La notion de « folie » est complexe et peut être interprétée de différentes manières selon les cultures, les époques et les sociétés. En psychiatrie, on parle souvent de « troubles mentaux » plutôt que de folie. Mais la limite entre normal et pathologique est si floue que depuis les travaux de Georges Canguilhem, personne n’arrive à la déterminer d’une façon claire et définitive. La différence entre ce qui est normal et ce qui est pathologique en termes de comportement ou de symptômes dépend de plusieurs facteurs, tels que le contexte culturel, les normes sociales et les critères diagnostiques utilisés dans le domaine médical.
En général, le comportement ou les symptômes sont considérés comme normaux s’ils ne causent pas de détresse significative ou de handicap fonctionnel à la personne qui les présente, et s’ils sont cohérents avec les attentes culturelles et sociales. Par exemple, il est normal de ressentir de la tristesse ou de l’anxiété à certaines occasions, comme la perte d’un être cher ou l’anticipation d’un événement stressant.
En revanche, si ces émotions deviennent envahissantes, durent plus longtemps que prévu ou entraînent une détresse significative ou un handicap fonctionnel, elles peuvent être considérées comme pathologiques. De même, certains comportements, tels que la consommation modérée d’alcool, peuvent être considérés comme normaux dans certaines cultures ou contextes, mais peuvent être considérés comme pathologiques s’ils deviennent excessifs ou entraînent des conséquences négatives pour la santé ou le fonctionnement social.
Dans le domaine médical, la différence entre normal et pathologique est souvent déterminée par des critères diagnostiques tels que ceux établis dans le Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux (DSM) ou la Classification internationale des maladies (CIM). Ces critères peuvent varier selon les troubles et les contextes, mais ils sont souvent basés sur des symptômes spécifiques, leur durée et leur impact sur le fonctionnement social et professionnel de la personne.
En résumé, la différence entre normal et pathologique dépend du contexte culturel, des normes sociales et des critères diagnostiques utilisés. En général, les comportements ou symptômes sont considérés comme normaux s’ils sont cohérents avec les attentes culturelles et sociales, ne causent pas de détresse significative et ne nuisent pas au fonctionnement social et professionnel. En revanche, s’ils deviennent excessifs, envahissants ou entraînent une détresse significative ou un handicap fonctionnel, ils peuvent être considérés comme pathologiques.
Facteurs psychopathogènes
Les troubles mentaux peuvent être causés par une combinaison de facteurs biologiques, psychologiques et environnementaux. Voici donc quelques exemples de facteurs qui peuvent contribuer à l’apparition de troubles mentaux :
Les facteurs biologiques :
Des déséquilibres chimiques ou hormonaux, des prédispositions génétiques, des maladies ou des traumatismes cérébraux peuvent affecter le fonctionnement du cerveau et contribuer au développement de troubles mentaux. La prise de toxique est également un facteur qui vient déséquilibrer le psychisme.
Les facteurs psychologiques :
Des expériences traumatisantes, des conflits émotionnels non résolus, une faible estime de soi, des troubles de l’attachement ou des troubles de la personnalité peuvent tous contribuer à l’apparition de troubles mentaux. Des stress majeurs vont ainsi provoquer une décompensation de la structure psychique d’un individu qui jusqu’alors était en équilibre.
Facteurs environnementaux :
Le stress chronique, la pauvreté, la violence, la discrimination, la toxicomanie ou l’alcoolisme peuvent tous contribuer à l’apparition de troubles mentaux.
Il est important de souligner que les troubles mentaux sont des affections médicales qui peuvent être traitées et gérées avec une psychothérapie en présentiel ou à distance. Il est également important de noter que les personnes atteintes de troubles mentaux peuvent mener des vies productives et satisfaisantes avec un traitement et un soutien appropriés.
Sait-on lorsqu’on devient fou ?
Il n’y a pas de réponse simple à cette question car l’expérience de la « folie » ou des troubles mentaux peut varier considérablement d’une personne à l’autre, en fonction du type de trouble et de son intensité. Cependant, dans certains cas, il est possible pour une personne de percevoir les signes avant-coureurs de l’apparition de symptômes de troubles mentaux.
Les signes avant-coureurs peuvent varier selon les troubles mentaux, mais certains peuvent inclure :
Des changements dans les habitudes de sommeil ou d’alimentation
Des sentiments persistants de tristesse, d’anxiété ou d’irritabilité
Des difficultés à se concentrer ou à se souvenir des choses
Des pensées ou des comportements inhabituels ou impulsifs
Des changements dans la perception de la réalité, tels que des hallucinations ou des idées délirantes
Des difficultés à gérer les activités quotidiennes ou à maintenir des relations sociales.
Cependant, il est important de noter que les signes avant-coureurs ne sont pas toujours évidents et que certaines personnes peuvent ne pas reconnaître les changements dans leur comportement ou leur état mental. En outre, les troubles mentaux peuvent se développer lentement au fil du temps, ce qui peut rendre difficile la distinction entre ce qui est normal et ce qui ne l’est pas.
Si vous pensez que vous ou un proche présentez des signes avant-coureurs de troubles mentaux, il est important de chercher de l’aide auprès d’un psychologue ou un psychiatre dès que possible. Le traitement précoce peut aider à prévenir l’aggravation des symptômes et à améliorer les résultats à long terme.
Après une définition de ce qu’est l’interprétation en psychothérapie, nous allons voir si elle est propre à la psychologie, comment et sur quoi s’appuie une interprétation fiable et pertinente et surtout a-t-elle une valeur thérapeutique pour les patients ?
Tout au long de ce questionnement, je vais illustrer chaque point grâce au film Watchmen de Zack Snider car vous allez voir comment nous allons y rencontrer différentes interprétations, différentes ré-interprétations et les conséquences que cela va avoir pour les protagonistes.
Qu’est-ce que l’interprétation ?
Pour le Larousse, « Interpréter » c’est expliquer, ou donner un sens à un discours ou un récit.Pour ma part, j’avance dès à présent une première subtilité à cette définition pour qu’elle s’applique davantage à la définition psychologique de l’interprétation : Il ne s’agit pas tant de « donner » un sens, mais de « prêter » un sens.Cette précision est fondamentale et nous en reparlerons plus tard, mais je veux dès à présent casser le caractère définitif que pourrai revêtir l’interprétation en rappelant qu’elle n’est toujours qu’hypothèse.
Si l’on se réfère au « Vocabulaire de la psychanalyse » de Laplanche et Pontalis on trouve la définition suivante :
Dégagement, par l’investigation analytique, du sens latent dans le dire et les conduites d’un sujet. L’interprétation met à jour les modalités du conflit défensif et vise en dernier ressort le désir qui se formule dans toute production de l’inconscient.
Dans la cure, communication faite au sujet et visant à le faire accéder à ce sens latent selon les règles commandées par la direction et l’évolution de la cure.
Cela pose plusieurs bases importantes de l’interprétation :
l’interprétation ne doit pas sortir de nul part, mais bien d’une investigation précise et fondée, par l’analyse des manifestations concrètes du conflit psychique
Son moyen est de traduire un fait que le sujet n’a pu traduire par lui-même sur ses motivations, fantasmes et désirs propres
Son but est d’ouvrir un nouveau champ des possibles pour faire progresser la cureOn constate donc que l’interprétation à plusieurs valeurs, dont celle de respecter une méthodologie stricte et d’avoir une vertu thérapeutique.
On verra ça un peu plus loin en détail mais si une interprétation n’a pas ces deux valeurs minimum, autant se taire.
Par conséquent, Cela m’amène à deux idées reçues sur l’interprétation en psychanalyse :Un, elle ne peut être fréquente, car elle répond à une technique précise et qui ne se produit pas toutes les trois phrases de nos patients… Donc non, le psychologue et le psychanalyste n’interprètent pas à tout bout de champDeuxièmement, nous avons bien plus souvent affaire aux interprétations de nos patients qu’à celles du professionnel
Est-ce que l’interprétation est le propre de la psychologie ?
Bien sûr que non, elle est le fait de formuler une hypothèse et en aucun cas une vérité donc elle est appliquée et applicable à toute pratique et rapport humain.Dans le film Watchmen, on peut voir que toute la logique du film tourne autour de l’interprétation. Tout le monde se pose des questions et interprète ce qu’il se passe à la lumière des rares éléments en leur possession- Que ce soit les américains et les russes sur leurs motivations nucléaires
– Les Watchmens sur les motivations du Dr Manhattan
– La population sur le moment de l’apocalypse
– Rorschach sur les motivations du tueur de Watchmen
– Les Watchmen de façon générale interprètent la place qui devrait être la leur dans une société qui les pousse à se cacher et cesser toute activité
Dans une simple discussion, notre cerveau et notre sensibilité se conjuguent sans cesse pour interpréter notre environnement et ce qui nous est adressé. Nous sommes des êtres qui passent leur vie entière à interpréter le monde qui nous entoure pour lui donner un sens et il est constant que face à de nouvelles informations objectives ou subjectives nous ré-interprétions sans cesse ce que nous avions interprété au préalable.
Lorsqu’on se forme à un domaine particulier nous passons d’une interprétation non plus instinctive mais disons professionnelle. Que ce soit un médecin, un architecte, un boulanger, un maçon ou autre, le professionnel part toujours de l’analyse d’un certain nombre de données pertinentes de son domaine pour interpréter et s’adapter à la marche futur à suivre. L’expertise et l’expérience du professionnel vont donc l’amener à échafauder des interprétations de son milieu ou du problème de plus en plus précises mais sans jamais garantir que la première interprétation soit la bonne.
Il devra parfois ré-interpréter la situation pour une solution adéquat.
On voit donc très simplement que interprétations et ré-interprétations sont un outils personnels et professionnels que tout le monde utilise afin de s’adapter positivement à une situation.
Dernier exemple, le plus probant, l’analyse d’oeuvres artistiques. Quelle que soit l’oeuvre, nous savons pertinemment que son analyse et ses interprétations sont le fruit de notre connaissance de ce domaine, de son rapport aux autres productions, de son contexte, des émotions qu’elle suscite en nous et bien d’autres facteurs.
Mais une chose est certaine, je ne peux décemment pas avoir une analyse et une interprétation aussi précise et fondée qu’un critique d’art sur un tableau x ou y. Face à son interprétation de la jeune fille à la perle de Vermeer, je ferai certainement mieux de me taire. Mais disons que face à une interprétation que je porterai à un de mes patients, le critique d’art n’aurait certainement pas son mot à dire.
Est-ce que l’interprétation n’est utilisée qu’en psychanalyse ?
Ici encore, la réponse est non.Dans le film Watchmen, même si le personnage de Rorshcach est analysé au moyen de tests projectifs ce qui est à la fois un clin d’oeil et un stéréotype, ce n’est pas l’interprétation du psychiatre qui est la plus intéressante dans le film.Des interprétations plus importantes sont mises en avant et n’ont rien à voir avec de la psychanalyse.
Nous avons affaire à des interprétations
– politiques,
– médicales
– éthiques
– scientifiques et j’en passe
Cependant j’attire votre attention sur deux interprétations personnelles qui sont faites dans le film aussi bien par deux personnages que laissés en suspend pour le spectateur :
Il s’agit de la recherche liée à la filiation du spectre soyeux ET des raisons pour lesquelles Rorschach s’est tant ancré dans un fonctionnement obsessionnel pathologique. Le psychologue, quelle que soit son orientation théorique, se base chaque jour, à chaque séance, sur son interprétation du matériel clinique à sa disposition. Tout d’abord pour ce qui concerne le diagnostic clinique.
Croire qu’en séance les patients nous énumèrent les signes cliniques du DSM est bien loin de la réalité.
Nos patients montrent quelques défenses, telle ou telle angoisse, tel ou tel rapport d’objet et c’est avec tous ces éléments parfois contradictoires que l’on doit interpréter la question diagnostique. Vous voyez que comme je le disais plus tôt, l’interprétation est davantage de l’ordre d’une hypothèse à valider ou infirmer que d’une vérité définitive.
Après, prenons pour exemple un psychologue cognitivo-comportementaliste, durant son suivi.
Il est dans l’obligation d’interpréter quels sont les liens positifs, neutres ou pathologiques entre pensées, émotions et comportement. Il le fait depuis son interprétation du discours de son patient qui lui même interprète son fonctionnement.
Comme tout psychologue clinicien qui se respecte, le psychologue TCC va doncdevoir interpréter, proposer, calibrer, ré-interpréter et réajuster son intervention. En tout cas, quand il fait bien le job…
Parce que là je peux pas m’empêcher de penser aux psys qui disent à l’avance combien de séances il va y avoir à leurs patients, ce qui est la meilleure preuve que le psy en question ne compte certainement pas les écouter mais administrer son protocole de but en blanc quoi qu’il arrive…
Enfin, j’insiste sur ce qui me semble être le point le plus important à prendre en considération : L’interprétation est le plus souvent, l’interprétation du patient.
En tant que psychologue, psychothérapeute ou psychanalyste, nous devons régulièrement remettre en question si ce n’est stopper net certaines interprétations de nos patients qui leur sont délétères. Face à une interprétation complètement erronée qui témoigne seulement de mécanismes de défenses, d’enfermement dans des schémas ou de biais cognitifs flagrants, briser la première interprétation afin d’en faire émerger de nouvelles est primordial.
Sur quelles données s’appuieune interprétation ?
Dans Watchmen, l’intrigue est similaire à une enquête. L’enquête de Rorschach. En ce sens, elle nous est présentée par son point de vue, or, c’est la 35ème fois que je le dis : « Toutes les vérités auxquelles nous tenons…
À l’instar d’une enquête policière, Rorschach recherche les pistes, les signes et preuves qui vont le mener petit à petit à interpréter des faits, des actes et de façon plus générale, son environnement. Même si a plusieurs moments ses interprétations vont reposer sur quelques biais cognitifs, il finira malgré tout à remanier et ré-interpréter les choses pour parvenir à son coupable…
Son interprétation nous indique donc qu’elle ne se fait pas de façon aléatoire, mais suis une méthodologie, ce qui lui permet de ne pas en faire une certitude, mais un objet mouvant et sensible aux variations des données en sa possession.
Avant de parler de la méthodologie propre à la formulation d’une interprétation solide et pertinente en psychothérapie, il est nécessaire d’aborder le concept de « psychanalyse sauvage ».
Cela renvoi au texte « De la psychanalyse sauvage » de Freud qui en 1910 écrit un court texte riche d’enseignements sur l’interprétation. Dans ce texte, il prend l’exemple d’un médecin ayant donné une interprétation à sa patiente, laquelle s’est tout de suite braquée contre l’interprétation en elle-même et contre son médecin.
Celui-ci aurait selon Freud bafoué les deux règles inhérentes à une bonne interprétation :
– Un, Ne pas attendre que le patient parvienne lui-même à proximité de ce qu’il a refoulé
–Deuxièmement, qu’il n’y ai pas un transfert positif suffisant du patient envers son médecin, ce que l’on peut traduire par le fait que le patient n’a pas eu le temps d’accorder un savoir suffisant à son médecin.
Une interprétation sauvage est donc une interprétation hâtive, qui ne s’appuie sur rien ou pas grand chose et que le patient ne peut sous tendre et lier à des faits objectifs.
Piera Aulagnier, psychiatre et psychanalyste française, parle par exemple de « violence de l’interprétation » et Ester Bick, psychanalyste britannique nous encourage à ne surtout pas « sauter dans des interprétations ».
Vers la fin du texte de Freud sur la psychanalyse sauvage, celui-ci nous rappelle encore « Sans compter du reste que, parfois, on devine faux et qu’on n’est jamais à même de tout deviner ».
Tout cela pour souligner qu’une interprétation est le fruit d’un travail sérieux et méthodique qui se prépare avant d’être prêté à un patient.
L’interprétation en psychologie et en psychanalyse se doit de s’appuyer sur un faisceau de signes cliniques significatifs et objectivants ; d’éléments du langage verbal et non verbal ; d’actes et comportements ; sur des manifestations que le patient perçoit ou tend à percevoir
Sans cela, nous ne sommes pas dans une interprétation mais plutôt une « analyse sauvage »
La méthodologie de l’interprétation est de collecter un certain nombre de données dans le discours, les actes ou projections d’un sujet pour sous-tendre un sens plus profond, moins facile à s’avouer, que l’on rejetterai de prime abord alors que tout dans notre discours et nos actes le clame « haut et fort ». Pour rappel, le patient lui aussi nous donne souvent des interprétations que, pour des raisons éthiques et thérapeutiques, nous devons parfois réfuter.
Collecter les éléments de discours, les manifestations, tous les éléments qui justifient une interprétation et ne la proposer que lorsque le transfert est établi avec un patient proche d’une conclusion similaire, voilà ce qui sous tend une interprétation en séance.
Est-ce que l’interprétation est thérapeutique ?
Quand on se pose la question de l’effet thérapeutique de l’interprétation, ça pose la question « quoi d’autre serait thérapeutique » ? Quelles que soient les thérapies le but est toujours le même, notre patient vient avec une représentation du monde qui le fait souffrir, cela impacte ses cognitions, émotions ou comportements c’est à dire un symptôme qui vient pour tenter de rendre la chose plus supportable.Quelle que soit la thérapie, prêter une autre interprétation, qu’elle soit analytique, cognitive, systémique ou comportementale permet au patient de faire ce premier pas de côté vers SA ré-interprétation et SON repositionnement en tant que sujet.
En ce sens, on ne peut pas dire que l’interprétation émanant du psychologue ne soit thérapeutique. Aussi précise et juste soit-elle l’interprétation n’est pas thérapeutique car elle peut s’évaporer ou n’avoir aucune consistance pour le patient. Ce qui est thérapeutique c’est la ré-interprétation du sujet. Lorsque celui-ci prête une valeur à une interprétation, qu’il la laisse venir faire son travail de bousculer la certitude symptomatique.
Là où le film nous éclaire le plus, c’est sur cet aspect purement subjectif de l’interprétation et comment celle-ci peut à la fois être inacceptable, voire, pathologique ou alors, être thérapeutique car elle vient résoudre une problématique interne. Watchmen est fantastique pour illustrer ces deux possibles :
– Lorsque le sens final est dévoilé, Rorschach n’accepte pas d’adhérer à l’interprétation que lui propose de faire OzzyMandias. Il ne peut accepter cette interprétation qui lui est prêtée. Il garde sa souffrance, il garde son symptôme. Rien ne va changer dans la vision qui est la sienne. Cette scène me mets d’ailleurs un énorme doute sur mon hypothèse structurelle de Rorschach, je ne sais pas si on a un obsessionnel de compétition ou un paranoïaque… Les éléments de la scène de fin viennent bousculer mon interprétation première…
– De l’autre côté, nous avons trois personnages différents qui étaient malades au préalable de l’acte d’OzzyMandias, et de l’interprétation qu’ils en avaient. Cette interprétation leur était tout bonnement intolérable… Puis OzzyMandias leur propose son interprétation. Aussi difficile que cela puisse l’être, le Spectre soyeux, le Docteur Manhattan et le hiboux finissent, non sans mal, à accepter cette nouvelle interprétation.
Cela leur fait ré-interpréter leur positionnement et leur vécu. Cela change surtout la façon qu’ils vont avoir de vivre.
On sent leur douleur, l’impossibilité de vivre avec un tel poids s’ils ne viennent pas à bout de ce grand méchant…
Pour finalement l’accepter et très bien vivre leur vie par la suite… Chose dont n’a pas pu être capable Rorschach.
Chaque patient entendra l’interprétation de son psy comme une hypothèse à laquelle il va nouer un sens. Son sens. L’interprétation doit faire RÉ-agir. Dans un agir autre. Voilà ce que fait l’interprétation.
Le patient opère un pas de côté, ré-interprète son symptôme dans un nouveau champ de possibles. Les barrières sont repoussées et c’est lui qui peut alors décider et trouver une nouvelle voie à son symptôme. Que cela nécessite un nouveau comportement, une nouvelle gestion d’émotion, un nouveau rapport à soi, un nouveau rapport à l’autre.
L’interprétation n’est pas thérapeutique, c’est la porte qu’elle ouvre au patient qui l’est.
Rappelez vous que l’être humain n’est cognitivement pas capable de se représenter le monde tel qu’il est dans le réel. Il n’y a donc pas pour lui nécessité à coller à une vérité universelle. Cela ne serait en rien thérapeutique. Ce sont les représentations que chacun se fait de son environnement et des événements qui alternent entre représentations supportables et représentations pathologiques. Pas les faits objectifs. Notre propre interprétation est la source de notre souffrance psychique.
La ré-interprétation est la clé d’une vie psychique apaisée.
Qui critique la pertinence de l’interprétation ?
Il est de bon ton aujourd’hui pour certains « experts » auto-proclamés de remettre en question la pertinence de l’interprétation psychanalytique.Ces personnes qui – la plupart du temps ne sont pas cliniciens, c’est à dire qu’ils n’ont pas de patients et n’assurent donc pas de suivi psychothérapeutique – cherchent à véhiculer l’idée que l’interprétation est le fait de chercher un sens à tout prix, là où, il n’y en aurait pas et quand bien même il y en aurait un, cela n’aurait pas de valeur.Ils se basent sur des croyances théoriques selon lesquelles des méthodes clefs en main, adaptées à tous et universelles, pourraient être administrées telle des traitements pharmaceutiques et venir en aide à toute la population. Travailler auprès de vrais patients et non de cohortes balaye instantanément ce genre de critiques et croyances intenables dès la première rencontre avec une vraie personne en souffrance.
C’est cocasse mais dans le film c’est la représentation même de l’interprétation de la projection et de l’interprétation qui est dans l’incapacité de faire preuve de souplesse psychique. En croyant à tout prix qu’il n’existe que LA vérité, une vérité pure et objective à laquelle se soumettre, Rorschach est aveuglé et ne souhaite pas voir le plus important.
L’être humain est tel que les faits objectifs n’ont que peu de valeur sur sa pensée. Il est davantage dominé par ses croyances et émotions que par la logique. Il oublie donc que ce n’est pas la logique de l’être humain qui le sauve mais sa spécificité sensible et subjective.
C’est ça qui sauve chaque sujet, rien d’autre.
Tout être humain en souffrance cherche un sens à ses actes, comportements et à sa vie en général. Lui ôter ça, ne pas l’accompagner dans cette recherche revient tout simplement à ne pas l’écouter et juger immédiatement de ce qui serait le mieux pour lui. Rien à voir donc avec le travail de psychologue quel que soit son référentiel théorique.
Nous avons encore affaire à des critiques projectives et non de professionnels de terrain.
Ils confondent l’interprétation sauvage avec l’interprétation comme outil psychothérapeutique par manque de connaissance et d’expérience. Cette critique faite à la cure psychanalytique est encore et toujours véhiculée par des personnes qui revendiquent un savoir et une expérience qu’ils n’ont tout simplement pas.
Pour conclure
Pour conclure, je rappellerai que l’interprétation est un outil universel qui nous permet de représenter notre monde interne et le monde externe.Parfois, l’interprétation nous sauve, parfois elle est douloureuse. Chaque personne doit donc se rappeler le caractère hypothétique de ses interprétations et être prêt à la ré-interprétation personnelle.
Comme évoqué, l’interprétation d’un tiers amène une ré-interprétation personnelle. C’est vraiment pour cette raison qu’une interprétation doit-être méthodique, bienveillante et justifiée dans le temps et la relation.
C’est ce qui fait la différence entre une interprétation à visée thérapeutique et une interprétation sauvage qui peut parfois mener à des représentations liberticides et pathogènes.
Dr Manhatan dans Watchmen nous est présenté comme un demi dieu mais lui aussi pointe sa limite : « Je peux changer à peu près n’importe quoi, mais la nature humaine je ne peux la changer »
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Oui, vous pouvez vous dire que ce n’est pas un sujet de psychologie… Mais laissez-moi vous montrer comment Scarface, le film culte de DePalma nous apprends de grands fondamentaux de psychologie.
Il nous faut dès à présent poser le contexte pour que vous compreniez en quoi ce film est culte alors que le personnage de Tony Montana m’est particulièrement antipathique.
Scarface est un film sortie en 1983, de Brian de Palma, petit réalisateur qui, fun fact, découvrit robert de Niro dans « the wedding » party en 1963 même si le film sort au final en 1969.
D’après un scénario de Oliver Stone il faut bien se douter que l’on est pas seulement dans un simple film de gangster mais un film qui aura une valeur de critique ou tout du moins de regard politique et social puisqu’Oliver Stone est un artiste engagé avec des idées fortes et assumées. Nier cet aspect du film est selon moi une grave erreur si on veut en comprendre le véritable regard et ce qu’il souhaite dénoncer.
En bref, l’histoire de scarface prend appui sur un fait réel : l’exode de Mariel. Un événement de l’histoire cubaine durant lequel le régime de Fidel Castro expulse près de 125 000 Cubains considérés comme contrerévolutionnaires.Le choix de De Palma, dès le début du film, en nous montrant des images d’archives, indique son souhait de nous montrer une réalité. En l’occurence Oliver Stone, nous propose son idée autour du désir de passer du communisme au libéralisme, par la fuite de Cuba vers les Étas-Unis.
Toujours pas de psychologie mais patience, nous allons y venir…
Là où le plus souvent on entend parler de scarface comme l’ascension d’un homme partit de rien pour arriver au sommet – ce qui est la première strate de lecture – Tony Montana nous montre surtout l’ascension d’un homme qui est prêt à tout, qui ne respecte rien ni personne pour posséder et jouir toujours plus… Jusqu’à ce que ça le tue.
En gros, la problématique psychologique que nous illustre Scarface, c’est la problématique « limite ».
L’histoire de Tony Montana s’inscrit dans un passage du communisme où il se voit comme un mouton, vers la liberté et l’opulence, c’est à dire la promesse du rêve américain. Ce qui pour lui est synonyme d’avoir tout ce qu’il souhaite sans aucune limite.
Pour ma part, ce que je souhaite pointer c’est le symptôme de Tony Montana. Un symptôme de plus en plus répandu et qui n’est que rarement remis en question dans notre culture occidentale. Savoir se poser des limites. Limiter sa jouissance.
D’un point de vue psychopathologique, ce symptôme rend impossible le fait d’être heureux et d’être satisfait dans sa vie. Voyons ça directement avec Tony Montana,personnage qui selon moi-mérite beaucoup de choses mais pas d’être érigé au statut d’icône…
Attention la suite contient des spoilers.
Psychologie de Tony Montana
Dès le début du film, on voit que Tony parvient à s’extraire du camp de réfugié en tuant un homme. Ça annonce immédiatement la couleur. À aucun moment on peut nous faire croire que Tony respecte, les lois des hommes ou autres, il suit les opportunités qui mènent à ce qu’il convoite.Après une scène d’une rare violence dont Tony ressort plutôt vainqueur sur le plan business, il commence sa fameuse ascension dans laquelle il ne respecte pas son « boss » au point de lui piquer ouvertement sa femme et son réseau, il finit d’ailleurs par tuer son patron, manquer de respect à sa femme, tuer son meilleur ami et c’est au moment où on le voit pour la première fois avoir une position éthique : c’est en ne voulant pas tuer une femmes et des enfants innocents qu’il se retrouve enfin a avoir des ennuis qui causeront sa perte…
Bref, Tony Montana est un être horrible, certes, mais surtout il meure sans même avoir pu montrer de réels moments de bonheur. Et c’est ça qui nous intéresse sur le plan psychologique.
Le fonctionnement psychologique de ce self made man qui aura gravi tous les échelons peut-il au final mourir quasi seul et sans avoir pu profiter véritablement de sa richesses, de voitures de luxe, d’une maison luxueuse (mais de mauvais goût), d’une belle femme, d’un ami de confiance…
Et bien oui !
Le fait qu’il ne soit pas en mesure de limiter lui-même sa jouissance fait que cette limite ne puisse venir que d’un réel. C’est à dire de quelque chose qu’il ne peut se représenter ou imaginer.
Comment peut-il passer autant à côté de tout ce qui est sensé le rendre heureux puisque c’est ce qu’il a toujours convoité ?
Et bien la psychologie et la psychanalyse nous donnent plusieurs pistes précieuses pour répondre à cette question :
Pour les plus « neuros » d’entre vous, il est tout d’abord question de dopamine :
La dopamine entre en jeux lorsque l’on prévoit une récompense plus que lorsqu’on l’obtient véritablement.
Et point le plus important, l’espérance de la récompense, par la libération dedavantage de dopamine, va motiver le comportement, plus que le circuit de la récompense lui-même.
On peut retrouver des pistes similaires dans ce que Freud nomme dans ses premières théories du principe de plaisir. Pour le Freud du début du 20ème siècle, l’être humain acterai sa vie autour des plaisirs.
À partir de 1920, Freud parlera de l’au delà du principe de plaisir qui rend bien compte que ce qui motive le sujet va bien au de la de sa simple recherche de plaisir et que ça a à voir avec la pulsion de mort.
Ce qui nous amène très logiquement Chez Lacan et son concept de jouissance, où le plaisir est dépassé pour aller jusqu’au mortifère, à la souffrance. Et quand on voit Tony Montana, il est clairement plus du côté d’une jouissance que du plaisir. Ne parvenant pas à limiter sa jouissance, c’est le réel de la mort qui vient faire limite.Mais tout au long du film, on voit aussi combien il sera question de désir et Brian de Palma nous l’expose très pertinemmentgrâce au regard. Tony convoite certes, mais ce qu’il a de plus que les autres, c’est sa capacité à voir ce qui fait désir pour l’autre, ce que l’autre convoite. Et c’est ça qu’il cherche avant tout, qu’on le regarde, lui, avec convoitise.
Qu’il soit admiré pour son avoir et non pour son être. Une problématique narcissique classique mais que Tony Montana porte à son paroxysme.
« Convoitez ce que j’ai convoité car à présent je l’ai obtenu »
L’insatisfaction au service de la consommation
Malheureusement, la psychologie humaine nous montre constamment que l’être humain imagine des bénéfices certains face à un objet qu’il convoite pour finalement en être déçu une fois cette chose approchée, faite ou obtenue. La publicité fonctionne exactement sur ce processus : susciter l’envie et le désir en faisant miroiter au consommateur que c’est de telle ou telle chose dont il a besoin pour se sentir complet, sûr de lui ou encore heureux.
Rappelez-vous le nombre de fois ou vous avez désiré ardemment quelque chose pour qu’au final, au bout de quelques temps, vous n’en soyez plus satisfait et que vous commenciez naturellement à convoiter autre chose.
Et Tony il est complètement là dedans…
Cette phrase qui passe sur un zepplin : « the world is yours« , qu’il reprend sur une sculpture devant chez lui, nous dit clairement que le monde doit être à lui. Rien de moins.
Enfin, on peut aussi trouver une lecture similaire dans la bible lorsque Adam et Eve sont dans le jardin d’Eden et que la seule règle qui leur est donnée est qu’ils peuvent jouir de tout ce qui leur est offert, SAUF, de la pomme. Cette règle unique peut nous faire entendre que pour vivre au paradis et être heureux, il faut accepter de ne pas tout avoir, de savoir restreindre son désir pour qu’il y ai toujours du désir sans quoi, les difficultés arrivent…
Ce que j’observe très fréquemment dans mes séances, ce sont des hommes qui viennent consulter pour dépression et un manque flagrant de motivation pour toute chose une fois qu’ils ont 45-50 ans… Or, 45-50 ans, c’est souvent la période où les hommes ont fini par obtenir tout ce dont ils ont toujours rêvés. Ils ont enfin la situation professionnelle tant attendue, la femme, les enfants, le chien, l’écran plat, la belle voiture, et j’en passe. Passé ce moment, ils viennent en séance et ne savent plus du tout quel sens donner à leur vie. Ils sont comblés. Et ça les amis… L’être humain n’aime pas du tout. Mais alors pas du tout.
Le risque est alors d’aller chercher ailleurs ce qui sembleraifaire défaut. Ils souhaitent changer de vie, de travail, de femme… Mais le plus fréquemment, de voiture. 🙂
Pour conclure
Vous l’aurez compris, Tony Montana est un éternel insatisfait puisqu’il est obnubilé et ne pense toujours qu’à ce qui lui manque et non pas à ce qu’il a déjà. Il se démène sans cesse pour obtenir toujours plus et se focalise sur ce qui serait censé lui manquer.
Si vous aussi vous vous trouvez toujours être insatisfait, pensez un peu à Tony Montana, pensez à toutes les stars et personnalités réelles qui ont tout mais ne peuvent pour autant jamais se sentir heureux.
La combine n’est donc pas d’avoir toujours plus, mais de savoir limiter son désir.
Savourer ce que l’on a accompli, aimer ce qui nous entoure déjà et, en même temps, rêver de ce qui serait encore faisable ou de quelle expérience on peut facilement se nourrir.
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Pour en savoir plus :
P. Collignon, Heureux si je veux : En finir avec l’insatisfaction chronique (2015), Editions Eyrolles : https://amzn.to/3m904Mv
J.-P. Hiltenbrand, Insatisfaction dans le lien social (2005), Editions Humus : https://amzn.to/3dUDLHz
L. Aschner, Qu’est-ce qui m’empêche de me sentir bien ? – Pour en finir avec l’insatisfaction chronique (2005), Intereditions : https://amzn.to/31m4CHe
Dans cet article en trois parties, je vais vous expliquer quelles sont les spécificités cliniques et psychopathologiques du pervers Narcissique, nous étudierons un cas clinique par le biais de Fletcher, le chef d’orchestre pervers narcissique de l’extraordinaire film de Damien Chazelle : Whiplash, et enfin je vous donnerai les bases de la « self-défense psychique » pour vous défendre face aux pervers narcissiques !
Reprenons très rapidement les bases de la perversion :
Relation d’objet anaclitique
Ce qui veut dire que le rapport à l’autre est du côté de la dépendance, du besoin impérieux de l’autre pour vivre ou se sentir exister ET que l’autre ne sera pas considéré comme une personne ou objet total mais un objet partiel qui a uniquement pour fonction d’être utile au sujet pervers.
Un mécanisme de défense principal qui est le Déni
Nous avions donc vu à quel point le pervers ne voulait pas accepter une partie du réel, un manque qui lui est insupportable
Le clivage du moi
Pour fonctionner face et avec l’autre, le pervers va cacher une part de lui en ayant une partie tout à fait adaptée voire, sociable ET une partie complètement séparée qui assouvie d’abord et avant tout ses pulsions et désirs sans se soucier d’autrui.
Et bien chez le PERVERS… NARCISSIQUE nous avons tous ces éléments de la perversion ET ceux plus spécifiques d’un trouble majeur de la personnalité narcissique !
Pour le psychiatre Alberto Eiguer, la perversion narcissique allie 2 éléments : la destructivité et la compromission d’une autre psyché, ce qu’il appelle l’ « extraterritorialité », le sujet cherche la « résolution externe de ses conflits internes« .
Vous voyez que c’est très anaclytique comme fonctionnement, il s’appuie clairement sur l’autre dans un rapport de dépendance / manipulation / voire harcèlement. Alberto Eiguer nous parle encore de forme de perversion morale là où pour d’autres perversions il va souvent s’agir de perversion sexuelle. Il ajoute que c’est « une extrême du narcissisme« .
Pour les pervers narcissique, on peut vraiment penser que l’objet dont il sont castrés, ce qui leur manque, ce qui leur est absolument insupportable, c’est l’estime véritable de soi.
Ils ont une très mauvaise image de soi, vraiment négative. Du coup, Si le pervers narcissique fonctionne sur du déni, du clivage du moi, une angoisse de castration et un rapport d’objet anaclitique… Qu’est-ce que ça peut impliquer comme comportement défensif ?
1 – Déni :
Il va nier sa mauvaise estime de lui, grâce au déni, il va justement montrer une grande confiance en lui, il confond son moi idéal avec l’image du moi, ce qui peut donner lieu à des pensées, des discours et des positionnements mégalomaniaques.
Il est dans le déni de ses propres difficultés, de sa culpabilité, de ses peurs et angoisses.
Comme nous le présentions dans l’article précédent, le pervers a un fonctionnement très infantil. Donc comme dans une cours de récréation, nous avons affaire à un enfant qui nous dit : « C’est pas moi, même pas peur et même pas vrai !«
2 – Clivage du moi :
Comme déjà évoqué, le pervers déni une part du réel tout en en ayant conscience.
Donc pour tenir face à cette image de soi extrêmement blessée, le pervers narcissique a une partie qui pourrait accepter que oui, il a une blessure narcissique profonde mais « NON, je ne veux pas le voir et je vais agir comme si ce n’était pas le cas« .
Il va donc plutôt mettre en avant sa partie de l’idéal du moi, se poser en référence, en « être non castré » ou parfait et sans manque si vous préférez et rares seront celles et ceux qui auront accès à l’autre partie clivée du moi.
C’est un secret extrêmement bien gardé.
Ce clivage du moi va également jouer sur un aspect assez technique des défenses du moi : La projection.
La projection est une défense typiquement névrotique qui signifie le fait qu’une pensée, une émotion ou un acte que je ne tolère pas en moi, je le projette chez l’autre. C’est pourquoi avec le pervers narcissique tout ce que l’autre fait est volontaire et mal intentionné.
(c’est une déformation du réel)
« Si je suis en retard ce n’est absolument pas de ma faute mais parce que ce matin tu ne m’as pas préparé mon café, j’ai perdu du temps car tu es trop égoiste pour avoir pensé à moi !«
La projection est la défense qui rend compte de ce qu’évoque le Docteur Eiguer quant à la résolution externe des conflits internes.
3 – Angoisse de perte d’objet :
Elle se situe vraiment autours du narcissisme. « J’ai une blessure narcissique très profonde mais je tente par tous les moyens de la restaurer« .
Ce qui est insupportable au pervers narcissique c’est de voir que l’autre ait une bonne image de soi, une joie de vivre, que ce soit une bonne et belle personne.
Et Ça, ça pointe très exactement ce qui lui manque. C’est lui montrer ce qu’il convoite, lui montrer quelque chose qu’il n’a pas et qu’il cherche pourtant coûte que coûte de tout son être. Il le cherche et en même temps fait croire qu’il l’a qu’il possède cette bonne image face à quiconque.
C’est là que se situe parfois le délire de grandeur, il s’invente une place supérieure pour ne pas voir à chaque fois que cette place est fausse ou perdue.
Symboliquement, on peut représenter comme « fétiche« , ce serait un peu le narcissisme des autres qu’il souhaite démolir pour l’en ôter lui aussi ou mieux, se le procurer. Ce qui nous amène très logiquement à la
4 – Relation analclitique :
Les pervers narcissiques vont obligatoirement avoir besoin d’un autre pour se sentir exister, tâcher de se faire idolâtrer, pour le mettre plus bas que terre et ainsi se sentir au dessus. L’autre est son objet par lequel il va obtenir jouissance.
Dans la littérature, il y a un terme qui revient beaucoup et qui est tout à fait significatif, c’est le fait de vampiriser. Comme un vampire, le pervers narcissique ne peut vivre sans un autre qui le nourrit. Si le vampire ne boit pas le sang de ses victimes, il meurt, pour les pervers narcissiques c’est pareil. Si l’autre n’est pas là pour lui fournir ses qualités, accepter la culpabilité, la faute ou être le mauvais objet à sa place, le pervers narcissique s’effondre et s’efforcera de trouver un nouveau complice.
Oui je parle de « complice » et non pas de victime tout comme l’évoque Alberto et vous comprendrez mieux pourquoi à la fin de cet article…
5 – Le respect des règles :
Pour le pervers narcissique comme pour le pervers, le rapport à la loi est problématique. Mais celui-ci va très souvent chercher à faire entendre que la loi est stupide, inutile voire, néfaste.
C’est très spécifique de ce fonctionnement. SA règle À LUI est mieux puisqu’elle est plus intelligente, plus logique. Mais ça ne prend en compte que son point de vue et ses bénéfices personnels.
Il va donc toujours dépasser des règles sociales ou judiciaires. Mais pas pour se faire prendre et punir non. Juste suffisamment pour que s’il se fasse prendre, il ait un simple rappel à l’ordre ou aucune possibilité de payer le prix fort de ses actes. C’est un don. Ces gens connaissent les lois par coeur ainsi que tous les vides juridiques dans lesquels évoluer.
Étude de cas
Essayons à présent de repérer ces 5 critères ainsi que d’autres manifestations significatives dans une étude de cas à travers le personnage de Fletcher dans le film Whiplash :
Comment Agir face à un pervers narcissique ?
Comme évoqué plus tôt, vous avez vu que j’ai préféré employer le terme de « complice » du pervers narcissique plutôt que de « victime » car il faut savoir que certaines structures de personnalité sont plus propices à ce qu’un pervers narcissique se serve d’eux comme objet. Attention, cela ne veut pas dire que le ou la complice doive t-être culpabilisé et le pervers narcissique disculpé de ses actes. NON. Cela veut dire que plutôt que d’adopter une position passive de victime qui n’apporte rien de bon, analyser en quoi est-ce que l’on a pu être complice des abus de l’autre peut nous permettre d’être actif, moteur des changements que l’on va décider d’opérer, pour se sortir de cette emprise.
Donc qu’est-il possible d’analyser, de conscientiser, de mettre en place pour prendre le dessus sur une personnalité perverse narcissique ? Est-ce que ça m’appartient ou est-ce lui qui me le projette dessus ? C’est à dire est-ce que j’ai vraiment quelque chose à voir avec ce qu’il me reproche ou c’est de son problème dont il s’agit ?Le pervers narcissique ne reconnait rien de négatif en lui donc il le projette. En relevant ce qui n’a rien avoir avec moi, je conserve MA limite et pas la sienne.
Cela est particulièrement vrai au travail. Lorsqu’un supérieur hiérarchique fait le gentil, vous tutoies et demande à ce que vous le tutoyez également, rentre dans le domaine privé et personnel… Si c’est un pervers narcissique, il saura utiliser tout cela pour un bon retour de manivelle. En restant dans votre limite et pas celle du pervers narcissique, vous vous protégez de ce qu’il pourrait garder en mémoire pour vous mettre en situation délicate et plus tard, vous faire passer pour le mauvais objet.
Ne pas partager ses failles Comme avec Fletcher dans notre cas clinique, le pervers narcissique sait reconnaitre les failles chez les sujets, c’est un excellent observateur. Il trouvera vos failles pour les mettre au grand jour et ainsi se mettre en position de force. Ne lui facilitez pas la tâche, ne lui donnez pas le bâton pour vous faire battre, faites passer vos erreurs et failles sous silence.
Notez les actes et paroles qu’il fait ou dit pour le mettre face à lui même lorsqu’il s’en défend. En tant que bon objet, pur et parfait, le pervers narcissique à horreur qu’on le mette à défaut. En général, lui pointer quelques fois objectivement ses manipulations et erreurs peut le faire fuir,car soulever ses défauts vient percuter son déni et son clivage du moi donc il est probable que ce soit lui qui décide de vous évincer de sa vie.
Couper la relation.
La relation anaclitique dont nous avons beaucoup parlé rend les pervers narcissiques et leur complice comme un toxicomane et son produit. Donc le manque, la perte de SON objet est insupportable. Et Là, le pervers narcissique va mettre « tapis » et va se montrer plus pervers que jamais avec beaucoup de chantage affectif, mais il faudra tenir bon.Il va bientôt déprimer très fort et angoisser. Jusqu’à trouver un nouveau complice avec qui se sentir à nouveau exister.
Faire appel à un tiers. La relation est duelle et c’est donc noir ou blanc, vrai ou faux, il n’y a pas de demi-mesure. C’est l’autre qui a tort. Point barre. En faisant appel à une tiers personne, ça donne l’opportunité que l’on rassure le complice ou la victime sur le fait qu’il ne soit pas le mauvais objet. Le discours du pervers est entaché de doute et cela est bon pour tout le monde.
Faire appel à un professionnel. Et bien oui, pour analyser une situation dans laquelle on s’est embourbé inconsciemment ou parce que l’autre à été très fino, il est intéressant de venir analyser se qui se passe.Repérer les répétitions, les enjeux d’une relation et enfin trouver des actions que l’on souhaite mettre en place pour créer de nouvelles conséquences.
Si vous souhaitez plus de conseils et méthodes pour faire face à cette personnalité pathologique, je vous laisse ci après des sources très utiles :
– A. Eiguer, La perversion narcissique, un concept en évolution – Dans L’information psychiatrique 2008/3 (Volume 84), pages 193 à 199 : https://www.cairn.info/revue-l-inform…
Sur cet article, vous allez trouver les bases qui vont être énoncées pour comprendre (dans un autre article) ce que sont les perversions narcissiques.
Je vais tâcher de vulgariser au maximum ce concept mais c’est un sujet vraiment très, très complexe…
Dans ce court article nous allons donc voir ce qu’est la perversion, quelles sont ses principales manifestations – pour le sujet pervers mais aussi pour son entourage, et nous illustrerons tout ça à l’aide de Jame Gumb aka « Buffalo Bill » le tueur pervers du silence des agneaux.
Qu’est-ce que c’est la perversion ?
La perversion dans le Larousse est définit comme :
– L’action de corrompre une personne saine ou vulnérable,
La déviation des tendances normales (vous m’expliquerez ce qu’est la norme ça m’intéresse),
Et seulement en troisième définition : Pratique érotique d’un sujet dont les actes sont considérés comme immoraux ou antisociaux.
Vous constatez donc que, déjà dans le dictionnaire de la langue française, lorsqu’on parle de perversion on aborde 3 choses : La corruption d’un être, la déviation de la norme et le caractère sexuel.
En psychologie on va se décaler un petit peu de l’aspect normatif et de la bien-pensance pour donner à la perversion non plus un jugement de valeurs diabolisant comme cela à historiquement beaucoup été le cas, mais une lecture clinique et psychopathologique de cet agencement psychique.
On va donc avoir dans la perversion un rapport d’objet particulier, une angoisse et des défenses psychiques spécifiques.
La perversion fait partie des États-limites ou « Border-line » c’est à dire une astructuration entre la névrose et la psychose : Le sujet se situe DANS et À LA LIMITE des névroses et psychoses. Il peux puiser dans les défenses névrotiques comme psychotiques.
L’expression de la structure Borderline va se reconnaitre avec des manifestations majeures d’angoisse de perte d’objet, le symptôme principal en est la dépression et la relation d’objet est anaclitique, ce qui veut dire que le rapport à l’autre est du côté de la dépendance, de besoins impérieux d’un autre pour vivre ou se sentir exister.
Mais chez le pervers plus spécifiquement, Voici ce que nous allons principalement retrouver :
Un mécanisme de défense principal de Déni c’est à dire que le sujet refuse de reconnaître la réalité d’une perception traumatisante tout en la reconnaissant (d’une certaine manière).
Une relation d’objet anaclitique comme évoqué plus haut ce qui veut dire que l’autre ne sera pas considéré comme une personne ou objet total mais un objet partiel qui n’a pour fonction uniquement d’être utile au sujet pervers.
Pour bien comprendre, ouvrons une parenthèse :
(Freud parle pour le bébé de « pervers polymorphe » cela veut dire deux choses : le plaisir sexuel est auto-centré il est vers soi et pas vers un autre ET il passe par d’autres zones que les zones génitales pour accéder au plaisir. Les pieds, la bouche, l’anus, la peau, etc. C’est un objet partiel où se fixe la libido et cela peut aller se symboliser à travers un objet réel comme c’est le cas dans le cas du fétiche )
Partant de ce principe, vous comprenez que le pervers est soit en régression, soit en fixation sur ce rapport au plaisir infantile (ce qui est normal dans le développement psycho-affectif chez l’enfant mais plus à l’âge adulte).
Du coup, Le problème face à une personnalité perverse c’est sa propension à utiliser l’autre comme simple objet de jouissance et de satisfaction. Il ne se préoccupe pas de ce que cela lui fait vivre, de quel serait son plaisir.
Là où pour le névrosé, accéder à une sexualité génitale – ce qui très grossièrement suppose de se préoccuper du désir et du plaisir de l’autre – le névrosé donc, prend en compte l’autre, peut le respecter et peut être en empathie avec lui. Pour le pervers, c’est sa jouissance personnelle qui prime sur le reste. C’est très infantile comme fonctionnement, donc c’est problématique chez l’adulte.
Autre point fondamental à aborder : le clivage du moi. Le clivage du moi est le résultat d’une grande détresse chez le sujet. Comme nous l’avons dit plus tôt, un aspect du réel lui est insoutenable, il va donc nier ce réel. Mais en même temps… une partie de lui le sait.
En l’occurence, je vais résumer et vous faciliter la chose en vous disant que le pervers sait qu’il manque quelque chose dans le réel, que l’objet qu’il avait au départ idéalisé comme complet, parfait, immaculé est en fait manquant, défaillant, ne détient pas la toute puissance qu’il avait imaginé…
Et ÇA ! ÇA LE REND MALADE ! Le clivage du moi permet d’être dans le déni de ce manque et de chercher ce qui va venir combler, cacher, remplir ce manque ! Si on parle de manque, on doit parler de castration, c’est à dire de ce qui vient couper le sujet de sa pleine jouissance, ce qui vient se mettre en travers de l’accès parfait et illimité au plaisir et à l’objet de désir.
Quoi de mieux que la loi pour symboliser cette castration ? Quoi de mieux que l’interdit pour empêcher un sujet de jouïr sans entrave ??? Et bien justement ! Le pervers, la limite il s’en joue constamment ! Sa loi, ses règles, prévalent toujours sur les interdits et lois du commun des mortels. C’est un peu comme s’il se disait que votre castration il vous la laisse, lui, il mérite mieux que ça !
Etude de cas
Nous avons énoncer de nombreux aspects théoriques donc je vous propose à présent de profiter du cas de Jame Gumb (Buffalo Bill dans le silence des agneaux) pour passer à la pratique et que vous sachiez mieux repérer une structure perverse. Illustrons tout ça en vidéo :
À présent je pense que vous avez une bonne idée de ce qui caractérise la perversion au sens psychologique du terme. Mais n’oubliez pas qu’il est tout à fait possible de travailler sur ce que nous font vivre les pervers afin de ne plus en être les victimes de prêt ou de loin.
Pour se faire n’hésitez pas à consulter un thérapeute diplômé ou un psychologue… Et pourquoi pas grâce aux consultations à distances ?!?! 😉
Jérémie Gallen,
Psychologue et psychothérapeute en ligne
– A. Eiguer, La perversion narcissique, un concept en évolution – Dans L’information psychiatrique 2008/3 (Volume 84), pages 193 à 199 : https://www.cairn.info/revue-l-inform…
Crise de tétanie, crise d’angoisse, crise de spasmophilie…
Beaucoup de noms pour cette expérience qui ne peut clairement pas être traduite avec des mots et celles et ceux qui l’ont déjà vécu savent à quel point c’est vrai.
Le DSM 5 tente quand même d’en dire quelque chose avec comme à son habitude une liste de symptômes dont l’expression de au moins 4 symptômes de cette liste indiquent une attaque de panique :
Palpitations, battements de cœur ou accélération du rythme cardiaque.
Transpiration.
Tremblements ou secousses.
Sensations d’essoufflement ou d’étouffement.
Sensation d’étranglement.
Douleur ou gêne thoraciques.
Nausées ou gêne abdominale.
Sensation de vertige, d’instabilité, d’étourdissement, ou de faiblesse.
Frissons ou sensations de chaleur.
Paresthésie (c’est à dire des engourdissements ou picotements).
Déréalisation (c’est à dire un sentiment d’irréalité) ou dépersonnalisation ( l’impression d’être détaché de soi).
Peur de perdre le contrôle ou de « devenir fou ».
Peur de mourir.
J’attire votre attention sur le fait que sur les 13 signes de l’attaque de panique, 10 sont des ressentis somatiques, qui passent par le corps…
Et seulement 3 qui traduisent d’une expérience émotionnelle ou psychologique.
C’est pourquoi quand certains patients ont un trouble panique (c’est à dire des attaques de panique récurrentes) leurs proches les pensent souvent hypochondriaques.
Ce qui est faux.
Les ressentis qui vous font si peur sont réels et vous n’êtes pas fou.
Il faut donc nommer l’expérience pour ce qu’elle est : c’est une crise de panique. Cela réduit, voire, élimine les autres pensées hypochondriaques.
C’est transitoire ! Donc acceptez-le ! Acceptez non pas que vous allez mourir ou devenir fou mais acceptez que vous vivez une manifestation anxieuse transitoire. C’est extrêmement désagréable, c’est une très forte peur, c’est douloureux, mais ça ne dure que quelques minutes.
C’est une vague, un tsunami plutôt, quand on a à le vivre mais c’est un vécu transitoire. Ça finit toujours par se retirer. Ça n’entraine ni décompensation psychiatrique, ni la mort.
Je le répète, on ne peut pas mourir d’une attaque de panique !
Ce qui pose ensuite problème ce ne sont pas les éventuelles récurrences de crises… C’est l’idée que cela recommence !
L’idée que cela puisse revenir créé une anxiété suffisante pour ressentir une tachycardie, un souffle court, ou une sensation d’étranglement…
Tout ce qui rappelle la crise d’angoisse ! Cela va donc nourrir la peur, ce qui nourrit les sensations anxieuses,ce qui va aggraver le stress, ce qui va augmenter les sensations et donc… pourquoi pas, déclencher une nouvelle attaque de panique.
Vous comprenez donc que face à ce cercle vicieux, il est important que les pensées soient plus fortes que les émotions (ce qui s’apprend) mais il faut aussi aller chercher le sens de ce que votre inconscient souhaite vous communiquer.
Si vous ne comprenez pas quel est ce qui vous fait angoisse, vous pouvez très probablement généraliser l’angoisse à des stimulations et causes fausses et qui n’ont strictement rien à voir avec votre angoisse intime. Si ce n’est pas lié à une angoisse à proprement parlé, un conflit inconscient peut aussi en être à l’origine.
Car oui, une attaque de panique peut survenir à n’importe quelle occasion mais n’est pas exactement liée à ce qui se passe dans l’environnement direct. L’inconscient fait un lien particulier, symbolique, entre ce qui se passe dans le réel et une angoisse ou conflit que l’on parvient normalement à refouler, c’est à dire à garder en dehors du champ conscient.
Cela mérite une petite précision :
L’attaque de panique est différente de la phobie !
Rappelez-vous, une angoisse n’a pas d’objet, la peur, elle, est fixée sur un objet. La phobie est la peur d’un objet ou d’une situation, l’angoisse semble une peur diffuse sans objet.
Dans l’attaque de panique, nous ne sommes pas face à une peur liée à une situation ou un objet anxiogène, l’attaque de panique ou crise d’angoisse semble surgir de nul part.
Je dis bien semble, parce que lorsqu’on travaille en thérapie avec une personne qui a subit une attaque de panique, on fini dans la grande majorité des cas à percevoir l’angoisse inconsciente qui est à l’oeuvre chez le sujet, la peur qui est aussi inconsciemment liée à cette angoisse et généralement on parvient a faire un lien avec ce que la personne était en train d’effectuer.
Étude de cas
Pour comprendre cela, je vous propose de voir en vidéo ce que peuvent être des attaques de panique grâce au personnage de Tony Soprano, qui lui, en est au stade du trouble panique :
Les Facteurs de risque de l’attaque de panique :
le stress
Un traumatisme
Des cas de trouble panique dans la famille
La consommation d’excitants, voire parfois de toxiques
Comment aller mieux ?
Nommer la crise, ne pas partir sur des pensée d’accès à la folie, crise cardiaque ou autre
Demander de l’Écoute et du soutien au moment de la crise,
Mais quoi qu’il arrive, le mieux c’es de tâcher de se rassurer soi-même ! Et pour apprendre à se rassurer soi-même, comprendre véritablement à quoi les angoisses et conflits sont liés il faut suivre une thérapie. Enfin, il est toujours possible d’avoir recours à des anxiolytiques mais ce n’est pas mon domaine.
Mettre du sens sur ce que vous ressentez physiquement , savoir que vous ne devenez pas fou, que vous ne faites pas une rupture d’anévrisme ou un cancer du colon, non, vous faites une attaque de panique qui vous fait vivre des sensations de peur panique et ça met le bazar dans vos ressentis corporels.
Mettre du sens sur ce qui vous fait réellement peur ou ne vous convient pas dans votre vie et pas dans ce que vous étiez en train de faire.
Il n’y a qu’un lien symbolique avec ce que vous faisiez lors de votre première attaque de panique, pas un lien réel.
– Il faut laisser transiter la crise, la laisser nous traverser en cherchant à analyser non pas les ressentis mais les pensées refoulées qui tentent de se manifester. Les décisions ou les actes que nous n’avons pas encore fait, ce que nous redoutons qu’il puisse se passer dans notre vie.
Analyser et faire un pas de côté permet de ne pas se dire que ça va rester que ça va être pire.
Rappelez-vous ! C’est une vague. Les vagues vont et viennent avec différentes fréquences, avec différentes intensités, mais repartent toujours.
– C’est une crise émotionnelle et non pas logique, donc dire à quelqu’un en pleine crise « c’est pas grave, ça va aller » ne fait rien face aux sensations et émotions extrêmement effrayantes et douloureuse.
Il vaut mieux lui dire quelque chose du style : « oui, je comprends, ça te fais peur, mais respire, écoute le son de ma voix et dans quelques minutes toutes ces sensations vont diminuer puis disparaitre ».
Une crise d’angoisse, ça fait clairement trauma pour la personne. Mais lorsque l’on vie un trauma qui est lié à une expérience externe, c’est très différent que lorsqu’on vie un trauma lié à une expérience interne.
– Faire un travail de conscientisation, de méditation de pleine conscience pour être dans l’ici et maintenant et non pas se laisser happer par le vécu émotionnel. Je conseille également l’auto-hypnose qui est une pratique qu’il faut apprendre à faire auprès d’un hypnothérapeute mais c’est vraiment un excellent outil pour diminuer l’information corporelle ou la circonscrire.
Car oui, une des méthodes que j’apprécie particulièrement en auto-hypnose face à une crise d’angoisse c’est celle qui permet de percevoir l’attaque de panique simplement comme un bouquet d’informations, informations dont on va baisser le volume comme on le fait pour le son d’une télévision à l’aide d’une télécommande.
Jérémie Gallen,
Psychologue clinicien et psychothérapeute en ligne
Sources :
C. André, Psychologie de la peur : Craintes, angoisses et phobies (2004) Odile Jacob : https://amzn.to/3bXnYW3
M.-F. et E. Barret de Coquereaumont, J’arrête d’avoir peur !: 21 jours pour changer (2014) Edition Eyrolles : https://amzn.to/2wjGIzM
R. Baker, Les crises d’angoisse : Les comprendre pour mieux les maîtriser (2001) Empreintes : https://amzn.to/2Xgpezl
G. Nardone et E. Bozzi, Vaincre les attaques de panique : Grâce à la thérapie brève stratégique (2019) Enrick Editions : https://amzn.to/2RnFA5I
Je vais ici tâcher de répondre à ce qui relève de mon domaine de psychologue clinicien en ce qui concerne les mesures non explicites de confinement qui ont court aujourd’hui en France pour cause d’épidémie (si ce n’est de pandémie) du coronavirus ou COVID-19. Quelles sont les conséquences psychologiques d’un tel enfermement à court ou moyen terme et de quelle manière peut-on se faciliter la tâche afin de sortir grandit de cette épreuve commune…
Lorsque Lundi 16 Mars 2019, le Président Emanuel Macron a préféré répéter à plusieurs reprises, lors de sa dernière allocution, « nous sommes en guerre » plutôt qu’une seule fois employer le terme « confinement »,
la stratégie de communication politique était calculée et assumée.
Quand l’on lit la définition du Larousse pour le terme « confinement » on comprend peut-être mieux pourquoi : « Situation d’une population animale trop nombreuse dans un espace trop restreint et qui, de ce fait, manque d’oxygène, de nourriture ou d’espace. »
En dehors de cette définition plus qu’anxiogène, confinement nous vient de « confins » qui nous vient du latin confinium, => voisinage, c’est à dire la proximité.
Le confinement, c’est la proximité si ce n’est la promiscuité.
Parler de nous mettre en guerre c’est nous solliciter dans notre position active de citoyen, de prendre position face à la menace, nous pourrions (presque) en dégager une certaine fierté. Se confiner, c’est être passif, craintif… Rien de très valorisant.
En psychologie, c’est la même chose. Se laisser aller dans une position passive de sujet n’apporte jamais rien de bon. Quelle que soit la difficulté psychique que vous avez à traverser dans votre vie, c’est une position active de sujet qui va vous faire créer des solutions, modifier vos pensées et vos actes. C’est un préalable à toute évolution ou guérison.
Les personnes qui vont se laisser aller durant cette période de confinement risquent de s’effondrer psychologiquement comme nous pouvons parfois cliniquement le constater chez des détenus. Mais la clinique des détenus nous apporte aussi un éclairage sur celles et ceux qui ressortent d’une privation totale de liberté avec une belle évolution personnelle : la volonté de malgré tout rester aux commandes de sa vie.
Quels sont les risques psychologiques les plus courants dans la situation actuelle?
1/ Anxiété, stress, angoisse
L’Être humain s’angoisse dès qu’il ne comprend pas quelque chose qui lui arrive. La diversité des informations nous empêche parfois d’avoir une donnée fiable sur laquelle nous positionner définitivement. Le flou global quant à ce que le virus pourrait faire en terme de symptôme pour soi ou les autres ainsi que son niveau de propagation ne sont à ce jour presque que des suppositions (dans le pire des cas) ou des estimations (dans le meilleur des cas).
En tant qu’êtres sociaux, ces incertitudes anxiogènes, nous nous les transmettons plus facilement et rapidement que le virus lui-même…
Sans parler du stress que donnent les perspectives économiques suite à cet événement.
Pistes et bonnes pratiques
– Sélectionner soigneusement ses sources d’information. Si l’on n’a pas de bagage scientifique, se référer aux données communiquées par le ministère de la santé et l’Organisation Mondiale de la Santé. Mais se renseigner pour quitter le flou vecteur d’angoisse est fondamental.
– Parler de ses craintes et des scénarios que l’on imagine afin de le confronter à la pensée d’autrui (d’un thérapeute serait judicieux)
– Ne pas se focaliser exclusivement sur le coronavirus et ses conséquences. Se rappeler que la vie continue et dépasse ce sujet. Rassurez-vous en voyant tout ce sur quoi vous avec encore une possibilité d’action.
– Se faire plaisir et se changer les idées. Se récréer au sens premier du terme.
– Faire de la méditation. Dans un premier temps utiliser des vidéos ou podcast en libre accès si l’on n’est pas habitué à cet exercice. Dans un second temps consulter un professionnel.
– Faire un travail d’introspection sur les pensées qui nous angoissent. Ce travail pourra éventuellement se poursuivre avec un professionnel.
– Si les manifestations anxieuses sont trop fortes : consulter un psychologue dès à présent par visioconsultation.
2/Isolement et Ennui
Nous sommes d’une, des êtres sociaux et de deux, des êtres complexes. Ce qui veut dire que nous avons besoin de stimulations. Nombreuses et différentes.
La plupart des êtres humains ont un besoin important de rentrer en communication avec autrui, de partager sentiments, pensées et émotions. Sans ça, nous nous sentons seul et isolé du monde.
De plus, suivant le temps que peut durer un confinement, le plaisir à regarder des séries, des films ou lire des livres peut fatalement perdre de sa valeur. C’est bel et bien parce que ce n’est pas notre quotidien qu’une activité peut s’avérer intéressante et motivante.
Pistes et bonnes pratiques
– L’important est de continuer de communiquer. Nous sommes des êtres sociaux !
Utilisation des moyens modernes de communication. Parlons nous par la fenêtre si nous sommes seul sans terrasse, sans balcon, sans famille.
– Diversifier au maximum ses activités afin de pouvoir les faire tenir dans la durée.
– Les études auprès de cosmonautes nous indiquent qu’il faut vivre « au jour le jour » (voir notamment vidéo en source sur l’étude « Mars 500 »). Se projeter dans le temps est très négatif. Il vaut mieux accomplir chaque jour dans une routine.
– Se préparer les repas. Éviter les plats préparer. Cela constitue aussi bien une activité qu’une règle d’hygiène de vie. Le goût et l’odorat sont des stimulations très positives pour tout un chacun et le temps du repas est une chance pour le nez et les papilles !
– Se forcer à faire de l’activité quotidienne. Cela apporte plaisir et satisfaction tout en (espérons-le) consolidant une bonne image de soi !
– Se donner un objectif journalier, hebdomadaire, mensuel et se récompenser une fois qu’on les atteints progressivement.
– Profiter de faire une chose que l’on a jamais osé ! Apprendre à jouer d’un instrument, une nouvelle langue, écrire un livre, etc.
– Ne surtout pas se dire qu’on a le choix mais suivre les règles que nous nous sommes fixés sans croire un instant que l’on puisse en déroger.
3/ Disputes, frustrations, aggravation de conflits en tout genre
Dans les derniers jours… Combien de fois n’avez vous pas pu faire ce que vous souhaitiez ? Combien de fois avez-vous dû dire non à vos enfants ?
C’est un vrai problème pour les accords de paix que nous tâchons de maintenir dans notre confinement !
La promiscuité catalyse les frustrations, les mésententes et incompréhensions en tout genre. Et malheureusement, au sein des familles, il est rarement question de faire preuve d’autant de retenu et de tact que nous le faisons avec les personnes extérieures.
Une personne agressive, violente, perverse ou manipulatrice aura donc ses attitudes et comportements exacerbés… Prenons garde à cela chacun pour nous-même, c’est la première étape.
Pistes et bonnes pratiques
– Terme utilisé et réutilisé depuis quelques années, il est pourtant aujourd’hui nécessaire de s’appliquer un maximum de bienveillance (envers soi, envers les autres). La situation est difficile pour tout le monde. Soyons bienveillants.
– L’altruisme est une bien meilleure piste que les réactions et comportements compulsifs. Nous devons tâcher d’être très conscients de nos faits et gestes afin qu’ils soient tourné vers l’autre et pas en réaction à l’autre. Comme j’ai déjà pu le dire par ailleurs : « C’est rarement l’attaque de l’autre, mais plutôt sa défense qui nous heurte »
– S’accorder -dans le mesure du possible- des temps de retrait, seul, à l’écart des autres pour ne se focaliser que sur soi.
– Éviter les excitants comme le café ou autre qui vont notamment impacter votre patience, voire, votre sang froid.
– Le pardon est une vertu que nous allons devoir remettre au goût du jour ! C’est encore mieux s’il est sincère et qu’on y croit !
– Face à des difficultés de gestion des émotions, de comportements agressifs qui vous dépassent ou autre, je ne peux que vous encourager à consulter un thérapeute. C’est le bon moment d’ailleurs, profitez-en vous avez le temps et pas d’excuse de trajet : les séances à distance sont formidablement efficientes comme elles le sont en présentiel.
4/ Épuisement et burnout des personnels soignants (au minimum)
Les personnels soignants français étaient déjà mal en point avant cette crise, tout le monde en a conscience. La situation actuelle est pour la plupart d’entre eux une rude épreuve supplémentaire. Sans parler de l’épuisement physique qui n’est pas de mon ressort, l’épuisement psychique et les craintes pour sa santé personnelle, l’angoisse de le transmettre à ses proches après avoir passé toute la journée auprès de personnes infectées et bien évidemment, la crainte d’être débordé dans sa capacité d’accueil ce qui amènerai inévitablement à de difficiles choix éthique… Tout cela forme un cocktail explosif.
À ne pas oublier : lorsqu’un être humain est en situation de stress et d’hyperactivité, en général, il tient. C’est après, lorsque la vie « normale » peut recommencer que des troubles ou, plus grave, des décompensations peuvent se manifester. Nous devrons tous à notre tour être attentifs à leur égard, surtout en tant que professionnels du soin psychique.
Pistes et bonnes pratiques – À l’heure actuelle, la « bobologie » devra se passer de médecins généralistes et plus encore des services d’Urgence.
– Pour celles et ceux qui vivent avec un proche qui exerce actuellement dans le champ de la santé ou est réquisitionné, nous devrons accepter pas mal de choses, faire preuve de bienveillance et de soutien.
– Leur faciliter la tâche à domicile en leur offrant un espace et un temps de repos. On ne sait pas pour combien de temps et à quelle intensité ils vont devoir travailler de la sorte.
– Leur changer les idées, ce qui n’est pas facile dans la mesure où ils ne pensent, vivent, parlent que covid depuis plusieurs semaines ! Leur entourage aussi soit dit en passant.
– À nouveau, les consultation en soin psychique sont nécessaires et peuvent améliorer la prise de recul.
– Continuer de leur montrer notre gratitude. Vous pouvez me croire, cela les touche beaucoup. Quand à 20h la France applaudit à son balcon. Ils sont émus aux larmes.
5/ Comportements addictifs en hausse
Stress, psychose, isolement, ennui, dépression… Autant de facteurs qui peuvent pousser à trouver des échappatoires. Les sensations de manque sont plus fortes face à l’ennui. Les moments de conscience modifié rendent parfois la réalité plus facile à vivre et à accepter.
Une fois ce type de comportements installés, voire, renforcés par des expériences de plaisir, le cercle vicieux et l’accoutumance peuvent s’installer/se décupler.
Pistes et bonnes pratiques
– Se restreindre à des moments particuliers bien spécifiques.
– Tâcher de conserver les mêmes consommations qu’en temps normal.
– Profiter de ce changement extraordinaire dans notre vie quotidienne pour arrêter une consommation problématique.
– Suivre les recommandations de l’OMS comme repère si l’on en a pas.
– Contacter/Consulter un addictologue.
– Consulter un thérapeute spécialisé en addictologie par visioconsultation.
– Trouver une nouvelle activité, un nouveau comportement apaisant.
6/ Dépression
Nous sommes des êtres complexes et comme évoqué plus tôt, nous avons besoin de stimulations. Dans les cas extreme, ce manque de stimulation, d’imprévus et de rencontres sociales peuvent finir par nous faire se désinvestir de ce que nous avons pourtant l’habitude d’aimer faire ou vivre.
De même, nous nous retrouvons dans une situation inédite dans laquelle nous n’avons que très peu d’emprise sur ce qui nous arrive. Ne pas avoir le sentiment d’être aux commandes de ce qui nous arrive dans notre vie est un réel facteur de risque dépressif.
Pistes et bonnes pratiques
– Consulter un psy ! La dépression est ainsi faite que souvent les gens n’ont pas la motivation de se soigner. C’est le serpent qui se mord la queue. Vous devez consulter au plus tôt afin de vite vous sortir de là.
– Maintenir des liens sociaux. Lorsque les virus infectent nos ordinateurs, nous pouvons rencontrer l’autre dans le réel. Lorsque nous sommes infecté par un virus, nous pouvons rencontrer l’autre grâce à nos ordinateurs.
– Avoir – malgré le confinement – une hygiène de vie irréprochable et reprendre un rythme de vie. Cela surprend parfois mes patients, mais en cas de dépression, j’évalue d’abord et avant tout leur quotidien et leurs habitudes avant de chercher toute cause psychique ou environnementale.
– Reprendre les rênes de sa vie sur ce que l’on peut. Il faut à tout prix garder une position active de sujet. C’est depuis cette place que l’on peut s’en sortir. Certainement pas dans la passivité et le fait de s’éteindre à soi-même.
– Trouver du sens à ce que l’on fait, ce que l’on vie, ce qui nous entoure.
– Consulter un psy. Oui, j’insiste.
7/ Délires paranoïdes et conspirationnistes
Le problème des délires paranoïdes, c’est qu’ils s’appuient toujours sur une base réelle et que c’est dans un second temps que l’imaginaire fait des liens abusifs. Les personnalités paranoïaques peuvent n’avoir que peu de signes pendant des années et être à un moment donné face à une situation dans le réel qui fait flamber le délire.
Autant dire que là entre crise sanitaire, économique, décisions politiques inédites… Le cocktail est bien chargé.
Pistes et bonnes pratiques
– Consulter… Franchement dans ce cas de figure où l’individu ne va vouloir (sur)interpréter son environnement et les informations qui lui sont données, uniquement pour valider son délire et sa construction imaginaire… Il n’y a que l’aide d’un professionnel qui peut parvenir à quelque chose.
À moins que celui-ci ne soit lui aussi de mèche avec les puissants, les lobbys et autres sociétés secrètes ! Bien entendu.
– Si un de vos proche se retrouve dans ce genre de pensées et de discours, faire une coupure avec les médias et les réseaux sociaux est une (première) mesure intéressante. Il existe tout sur internet, donc quoi que puisse penser une personnalité paranoïaque, cette personne trouvera toujours des « sources » pour valider ses croyances et son délire.
– Ne pas chercher à raisonner ou démonter son argumentaire, cela le renforce. Si c’est plus fort que vous, vous pouvez davantage avoir un échange constructif en parlant de ce que cela lui fait ressentir plutôt que sur la logique.
Personnes à risques potentiellement plus élevé :
Bon nombre des éléments abordés ici peuvent être décuplés chez les enfants et les personnes ayant déjà des troubles psychiques. La vigilance et l’accompagnement de ces personnes est donc d’autant plus nécessaire.
[J’attire également votre attention sur un aspect qui n’est pas tant psychologique mais éducatif : Durant cette période d’enfermement avec nos enfants, il est plus que probable que certaines règles subissent des entorses… Le problème n’est pas dans le maintenant mais pour l’après. Faire comprendre à un enfant que ce qu’il pouvait faire à un moment X est à nouveau interdit à un instant Y n’est pas chose simple. Les enfants en bas âge ne peuvent pas effectuer ce genre d’abstraction. Cela leur est impossible.
Ne pas respecter les règles habituelles de la maison s’est s’exposer à ce que ce soit toujours le cas après le confinement.]
Autre facteur de risque, comme très souvent, la catégorie socio-professionnelle. En effet les personnes les plus modestes courent un risque plus grand dans la mesure où ils sont plus soumis à la promiscuité, le manque d’espace extérieur et la possibilité de diversifier leurs activités par manque de moyens.
Cette population doit particulièrement susciter la vigilance et le soutien des professionnels de la santé psychique.
En conclusion :
Comme le dit la conclusion d’une étude que je mets en source (The psychological impact of quarantine and how to reduce it: rapid review of the evidence) : « L’impact de la quarantaine est vaste et peut persister. Cela ne veut pas dire que la quarantaine ne doit pas être utilisé. Les effets psychologiques de ne pas utiliser la quarantaine et la propagation de la maladie pourraient être pire. »
En tout cas, c’est le consensus actuel.
Nous manquons malgré tout d’un recul fiable et nécessaire. De nouveaux travaux sur le long terme devront nous en apprendre davantage sur les effets psychologiques et sanitaires de telles mesures.
Dans un premier temps, ce sont les cliniciens qui devront rapporter le plus précisément possible ce qui se joue dans le discours et donc le psychisme de tout un chacun. Ce sera un matériel très important pour la recherche et la littérature à venir.
Bon confinement à toutes et tous, prenez soin de vous, de vos proches et cultivez votre altruisme !
Si le message passe plus facilement en vidéo, vous pouvez cliquer directement :
Qui n’a jamais eu le regret d’avoir effectué un comportement ou une action en contradiction avec ses principes et valeurs profondes ? Tout le monde ! Et souvent, une forme de culpabilité et d’incompréhension vont se présenter si l’on ne cherche pas trop inconsciemment à refouler cette action… Sinon, nous n’avons qu’à simplement changer nos valeurs et le comportement ne sera plus vécu comme traumatique !
Bienvenue dans le monde merveilleux de la « dissonance cognitive » !
La dissonance cognitive est un concept introduit en 1957 par Leon Festinger dans son livre « Une théorie de la dissonance cognitive » et qui est depuis très souvent mis en évidence dans de nombreuse études de psychologie et de psychologie sociale. (liens en fin d’article)
Commençons par une définition simple du concept :
Par « dissonance », nous voulons signifier deux choses qui ne s’accordent pas et par « cognitions », nous faisons référence aux grandes fonctions de l’esprit, c’est à dire les idées, opinions, comportements, etc.
La dissonance cognitive est donc la tension consciente – ou inconsciente – d’un sujet qui ne parvient pas à accorder deux pensées ou actes contradictoires.
Dans « Une théorie de la dissonance cognitive » nous apprenons que pour Festinger, l’ampleur de la dissonance cognitive est tributaire de deux facteurs :
L’importance des cognitions pour le sujet : plus ces cognitions seront liées aux valeurs essentielles du sujet, plus la dissonance sera forte.
et
La proportion des cognitions dissonantes : plus elles seront nombreuses par rapport aux cognitions consonantes, plus la dissonance sera forte.
Face à de telles manifestations psychiques, l’être humain cherche à réduire ce conflit interne désagréable, voire, douloureux.
Car oui, dès 1915, Freud avait déjà compris dans « pulsion et destin des pulsions » que l’être humain recherche toujours un état psychique d’homéostasie, c’est à dire un état sans tension psychique ou somatique.
Dans son domaine, Festinger poursuit ce constat en signifiant que les sujets vont toujours se débrouiller pour retrouver un état de consonance cognitive, ou si vous préférez que les pensées, actes et valeurs s’accordent entre elles pour diminuer cette dissonance.
La diminution de la dissonance peut donc s’obtenir de trois manières, que nous allons énumérer :
Changement du comportement/de la cognition et respect de l’attitude.
Justifier un comportement en aménageant la cognition conflictuelle.
Justifier son comportement en ajoutant de nouvelles cognitions ou informations qui dépassent les croyances dissonantes.
Si tout cela vous paraît encore trop confus, je vous invite à regarder une vidéo que j’ai réalisé pour Psychologies Magazine et qui met en évidence la dissonance cognitive à l’oeuvre chez le detective privé Eddy Vaillant, compère de Roger Rabbit :
Mais aussi et surtout de lire ou relire Watchmen d’Allan Moore et Dave Gibbons qui reste la meilleure bande dessiné au monde et ou la fin est un pur exemple de dissonance cognitive qui trouve des issues différentes selon les protagonistes.
Sources et liens utiles :
– L.Festinger, Une théorie de dissonance cognitive (1957). Les classiques des sciences humaines et sociales : https://amzn.to/2Lv7oEB
– C. Tavris et E. Aronson, Les erreurs des autres. L’autojustification, ses ressorts et ses méfaits (2010). Editions Markus Haller : https://amzn.to/2DU0Itn
– A. Moore et D. Gibbons, Watchmen (1987). Collection DC Essentiels : https://amzn.to/2DWqH3k
– S. Freud, Pulsion et destin des pulsions (1915). Petite bibliothèque Payot : https://amzn.to/2DV0LVU
Pour ce qui est de comprendre ce qu’est le concept de castration dans les grandes lignes, de comprendre globalement ce qu’il signifie dans la pensée freudienne et lacanienne, je vous invite à regarder la vidéo que j’ai faite en collaboration avec Kevin de La Psychothèque autour du film « Edward aux mains d’argent » :
Maintenant que vous avez compris les bases de ce concept, posons nous la question de ce que cela peut apporter dans un suivi thérapeutique.
Le thérapeute lui va voir quel est le rapport de son patient avec le manque, avec la perte ou le fait de ne pas posséder une qualité ou un objet. Comment s’en débrouille t-il (t-elle) ? Est-ce que ça fait souffrance ? Est-ce que cette insatisfaction amène le sujet à se démener pour chercher à être comblé ?
Nous avons également des indications sur ce qui semble le plus important pour notre patient dans son positionnement : Est-ce l’Être ou l’Avoir qui prévaut ? Cela aura des répercussions sur sa vie psychique et son rapport à autrui.
Là où je trouve que c’est intéressant, c’est de voir comment est-ce que pour certaines personnes, ne pas avoir quelque chose où ne pas être quelqu’un qui aurait telle ou telle qualité va créer un manque et qui dit manque dit : besoin, demande, désir.
Cela va donc aiguiller sur les besoins fondamentaux de l’individu, sur cette demande qui n’a pas pu être entendu auparavant en dehors des séances, sur ce désir inconscient qui rate toujours aussi bien dans son expression que dans assouvissement.
Notre travail consiste également à cette prise de conscience. Qu’avant d’être du côté du manque d’objet ou de qualité personnelle, la castration s’opère d’emblée dans le langage… Notre langue nous permet d’exprimer des demandes mais pas NOTRE demande. La langue permet d’exprimer des besoins, pas ce dont NOUS avons véritablement besoin. Il y a toujours un manque, un hiatus. Pour couronner le tout, nous sommes nous même incapable de connaitre spontanément notre sujet du désir…
« Entre ce que je pense, ce que je veux dire, ce que je crois dire, ce que je dis, ce que vous voulez entendre, ce que vous entendez, ce que vous croyez en comprendre, ce que vous voulez comprendre, et ce que vous comprenez, il y a au moins neuf possibilités de ne pas se comprendre. » Bernard Werber
Nous devons le prendre en compte et l’accepter car cela fait partie de notre condition d’être humain.
Vous avez peut-être vu que nous avons fait un échange de conclusions dans nos vidéos avec la psychothèque, donc si vous voulez savoir pourquoi il en arrive à cette conclusion, voici son cheminement en vidéo et vous pourrez ainsi trouver ma conclusion en ce qui concerne la castration par Edward aux mains d’argent :
Sources :
Jérémie Gallen, psychologue et psychothérapeute en ligne.
Le complexe d’Oedipe est selon moi une des plus belle découverte du fonctionnement psychique.
Lorsque l’on comprend bien les conséquences que le complexe d’Oedipe implique sur la psyché d’un nourrisson et/ou d’un enfant il n’est pas étonnant de voir la résonance que ce concept – pourtant extrêmement décrié et attaqué par les nouvelles théories scientifiques – est à la base du principe de répétition, de la théorie de l’attachement de John Bowlby mais également de la thérapie des schémas.
Il n’est pas rare de voir fréquemment des psychologues, psychiatres ou chercheurs qui amènent une soi-disant idée thérapeutique révolutionnaire mais qui s’avère être un ersatz de concept préexistant dont ils auraient changé le nom et quelques aspects pour en dissimuler l’origine. Cela ne veut pas dire qu’il y ai une innovation pertinente au demeurant (comme la théorie de l’attachement et la thérapie des schémas justement) mais que cela ne marque pas une rupture avec la conception théorique initiale. Bref.
Ce que j’explique à mes étudiants de l’Université de Grenoble Alpes justement, ce n’est pas tant la partie théorique, que nous abordons rapidement mais plutôt l’aspect pratique, voire thérapeutique, que propose la mise en évidence d’un complexe oedipien.
Lorsque je rencontre mes patients, il s’engage un jeu dans lequel je dois « trouver le petit poucet » comme j’aime le dire. Rien de complexe. Il suffit de suivre les petits cailloux dispersés au sein du discours.
Chaque patient, chaque personne, chaque âme a une façon bien spécifique de déposer ses petits cailloux. Cela peut se faire par des répétitions de mots, de situations, d’actes, de champs lexicaux (souvent plusieurs à la fois) ce qui m’indique le chemin à suivre. Pour ma part, j’en fais part à mes patients de ce chemin qu’ils dessinent. Cela les surprend toujours de voir comment ils laissent des indices et cela donne également du sens pour la suite de la thérapie.
Il arrive même que les petits cailloux dans le discours tournent suffisamment autour du pot pour que cela dessine les contours d’un nom dit, à la manière des jeux pour enfants où il s’agit de relier des points pour dessiner une figure. Cela donne de bonnes indications sur les contenus refoulés ou les dénis.
Mais que vient faire Oedipe dans tout ça ? Et bien la tragédie de Sophocle nous indique une chose primordiale : Oedipe ne veut pas que les choses se déroulent ainsi, elles se passent malgré lui. Ce n’est pas lui qui veut tuer son père et coucher avec sa mère, il cherche à l’éviter. Mais cela se fait malgré toutes ses précautions… Inconsciemment. Au sens propre du terme.
Ce en quoi il avait déjà été inscrit dans le langage, se répète dans le futur.
Il en va de même pour nous autres. Qui que nous soyons.
Lorsque l’on est enfant, nous évoluons dans un milieu où il est question d’une « figure maternelle » (donc pas forcément une mère mais un objet de désir) et d’une « figure paternelle » (pas obligatoirement un père mais un tiers qui vient entre l’objet de désir et son accession). L’enfant va donc chercher à obtenir l’objet de plaisir/désir mais un tiers, d’une façon ou d’une autre va souvent se mettre en travers et empêcher cela.
Selon la configuration de ce système premier, l’enfant va tester diverses façon de faire avec ce tiers pour malgré tout obtenir l’objet l’objet de désir ou quelque chose de proche. Il peut mettre en place de l’agressivité, de la séduction, de la passivité, de la colère, etc.
Toutes ses tentatives ne fonctionneront pas mais à force d’essayer, l’enfant aura une tentative fructueuse. Comme nous l’indique si bien le comportementalisme, un comportement récompensé est un comportement qui va se répéter dans le temps. C’est ainsi qu’un complexe se crée.
Ce complexe va alors avoir tendance à s’extrapoler, sortir du cadre familial et être privilégié dans les nouvelles situations. Ce sera d’autant plus difficile de s’en défaire à chaque fois qu’il permettra à l’individu d’arriver à ses fins.
Problème : Les modes de résolutions de problèmes élaborés et mis en place dans l’enfance ne marchent que peu durant l’adolescence et l’âge adulte… Donc répéter un schéma infantile n’est pas une bonne solution. Il faut en sortir, trouver de nouvelles solutions plus élaborées.
Avant de conclure, je vous conseille de voir ma vidéo sur ce sujet et comment est-ce que le film Beetlejuice illustre très bien cette triangulation oedipienne :
Voilà en quoi est-ce que repérer un complexe oedipien est fondamental, il permet de constater que nous avions un outil performant pendant des années mais que dans le présent, il faut en changer et si possible, en changer dans chaque situation qui se présente !
Là se trouve la véritable adaptation dont doit faire preuve un esprit sain. Créer de nouvelles réponses à de nouveaux problèmes.
Sources :
Jérémie Gallen, psychologue et psychothérapeute en ligne