceux qui auront accès à l’autre partie clivée du moi.
C’est un secret extrêmement bien gardé.
Ce clivage du moi va également jouer sur un aspect assez technique des défenses du moi : La projection.
La projection est une défense typiquement névrotique qui signifie le fait qu’une pensée, une émotion ou un acte que je ne tolère pas en moi, je le projette chez l’autre. C’est pourquoi avec le pervers narcissique tout ce que l’autre fait est volontaire et mal intentionné.
(c’est une déformation du réel)
« Si je suis en retard ce n’est absolument pas de ma faute mais parce que ce matin tu ne m’as pas préparé mon café, j’ai perdu du temps car tu es trop égoiste pour avoir pensé à moi !«
La projection est la défense qui rend compte de ce qu’évoque le Docteur Eiguer quant à la résolution externe des conflits internes.
3 – Angoisse de perte d’objet :
Elle se situe vraiment autours du narcissisme. « J’ai une blessure narcissique très profonde mais je tente par tous les moyens de la restaurer« .
Ce qui est insupportable au pervers narcissique c’est de voir que l’autre ait une bonne image de soi, une joie de vivre, que ce soit une bonne et belle personne.
Et Ça, ça pointe très exactement ce qui lui manque. C’est lui montrer ce qu’il convoite, lui montrer quelque chose qu’il n’a pas et qu’il cherche pourtant coûte que coûte de tout son être. Il le cherche et en même temps fait croire qu’il l’a qu’il possède cette bonne image face à quiconque.
C’est là que se situe parfois le délire de grandeur, il s’invente une place supérieure pour ne pas voir à chaque fois que cette place est fausse ou perdue.
Symboliquement, on peut représenter comme « fétiche« , ce serait un peu le narcissisme des autres qu’il souhaite démolir pour l’en ôter lui aussi ou mieux, se le procurer. Ce qui nous amène très logiquement à la
4 – Relation analclitique :
Les pervers narcissiques vont obligatoirement avoir besoin d’un autre pour se sentir exister, tâcher de se faire idolâtrer, pour le mettre plus bas que terre et ainsi se sentir au dessus. L’autre est son objet par lequel il va obtenir jouissance.
Dans la littérature, il y a un terme qui revient beaucoup et qui est tout à fait significatif, c’est le fait de vampiriser. Comme un vampire, le pervers narcissique ne peut vivre sans un autre qui le nourrit. Si le vampire ne boit pas le sang de ses victimes, il meurt, pour les pervers narcissiques c’est pareil. Si l’autre n’est pas là pour lui fournir ses qualités, accepter la culpabilité, la faute ou être le mauvais objet à sa place, le pervers narcissique s’effondre et s’efforcera de trouver un nouveau complice.
Oui je parle de « complice » et non pas de victime tout comme l’évoque Alberto et vous comprendrez mieux pourquoi à la fin de cet article…
5 – Le respect des règles :
Pour le pervers narcissique comme pour le pervers, le rapport à la loi est problématique. Mais celui-ci va très souvent chercher à faire entendre que la loi est stupide, inutile voire, néfaste.
C’est très spécifique de ce fonctionnement. SA règle À LUI est mieux puisqu’elle est plus intelligente, plus logique. Mais ça ne prend en compte que son point de vue et ses bénéfices personnels.
Il va donc toujours dépasser des règles sociales ou judiciaires. Mais pas pour se faire prendre et punir non. Juste suffisamment pour que s’il se fasse prendre, il ait un simple rappel à l’ordre ou aucune possibilité de payer le prix fort de ses actes. C’est un don. Ces gens connaissent les lois par coeur ainsi que tous les vides juridiques dans lesquels évoluer.
Étude de cas
Essayons à présent de repérer ces 5 critères ainsi que d’autres manifestations significatives dans une étude de cas à travers le personnage de Fletcher dans le film Whiplash :
Comment Agir face à un pervers narcissique ?
Comme évoqué plus tôt, vous avez vu que j’ai préféré employer le terme de « complice » du pervers narcissique plutôt que de « victime » car il faut savoir que certaines structures de personnalité sont plus propices à ce qu’un pervers narcissique se serve d’eux comme objet. Attention, cela ne veut pas dire que le ou la complice doive t-être culpabilisé et le pervers narcissique disculpé de ses actes. NON. Cela veut dire que plutôt que d’adopter une position passive de victime qui n’apporte rien de bon, analyser en quoi est-ce que l’on a pu être complice des abus de l’autre peut nous permettre d’être actif, moteur des changements que l’on va décider d’opérer, pour se sortir de cette emprise.
Donc qu’est-il possible d’analyser, de conscientiser, de mettre en place pour prendre le dessus sur une personnalité perverse narcissique ? Est-ce que ça m’appartient ou est-ce lui qui me le projette dessus ? C’est à dire est-ce que j’ai vraiment quelque chose à voir avec ce qu’il me reproche ou c’est de son problème dont il s’agit ?Le pervers narcissique ne reconnait rien de négatif en lui donc il le projette. En relevant ce qui n’a rien avoir avec moi, je conserve MA limite et pas la sienne.
Cela est particulièrement vrai au travail. Lorsqu’un supérieur hiérarchique fait le gentil, vous tutoies et demande à ce que vous le tutoyez également, rentre dans le domaine privé et personnel… Si c’est un pervers narcissique, il saura utiliser tout cela pour un bon retour de manivelle. En restant dans votre limite et pas celle du pervers narcissique, vous vous protégez de ce qu’il pourrait garder en mémoire pour vous mettre en situation délicate et plus tard, vous faire passer pour le mauvais objet.
Ne pas partager ses failles Comme avec Fletcher dans notre cas clinique, le pervers narcissique sait reconnaitre les failles chez les sujets, c’est un excellent observateur. Il trouvera vos failles pour les mettre au grand jour et ainsi se mettre en position de force. Ne lui facilitez pas la tâche, ne lui donnez pas le bâton pour vous faire battre, faites passer vos erreurs et failles sous silence.
Notez les actes et paroles qu’il fait ou dit pour le mettre face à lui même lorsqu’il s’en défend. En tant que bon objet, pur et parfait, le pervers narcissique à horreur qu’on le mette à défaut. En général, lui pointer quelques fois objectivement ses manipulations et erreurs peut le faire fuir,car soulever ses défauts vient percuter son déni et son clivage du moi donc il est probable que ce soit lui qui décide de vous évincer de sa vie.
Couper la relation.
La relation anaclitique dont nous avons beaucoup parlé rend les pervers narcissiques et leur complice comme un toxicomane et son produit. Donc le manque, la perte de SON objet est insupportable. Et Là, le pervers narcissique va mettre « tapis » et va se montrer plus pervers que jamais avec beaucoup de chantage affectif, mais il faudra tenir bon.Il va bientôt déprimer très fort et angoisser. Jusqu’à trouver un nouveau complice avec qui se sentir à nouveau exister.
Faire appel à un tiers. La relation est duelle et c’est donc noir ou blanc, vrai ou faux, il n’y a pas de demi-mesure. C’est l’autre qui a tort. Point barre. En faisant appel à une tiers personne, ça donne l’opportunité que l’on rassure le complice ou la victime sur le fait qu’il ne soit pas le mauvais objet. Le discours du pervers est entaché de doute et cela est bon pour tout le monde.
Faire appel à un professionnel. Et bien oui, pour analyser une situation dans laquelle on s’est embourbé inconsciemment ou parce que l’autre à été très fino, il est intéressant de venir analyser se qui se passe.Repérer les répétitions, les enjeux d’une relation et enfin trouver des actions que l’on souhaite mettre en place pour créer de nouvelles conséquences.
Si vous souhaitez plus de conseils et méthodes pour faire face à cette personnalité pathologique, je vous laisse ci après des sources très utiles :
– A. Eiguer, La perversion narcissique, un concept en évolution – Dans L’information psychiatrique 2008/3 (Volume 84), pages 193 à 199 : https://www.cairn.info/revue-l-inform…
Sur cet article, vous allez trouver les bases qui vont être énoncées pour comprendre (dans un autre article) ce que sont les perversions narcissiques.
Je vais tâcher de vulgariser au maximum ce concept mais c’est un sujet vraiment très, très complexe…
Dans ce court article nous allons donc voir ce qu’est la perversion, quelles sont ses principales manifestations – pour le sujet pervers mais aussi pour son entourage, et nous illustrerons tout ça à l’aide de Jame Gumb aka « Buffalo Bill » le tueur pervers du silence des agneaux.
Qu’est-ce que c’est la perversion ?
La perversion dans le Larousse est définit comme :
– L’action de corrompre une personne saine ou vulnérable,
La déviation des tendances normales (vous m’expliquerez ce qu’est la norme ça m’intéresse),
Et seulement en troisième définition : Pratique érotique d’un sujet dont les actes sont considérés comme immoraux ou antisociaux.
Vous constatez donc que, déjà dans le dictionnaire de la langue française, lorsqu’on parle de perversion on aborde 3 choses : La corruption d’un être, la déviation de la norme et le caractère sexuel.
En psychologie on va se décaler un petit peu de l’aspect normatif et de la bien-pensance pour donner à la perversion non plus un jugement de valeurs diabolisant comme cela à historiquement beaucoup été le cas, mais une lecture clinique et psychopathologique de cet agencement psychique.
On va donc avoir dans la perversion un rapport d’objet particulier, une angoisse et des défenses psychiques spécifiques.
La perversion fait partie des États-limites ou « Border-line » c’est à dire une astructuration entre la névrose et la psychose : Le sujet se situe DANS et À LA LIMITE des névroses et psychoses. Il peux puiser dans les défenses névrotiques comme psychotiques.
L’expression de la structure Borderline va se reconnaitre avec des manifestations majeures d’angoisse de perte d’objet, le symptôme principal en est la dépression et la relation d’objet est anaclitique, ce qui veut dire que le rapport à l’autre est du côté de la dépendance, de besoins impérieux d’un autre pour vivre ou se sentir exister.
Mais chez le pervers plus spécifiquement, Voici ce que nous allons principalement retrouver :
Un mécanisme de défense principal de Déni c’est à dire que le sujet refuse de reconnaître la réalité d’une perception traumatisante tout en la reconnaissant (d’une certaine manière).
Une relation d’objet anaclitique comme évoqué plus haut ce qui veut dire que l’autre ne sera pas considéré comme une personne ou objet total mais un objet partiel qui n’a pour fonction uniquement d’être utile au sujet pervers.
Pour bien comprendre, ouvrons une parenthèse :
(Freud parle pour le bébé de « pervers polymorphe » cela veut dire deux choses : le plaisir sexuel est auto-centré il est vers soi et pas vers un autre ET il passe par d’autres zones que les zones génitales pour accéder au plaisir. Les pieds, la bouche, l’anus, la peau, etc. C’est un objet partiel où se fixe la libido et cela peut aller se symboliser à travers un objet réel comme c’est le cas dans le cas du fétiche )
Partant de ce principe, vous comprenez que le pervers est soit en régression, soit en fixation sur ce rapport au plaisir infantile (ce qui est normal dans le développement psycho-affectif chez l’enfant mais plus à l’âge adulte).
Du coup, Le problème face à une personnalité perverse c’est sa propension à utiliser l’autre comme simple objet de jouissance et de satisfaction. Il ne se préoccupe pas de ce que cela lui fait vivre, de quel serait son plaisir.
Là où pour le névrosé, accéder à une sexualité génitale – ce qui très grossièrement suppose de se préoccuper du désir et du plaisir de l’autre – le névrosé donc, prend en compte l’autre, peut le respecter et peut être en empathie avec lui. Pour le pervers, c’est sa jouissance personnelle qui prime sur le reste. C’est très infantile comme fonctionnement, donc c’est problématique chez l’adulte.
Autre point fondamental à aborder : le clivage du moi. Le clivage du moi est le résultat d’une grande détresse chez le sujet. Comme nous l’avons dit plus tôt, un aspect du réel lui est insoutenable, il va donc nier ce réel. Mais en même temps… une partie de lui le sait.
En l’occurence, je vais résumer et vous faciliter la chose en vous disant que le pervers sait qu’il manque quelque chose dans le réel, que l’objet qu’il avait au départ idéalisé comme complet, parfait, immaculé est en fait manquant, défaillant, ne détient pas la toute puissance qu’il avait imaginé…
Et ÇA ! ÇA LE REND MALADE ! Le clivage du moi permet d’être dans le déni de ce manque et de chercher ce qui va venir combler, cacher, remplir ce manque ! Si on parle de manque, on doit parler de castration, c’est à dire de ce qui vient couper le sujet de sa pleine jouissance, ce qui vient se mettre en travers de l’accès parfait et illimité au plaisir et à l’objet de désir.
Quoi de mieux que la loi pour symboliser cette castration ? Quoi de mieux que l’interdit pour empêcher un sujet de jouïr sans entrave ??? Et bien justement ! Le pervers, la limite il s’en joue constamment ! Sa loi, ses règles, prévalent toujours sur les interdits et lois du commun des mortels. C’est un peu comme s’il se disait que votre castration il vous la laisse, lui, il mérite mieux que ça !
Etude de cas
Nous avons énoncer de nombreux aspects théoriques donc je vous propose à présent de profiter du cas de Jame Gumb (Buffalo Bill dans le silence des agneaux) pour passer à la pratique et que vous sachiez mieux repérer une structure perverse. Illustrons tout ça en vidéo :
À présent je pense que vous avez une bonne idée de ce qui caractérise la perversion au sens psychologique du terme. Mais n’oubliez pas qu’il est tout à fait possible de travailler sur ce que nous font vivre les pervers afin de ne plus en être les victimes de prêt ou de loin.
Pour se faire n’hésitez pas à consulter un thérapeute diplômé ou un psychologue… Et pourquoi pas grâce aux consultations à distances ?!?! 😉
Jérémie Gallen,
Psychologue et psychothérapeute en ligne
– A. Eiguer, La perversion narcissique, un concept en évolution – Dans L’information psychiatrique 2008/3 (Volume 84), pages 193 à 199 : https://www.cairn.info/revue-l-inform…
Crise de tétanie, crise d’angoisse, crise de spasmophilie…
Beaucoup de noms pour cette expérience qui ne peut clairement pas être traduite avec des mots et celles et ceux qui l’ont déjà vécu savent à quel point c’est vrai.
Le DSM 5 tente quand même d’en dire quelque chose avec comme à son habitude une liste de symptômes dont l’expression de au moins 4 symptômes de cette liste indiquent une attaque de panique :
Palpitations, battements de cœur ou accélération du rythme cardiaque.
Transpiration.
Tremblements ou secousses.
Sensations d’essoufflement ou d’étouffement.
Sensation d’étranglement.
Douleur ou gêne thoraciques.
Nausées ou gêne abdominale.
Sensation de vertige, d’instabilité, d’étourdissement, ou de faiblesse.
Frissons ou sensations de chaleur.
Paresthésie (c’est à dire des engourdissements ou picotements).
Déréalisation (c’est à dire un sentiment d’irréalité) ou dépersonnalisation ( l’impression d’être détaché de soi).
Peur de perdre le contrôle ou de « devenir fou ».
Peur de mourir.
J’attire votre attention sur le fait que sur les 13 signes de l’attaque de panique, 10 sont des ressentis somatiques, qui passent par le corps…
Et seulement 3 qui traduisent d’une expérience émotionnelle ou psychologique.
C’est pourquoi quand certains patients ont un trouble panique (c’est à dire des attaques de panique récurrentes) leurs proches les pensent souvent hypochondriaques.
Ce qui est faux.
Les ressentis qui vous font si peur sont réels et vous n’êtes pas fou.
Il faut donc nommer l’expérience pour ce qu’elle est : c’est une crise de panique. Cela réduit, voire, élimine les autres pensées hypochondriaques.
C’est transitoire ! Donc acceptez-le ! Acceptez non pas que vous allez mourir ou devenir fou mais acceptez que vous vivez une manifestation anxieuse transitoire. C’est extrêmement désagréable, c’est une très forte peur, c’est douloureux, mais ça ne dure que quelques minutes.
C’est une vague, un tsunami plutôt, quand on a à le vivre mais c’est un vécu transitoire. Ça finit toujours par se retirer. Ça n’entraine ni décompensation psychiatrique, ni la mort.
Je le répète, on ne peut pas mourir d’une attaque de panique !
Ce qui pose ensuite problème ce ne sont pas les éventuelles récurrences de crises… C’est l’idée que cela recommence !
L’idée que cela puisse revenir créé une anxiété suffisante pour ressentir une tachycardie, un souffle court, ou une sensation d’étranglement…
Tout ce qui rappelle la crise d’angoisse ! Cela va donc nourrir la peur, ce qui nourrit les sensations anxieuses,ce qui va aggraver le stress, ce qui va augmenter les sensations et donc… pourquoi pas, déclencher une nouvelle attaque de panique.
Vous comprenez donc que face à ce cercle vicieux, il est important que les pensées soient plus fortes que les émotions (ce qui s’apprend) mais il faut aussi aller chercher le sens de ce que votre inconscient souhaite vous communiquer.
Si vous ne comprenez pas quel est ce qui vous fait angoisse, vous pouvez très probablement généraliser l’angoisse à des stimulations et causes fausses et qui n’ont strictement rien à voir avec votre angoisse intime. Si ce n’est pas lié à une angoisse à proprement parlé, un conflit inconscient peut aussi en être à l’origine.
Car oui, une attaque de panique peut survenir à n’importe quelle occasion mais n’est pas exactement liée à ce qui se passe dans l’environnement direct. L’inconscient fait un lien particulier, symbolique, entre ce qui se passe dans le réel et une angoisse ou conflit que l’on parvient normalement à refouler, c’est à dire à garder en dehors du champ conscient.
Cela mérite une petite précision :
L’attaque de panique est différente de la phobie !
Rappelez-vous, une angoisse n’a pas d’objet, la peur, elle, est fixée sur un objet. La phobie est la peur d’un objet ou d’une situation, l’angoisse semble une peur diffuse sans objet.
Dans l’attaque de panique, nous ne sommes pas face à une peur liée à une situation ou un objet anxiogène, l’attaque de panique ou crise d’angoisse semble surgir de nul part.
Je dis bien semble, parce que lorsqu’on travaille en thérapie avec une personne qui a subit une attaque de panique, on fini dans la grande majorité des cas à percevoir l’angoisse inconsciente qui est à l’oeuvre chez le sujet, la peur qui est aussi inconsciemment liée à cette angoisse et généralement on parvient a faire un lien avec ce que la personne était en train d’effectuer.
Étude de cas
Pour comprendre cela, je vous propose de voir en vidéo ce que peuvent être des attaques de panique grâce au personnage de Tony Soprano, qui lui, en est au stade du trouble panique :
Les Facteurs de risque de l’attaque de panique :
le stress
Un traumatisme
Des cas de trouble panique dans la famille
La consommation d’excitants, voire parfois de toxiques
Comment aller mieux ?
Nommer la crise, ne pas partir sur des pensée d’accès à la folie, crise cardiaque ou autre
Demander de l’Écoute et du soutien au moment de la crise,
Mais quoi qu’il arrive, le mieux c’es de tâcher de se rassurer soi-même ! Et pour apprendre à se rassurer soi-même, comprendre véritablement à quoi les angoisses et conflits sont liés il faut suivre une thérapie. Enfin, il est toujours possible d’avoir recours à des anxiolytiques mais ce n’est pas mon domaine.
Mettre du sens sur ce que vous ressentez physiquement , savoir que vous ne devenez pas fou, que vous ne faites pas une rupture d’anévrisme ou un cancer du colon, non, vous faites une attaque de panique qui vous fait vivre des sensations de peur panique et ça met le bazar dans vos ressentis corporels.
Mettre du sens sur ce qui vous fait réellement peur ou ne vous convient pas dans votre vie et pas dans ce que vous étiez en train de faire.
Il n’y a qu’un lien symbolique avec ce que vous faisiez lors de votre première attaque de panique, pas un lien réel.
– Il faut laisser transiter la crise, la laisser nous traverser en cherchant à analyser non pas les ressentis mais les pensées refoulées qui tentent de se manifester. Les décisions ou les actes que nous n’avons pas encore fait, ce que nous redoutons qu’il puisse se passer dans notre vie.
Analyser et faire un pas de côté permet de ne pas se dire que ça va rester que ça va être pire.
Rappelez-vous ! C’est une vague. Les vagues vont et viennent avec différentes fréquences, avec différentes intensités, mais repartent toujours.
– C’est une crise émotionnelle et non pas logique, donc dire à quelqu’un en pleine crise « c’est pas grave, ça va aller » ne fait rien face aux sensations et émotions extrêmement effrayantes et douloureuse.
Il vaut mieux lui dire quelque chose du style : « oui, je comprends, ça te fais peur, mais respire, écoute le son de ma voix et dans quelques minutes toutes ces sensations vont diminuer puis disparaitre ».
Une crise d’angoisse, ça fait clairement trauma pour la personne. Mais lorsque l’on vie un trauma qui est lié à une expérience externe, c’est très différent que lorsqu’on vie un trauma lié à une expérience interne.
– Faire un travail de conscientisation, de méditation de pleine conscience pour être dans l’ici et maintenant et non pas se laisser happer par le vécu émotionnel. Je conseille également l’auto-hypnose qui est une pratique qu’il faut apprendre à faire auprès d’un hypnothérapeute mais c’est vraiment un excellent outil pour diminuer l’information corporelle ou la circonscrire.
Car oui, une des méthodes que j’apprécie particulièrement en auto-hypnose face à une crise d’angoisse c’est celle qui permet de percevoir l’attaque de panique simplement comme un bouquet d’informations, informations dont on va baisser le volume comme on le fait pour le son d’une télévision à l’aide d’une télécommande.
Jérémie Gallen,
Psychologue clinicien et psychothérapeute en ligne
Sources :
C. André, Psychologie de la peur : Craintes, angoisses et phobies (2004) Odile Jacob : https://amzn.to/3bXnYW3
M.-F. et E. Barret de Coquereaumont, J’arrête d’avoir peur !: 21 jours pour changer (2014) Edition Eyrolles : https://amzn.to/2wjGIzM
R. Baker, Les crises d’angoisse : Les comprendre pour mieux les maîtriser (2001) Empreintes : https://amzn.to/2Xgpezl
G. Nardone et E. Bozzi, Vaincre les attaques de panique : Grâce à la thérapie brève stratégique (2019) Enrick Editions : https://amzn.to/2RnFA5I